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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Lafon appelle les chrétiens à renoncer à leur morosité

Le message de la France, s’agissant du Liban, a été très clair dès le début et nous croyons savoir qu’il a été parfaitement compris: rien ne devrait être entrepris qui soit de nature à porter atteinte à l’unité et à l’intégrité de ce pays. La présence française à Beyrouth? Pour l’heure, elle est principalement axée sur deux volets, l’un culturel, l’autre économique. La raison à cela est simple: le processus de paix régional se trouve bloqué — pour longtemps, semble-t-il — et en attendant une éventuelle percée, quelque chose doit être fait de notre part: à la veille de son départ définitif (le 23 avril), M. Jean-Pierre Lafon a répondu hier matin en la résidence de l’ambassadeur de France, devant un groupe de journalistes, à toutes les questions qui lui étaient posées.
Si une certaine forme de langage disons diplomatique a été respectée au cours de cet entretien à bâtons rompus, il reste que l’on était loin, deux heures durant, de la «langue de bois».
Entouré de MM. Gilles Gauthier, premier conseiller, Marcel Escure, deuxième conseiller, et François Abi Saab, attaché de presse et chef du protocole, l’ambassadeur a commencé par parler de son optimisme pour ce qui est du Liban, «malgré les retards pris par le processus de paix au Proche-Orient» et le fait que «l’entreprise de reconstruction, tout comme divers autres grands chapitres, avaient été conçus, en fonction d’une échéance relative proche sur l’échiquier régional».
Encore faudrait-il, souligne M. Lafon, que certains Libanais — et singulièrement une partie des chrétiens — renoncent à leur morosité et envisagent l’avenir avec davantage d’optimisme. Et de rappeler à cet égard le message sans cesse renouvelé du président Jacques Chirac, du ministre des Affaires étrangères Hervé de Charette, des nombreux responsables français qui ont l’occasion d’effectuer une visite à Beyrouth. Il ne sert à rien, soutient le diplomate, de se retrouver prisonnier de craintes qui entravent toute action, même au niveau des réalisations privées, du moment que des assurances existent, continuent d’être renouvelées à intervalles réguliers et à chaque fois que l’occasion s’en présente.
Le rôle de la France? Après avoir rappelé un impératif premier — celui de la nécessité de présenter l’unité du Liban et l’intégrité de son territoire — il consiste à aider ce pays au double plan culturel et économique. Le diplomate énumère ainsi en s’y attardant ces «grands projets» qui lui tiennent à cœur: l’Ecole supérieur des affaires créée sur le site de ce qui fut durant la Deuxième Guerre mondiale l’hôpital Maurice Rotier avant d’abriter les services de la chancellerie, rue Clemenceau, la remise en état de la Résidence des Pins, les divers centres culturels déjà créés ou appelés à voir le jour à l’avenir, etc.
Pour ce qui est du Liban-Sud, le comité de surveillance mis sur pied au lendemain de l’agression israélienne d’avril 96 est un organisme, quoiqu’on en dise, important dans la mesure où il fait office de témoin. A cela s’ajoute le fait qu’en cas de blocage de ce mécanisme, une réunion est prévue à un niveau supérieur, celui des ministres des Affaires étrangères des pays qui le composent.
Et pour clore le chapitre proprement libanais, un message qui est aussi un acte de foi: «Le Liban a un bel avenir devant lui, à condition encore une fois que ses enfants, toutes tendances et confessions confondues, demeurent unis».

Horizon bouché au P.-O.

Moins optimiste est la vision de M. Lafon concernant le Proche-Orient. Le mécanisme enclenché à Madrid représente-t-il un processus «irréversible», ainsi que se plaisent à le répéter certains? Réponse: «En politique, rien n’est irréversible». Ce processus est aujourd’hui bloqué, et l’ambassadeur de France le craint, pour un temps assez long.
Les positions entre la Syrie et Israël demeurent très éloignées; de plus, la dérive s’accentue entre l’Etat hébreu d’un côté, les Palestiniens de l’autre, mais aussi les Jordaniens et même les Egyptiens. Le rôle de l’Europe au plan politique continue pour l’heure d’être limité, car le Vieux Continent lui aussi est en proie à ses contradictions. De toute façon, si une action devait être entreprise, il conviendrait qu’elle le fût en accord avec les Etats-Unis — et à condition bien entendu que les Israéliens y mettent du leur, ce qui est loin d’être le cas pour l’instant.
Terriblement lucide, M. Jean-Pierre Lafon est aussi d’une sérénité qui finit par être contagieuse. Il faut bien convenir que le message français, comme il le dit lui-même, a été compris partout où il devait l’être. C’est d’un tel réconfort que les Libanais ont besoin, en cette phase de leur histoire qui, sans être tout à fait sombre, n’est pas toute rose pour autant.
Le message de la France, s’agissant du Liban, a été très clair dès le début et nous croyons savoir qu’il a été parfaitement compris: rien ne devrait être entrepris qui soit de nature à porter atteinte à l’unité et à l’intégrité de ce pays. La présence française à Beyrouth? Pour l’heure, elle est principalement axée sur deux volets, l’un culturel,...