Kabalan se déchaîne contre les dirigeants

Le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, s’est littéralement déchaîné hier contre les dirigeants, les accusant de «mener par leurs pratiques le pays vers l’abîme».
«Nous assistons tous les jours à des farces qui nous montrent que le Liban n’est pas en bonne santé», a souligné cheikh Kabalan dans son prêche du vendredi.
«Les pratiques que nous observons à tous les niveaux ne sauraient contribuer à l’édification d’une nation répondant à l’aspiration des citoyens. Rien à l’horizon ne présage d’une véritable réforme, ni sur le plan politique, ni économique, ni sur celui de l’administration», a-t-il poursuivi.
«Tout est livré aux contradictions, aux dissensions, aux haines réciproques, comme si nous vivions dans une arène. Le vainqueur est celui qui marque quelques points en plus, et tant pis si cela conduit le pays vers l’abîme», a-t-il dit.
«Le citoyen vit dans le désespoir et se pose chaque jour et à chaque instant la grande question: où va-t-on ainsi?», s’est écrié cheikh Kabalan.
«La situation, selon lui, empire de jour en jour. La misère grandit et gagne toutes les catégories populaires, les lois sont violées, la Constitution n’est pas appliquée, et nous ne savons pas qui est pour et qui est contre, qui sert les intérêts de la nation et qui travaille contre tout le monde».
«On nous donne des promesses, des commissions, des prorogations, des nominations, des faveurs pour tel ou tel, des clientèles et des hommes-lige. Drôle d’Etat que le nôtre. Il est unique au monde à mériter le surnom d’Etat des loups», a lancé le dignitaire.
Et de surenchérir: «C’est l’Etat de ceux qui guerroient entre eux pour avoir des parts du gâteau et c’est l’Etat de ceux qui se liguent contre les intérêts des gens».
«A tous ceux qui plantent une telle graine d’Etat, nous leur disons qu’ils ont tort, que le peuple ne restera pas toujours silencieux et tête baissée. Il se peut que, dans le contexte actuel, le peuple ne puisse pas faire grand-chose, mais cela ne veut pas dire qu’il est d’accord», a-t-il averti.
«L’édification nationale qu’on nous promet ne saurait être fondée sur la falsification de la Constitution, la violation des lois, les atteintes à la liberté d’expression, la distribution des prébendes, l’appauvrissement des gens ou l’imposition de taxes. Elle ne se fera pas non plus sur des projets de lois qui servent des intérêts égoïstes ou le rejet ou l’amendement de tout ce qui est susceptible de normaliser la vie démocratique et de créer l’espoir chez les gens», a conclu cheikh Kabalan, dans une claire allusion au report des élections municipales.