La campagne de terreur s'amplifie à l'approche des législatives Nouvelle tuerie islamiste en Algérie : 30 civils égorgés

Trente personnes, en majorité des femmes, ont été assassinées dans la nuit de dimanche à lundi dans le douar Chaib Mohamed, lors d’un effroyable massacre qui répand à nouveau la terreur dans la Mitidja, cette plaine fertile aux portes d’Alger, alors que les Algériens sont appelés aux urnes le 5 juin prochain pour élire une assemblée nationale .
Cette nouvelle tuerie porte à au moins 173, selon des bilans partiels, le nombre de civils assassinés depuis le 3 avril dans des attaques de villages attribuées aux groupes armés islamistes. Elle s’est accompagnée d’un nouvel exode de villageois.

Les 30 habitants de Chaib Mohamed, un petit douar, autour d’une ferme, abritant une quarantaine de familles de paysans, ont été «lâchement» assassinés par un «groupe de terroristes» (expression désignant les groupes armés islamistes), ont annoncé les services de sécurité.

C’est à 01h30 locale (00h30 GMT) que le douar a été attaqué. Les assaillants, une trentaine, ont encerclé les maisons et disposé des engins explosifs à toutes les issues pour surprendre les secouristes, selon des témoignages recueillis sur place.

Ils se sont mis ensuite à défoncer les portes, et le massacre a commencé. Trente villageois, dont seize femmes, ont été tués. Hormis une fillette de cinq ans, ils ont tous été égorgés. Trois femmes enceintes ont été éventrées et leurs foetus arrachés et jetés à même le sol.

Le massacre a duré une trentaine de minutes, avant que les assaillants ne s’enfuient en prenant avec eux quatre jeunes filles et une femme. Les familles ont été dépouillées aussi de leur argent et de leurs bijoux.
Il s’agit de la quatrième tuerie exécutée dans les mêmes conditions en une dizaine de jours dans la Mitidja, une zone quadrillée par les «patriotes» des groupes d’autodéfense.
Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, vingt-deux habitants de Ménâ, un village misérable, ont été massacrés par balles ou à l’arme blanche, dont certains décapités.

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Les victimes sont quatorze femmes, cinq enfants et trois hommes, dont un grabataire de plus de 80 ans et un sourd-muet. Le même jour, une voiture piégée explosait dans le village voisin de Haouche Gros, faisant quatre morts, dont le conducteur, déchiqueté, et quatorze blessés.
Dans la nuit du 3 au 4 avril, ce furent dix-sept personnes, en majorité des femmes, qui ont été égorgées dans le village proche de Amroussa.Le plus important massacre a eu pour théâtre le petit hameau de Thalit, dans le département de Médéa (80 km au sud d’Alger) où cinquante-deux villageois ont été tués en une nuit.
Cette campagne de terreur rappelle celle qui avait frappé les départements de Blida et de Médéa, à la fin de l’année dernière, pendant la préparation du référendum sur la révision de la Constitution.
Les Algériens se préparent à se rendre une nouvelle fois aux urnes, le 5 juin, pour élire une Assemblée nationale. Depuis le début de la guerre civile, les grands rendez-vous politiques sont toujours précédés de fortes poussées de violence.
Le président Liamine Zéroual avait fait lui même ce constat, en janvier dernier, au summum d’une campagne d’attentats à l’explosif, à Alger. M. Zéroual avait alors promis l’extermination des «groupes terroristes».
Depuis, les forces de sécurité ont lancé de grandes opérations, parfois accompagnées de bombardements, contre les maquis islamistes dans plusieurs régions du pays. Si les autorités ont gardé le silence sur le bilan de ces opérations, destinées à préparer le terrain aux législatives, la presse affirme qu’elles ont fait des centaines de morts parmi les islamistes armés.
Les violences qui ont éclaté à grande échelle en Algérie en 1992 ont fait au moins 60.000 morts, selon des sources occidentales.