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Actualités - ANALYSE

Les secousses actuelles fruits d'une fatalité connue, disent les opposants ...

Les dérapages extrêmes du pouvoir auxquels on assiste aujourd’hui en plein jour «sont si déraisonnables à première vue, dans un pays où tout se fonde sur le compromis, que la seule explication paraît être qu’ils sont impérativement «demandés» et qu’une fois de plus les dirigeants ne peuvent dire non», affirme un opposant.
«Les opérations, les bavures, qui sont de flagrantes atteintes aux règles les plus élémentaires de la démocratie comme de l’Etat de droit, sont revendiquées par certains ministres comme autant de «brillantes réalisations». Les autres responsables se mordent les lèvres, se taisent et ne lèvent pas le petit doigt pour réagir en hommes d’Etat. Car ce qui se passe, soutient ce radical, est une attaque frontale contre la notion même de l’Etat, déjà si altérée, si dénaturée, si affaiblie chez nous par le système issu de Taëf. En effet, quand un pouvoir fait fi — au sujet de la durée du mandat de la Chambre — d’un arrêt du Conseil constitutionnel puis dépêche des sbires pour liquider le mouvement syndical, il donne son feu vert à toute action illégale d’où qu’elle vienne, du moment que le gardien des lois ne les respecte plus. On avait pu s’alarmer naguère avec l’exécution de Moussalli, avec l’affaire des arrestations fantaisistes qui avait suivi la fusillade de Tabarja, avec l’histoire des Japonais de l’Armée rouge ou encore avec les troubles qui ont marqué récemment les élections syndicales de Saïda... Mais au moins, à chacune de ces occasions, il y avait eu reconnaissance de faute et excuses; tandis qu’aujourd’hui, les bévues sont chantées comme autant d’exploits homériques, leurs auteurs crient victoire et n’attendent que félicitations. Il faut donc voir peut-être dans cette ahurissante inversion des valeurs un prélude concret à la liquidation de la démocratie, pour le peu qu’il en reste, dans ce pays. Pour faire place soit à un despotisme larvé soit à une complète anarchie institutionnelle, les deux termes de l’alternative pouvant d’ailleurs se marier globalement pour donner une sorte de Haïti du temps de Papa Doc... Ici comme dans le pays du vaudou à l’époque des Tontons Macoutes, l’objectivité est en train de se perdre au point qu’on foule aux pieds la volonté de la population et qu’on en insulte allègrement l’intelligence».
Cet opposant va très loin. Plus prudents — ce qui est facilement compréhensible — une personnalité ministérielle et des députés loyalistes confient en privé leurs appréhensions sous le couvert de l’anonymat, en se demandant à voix basse «à qui profite le plan qu’on est en train d’appliquer... Certainement pas, ajoutent-ils, à l’intérêt public que le gouvernement est censé défendre. Il est possible que ces initiatives soient prises pour conforter la position de certains tenants du pouvoir. Mais il faut bien avouer qu’elles ne servent pas, bien au contraire, le processus de véritable paix civile et d’unification des Libanais par l’entente nationale qui doit être, c’est une évidence, aussi sociale que politique. On a successivement annulé les municipales, en se jouant à cette occasion des dispositions constitutionnelles; mis à mal deux fois le Conseil constitutionnel en poussant son président à démissionner puis en passant outre à son arrêt sur le temps de vie de la Chambre; brisé par la force la CGTL, en la scindant en deux... Qu’y aura-t-il après, un coup d’Etat?...», s’inquiètent ces personnalités pourtant taëfistes dans l’âme.
Et de s’indigner tout particulièrement «de la campagne de calomnies pas jolie-jolie lancée contre le président démissionnaire du Conseil constitutionnel qu’on louait encore comme un parangon de vertu à l’occasion des dernières législatives qui ont pu avoir lieu en base du découpage initial, grâce à la porte ouverte dans ce sens par l’arrêt du Conseil... En s’attaquant à l’homme, on veut visiblement porter atteinte à l’institution tout comme à l’immunité indispensable qui doit entourer toute fonction de magistrature. Il est aussi maladroit qu’erroné de s’en prendre à M. Mallat car on paraît avouer ainsi qu’il avait raison de dénoncer les pressions».
Et de révéler en conclusion qu’en dépit «de divergences connues, nous pensons comme les opposants modérés, style président Hoss , qu’il faudrait renverser la vapeur, déclarer qu’on va enquêter sur les incidents qui ont porté M. Mallat à démissionner puis renoncer à proroger le mandat de la Chambre ou au contraire l’abréger, s’il s’agit de sauver la saison d’été 2000 pour organiser les élections au printemps». Des propositions que ces mêmes sources n’ont pas encore exprimées publiquement. Dans l’attente sans doute de savoir d’abord ce qu’on en pense «en haut».

Ph. A-A.
Les dérapages extrêmes du pouvoir auxquels on assiste aujourd’hui en plein jour «sont si déraisonnables à première vue, dans un pays où tout se fonde sur le compromis, que la seule explication paraît être qu’ils sont impérativement «demandés» et qu’une fois de plus les dirigeants ne peuvent dire non», affirme un opposant.«Les opérations, les bavures, qui sont de...