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Actualités - ANALYSE

Pouvoir politique et syndicalisme, un amalgame flagrant

Les élections au sein de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) qui ont lieu demain jeudi servent de test permettant de mesurer le degré de l’interventionnisme du pouvoir dans des pans de la vie publique qui ne relèvent pas de l’Etat.
Difficile en effet de cacher que les autorités veulent soit mettre la main sur la CGTL par vassaux interposés, soit la faire voler en éclats en attisant le mouvement de dislocation interne qui la ronge depuis quelques années. Et c’est il y a quelque années, du temps où M. Abdallah el-Amine était ministre du Travail, que le plan de démantèlement des structures syndicales a pris corps...

«Galop d’essai»

Toujours est-il que c’est au cours du «galop d’essai» électoral qui a eu lieu à Saïda il y a dix jours que le pouvoir a abattu ses cartes. D’une façon aussi exagérée, avec matraques de gendarmes et «arrestations» à la clé, qu’elle a vite paru comme maladroite et a dû être condamnée par le président du Conseil en personne et même par le ministre de l’Intérieur. Ce dernier — honneur donc au système commode du fusible — a ainsi annoncé qu’une enquête sera effectuée et des sanctions prises contre les fonctionnaires coupables de ces débordements...
En fait, l’intérêt du pouvoir pour le syndicalisme s’explique par le souci de défendre une politique économique déterminée. On sait en effet que l’un des thèmes majeur de l’opposition, toutes tendances confondues, se résume ainsi: la dispendieuse ligne de reconstruction-développement Hariri, adoptée en fonction d’une paix régionale rapprochée, est rendue dangereusement obsolète par le blocage du processus de paix. De plus, elle s’articule sur des priorités erronées qui accablent le pays social au lieu de le soutenir.

Alliance avec
les forces
politiques

Une position que la CGTL ne pouvait que rejoindre, d’où une alliance «naturelle» avec les forces politiques d’opposition qui, sur le plan socio-économique, défendent les mêmes convictions. Cela fait maintenant presque cinq ans que le bras de fer est engagé et on sait qu’à quelques reprises, le gouvernement a dû user de la manière forte, décréter presque l’état d’urgence et recourir à l’armée pour empêcher la CGTL de faire bouger la rue, comme en 92. Pour s’ôter cette épine contestataire du pied, le pouvoir saute donc sur la première occasion venue de «rafler» la CGTL ou de la neutraliser à travers les élections de demain. Un dirigeant syndicaliste affirme ainsi que «le gouvernement de M. Hariri veut dompter la CGTL, la rendre tout à fait docile, l’empêcher de servir de levier à l’opposition politique, l’annihiler en somme. Mais nous tiendrons tête et nous continuerons à défendre les droits des travailleurs».

Berry n’a
plus reçu
Abou Rizk

Ce qui sera rendu encore plus difficile par le fait que le président Nabih Berry et le mouvement Amal ne sont pas non plus très contents de la CGTL «pour des raisons différentes que celles du gouvernement, et qui relèvent de considérations d’influence», soutient le même syndicaliste. En fait, M. Berry, qui avait appuyé au début le président de la CGTL, M. Elias Abou Rizk, ne lui a plus accordé d’audience depuis longtemps...
Quoi qu’il en soit, M. Abou Rizk a réussi à éviter que le navire n’aille par le fond par excès de surcharge, en refusant d’intégrer à la CGTL la multitude de syndicats créés naguère à l’instigation de l’ancien ministre du Travail, M. Abdallah el-Amine. Mais le dirigeant syndicaliste n’a pas pu empêcher son prédécesseur, M. Antoine Béchara, de transformer les formations qui restent sous son influence en véritable cheval de Troie au sein de la Confédération... Jusque-là, le rapport de forces a paru assez équilibré mais le nouveau ministre du Travail, M. Assaad Hardane, veut introduire cinq fédérations dirigées par des fidèles au sein de la CGTL, qui proteste avec véhémence.
On verra donc demain qui aura eu raison... de l’autre.

Ph.A.-A.
Les élections au sein de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) qui ont lieu demain jeudi servent de test permettant de mesurer le degré de l’interventionnisme du pouvoir dans des pans de la vie publique qui ne relèvent pas de l’Etat.Difficile en effet de cacher que les autorités veulent soit mettre la main sur la CGTL par vassaux interposés, soit la...