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Actualités - ANALYSE

Pour le régime, des perspectives politiques plutôt crispées...

La position en flèche du président Elias Hraoui sur les municipales, la tension qui en découle sur la scène locale, le conflit politique qui le met aux prises avec le président Rafic Hariri, après sa brouille avec le président Nabih Berry, suscitent dans les cercles concernés des commentaires extrêmement variés.
D’une manière générale, on s’accorde cependant à estimer que cette «bataillite» du chef de l’Etat s’explique autant par le dérapage constitutionnel qu’a constitué le retrait du projet de loi de la Chambre par M. Hariri que par le report des élections, deux éléments concomitants qui ont mis hors de lui l’hôte de Baabda. «Dès lors, affirme un professionnel, les derniers dix-huit mois du régime risquent d’être marqués par un certain isolement, pour ne pas dire par une certaine marginalisation, et appellent en tout cas les remarques suivantes:
1) — Les deux autres présidents, qui restent en principe en place jusqu’en l’an 2000, alors que lui-même s’en va en 98, pourront beaucoup plus que lui influer sur l’élection de son successeur.
2) — Au titre de cette égalité qu’il invoque déjà pour demander la révision constitutionnelle des dispositions concernant les délais légaux, M. Hraoui pourrait vouloir proposer soit de rester lui aussi en place jusqu’en l’an 2000, soit d’être partie intégrante d’un consensus sur le nom de son successeur.
3) — S’il n’y a pas accord, M. Hraoui serait tenté d’obtenir la mise sur pied d’un nouveau Cabinet — présidé ou non par M. Hariri, peu importe —, où il disposerait d’une majorité de sympathisants, afin de garder quelque influence durant les derniers mois de son règne. Il pourrait ainsi faire organiser les municipales avant son départ, mais aussi façonner à sa guise la nouvelle loi électorale pour les législatives, imposer l’interdiction de cumul entre le ministère et la Chambre et faire voter la loi sur la décentralisation administrative. Il voudrait de même faire passer son projet d’amendements constitutionnels ainsi que la réforme des statuts personnels qu’il propose en vue d’instituer le mariage civil, ne serait-ce qu’à titre facultatif. Dans l’actuel gouvernement, M. Hraoui n’a pas la majorité. Il peut cependant, s’il se réconcilie avec M. Hariri, obtenir l’appui du Cabinet pour ses amendements constitutionnels ou même pour les statuts personnels. Mais difficilement pour le reste, et il lui faudrait en tout cas compter avec l’opposition de la Chambre à ses différents projets».

Conseils de patience

Mais en tout état de cause, «M. Hraoui, se demande un ancien ministre, peut-il vraiment ignorer que le rapport des forces sur la scène locale ne lui est pas spécialement favorable? Peut-il rechercher l’affrontement avec M. Hariri au point de réclamer un changement de Cabinet? Peut-il envisager un bras de fer avec M. Berry et avec la chambre qui lui renverrait ses projets, à supposer que le Conseil des ministres les entérine?».
Selon cet ancien responsable, «dans sa conférence de presse, M. Hraoui a nettement montré — et dit — qu’il ne cherche à croiser le fer avec personne, tout en restant fermement attaché aux principes qu’il défend. Il est mieux placé que quiconque en effet pour savoir que la situation est trop délicate et les défis trop poussés. Surtout après sa dernière rencontre avec le président Hafez el-Assad qui, semble-t-il, lui a conseillé la patience. Il est donc hors de question de changer de Cabinet aujourd’hui et a fortiori de président de Conseil. Dans le même esprit, M. Hraoui s’est vu recommander, très probablement, de ne pas trop insister pour l’heure sur les sujets qui divisent, comme les amendements constitutionnels et les statuts personnels. Il en va de même apparemment pour les élections municipales».
«Dans ces conditions, il est possible, ajoute cette personnalité, que l’argument éculé des interdits imposés par «les impératifs régionaux» se retourne contre les loyalistes durant leurs derniers mois de pouvoir; et on aura remarqué durant la conférence de presse que M. Hraoui s’est montré particulièrement agacé par ce prétexte de «la conjoncture régionale qui ne permet pas les municipales» en rappelant qu’elle n’avait pas empêché les législatives», conclut l’ancien ministre.
E.K.
La position en flèche du président Elias Hraoui sur les municipales, la tension qui en découle sur la scène locale, le conflit politique qui le met aux prises avec le président Rafic Hariri, après sa brouille avec le président Nabih Berry, suscitent dans les cercles concernés des commentaires extrêmement variés.D’une manière générale, on s’accorde cependant à estimer...