Il s'est entretenu avec Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani Berry plaide à Qatar pour la consolidation de la solidarité interarabe (photo)

C’est un appel à la solidarité arabe que le chef du Parlement, M. Nabih Berry, a lancé hier à Doha, où il s’est entretenu dans la matinée avec l’émir de Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, ainsi qu’avec plusieurs responsables de cet émirat du Golfe.
La solidarité interarabe, mais aussi le renforcement des relations bilatérales et le projet de création d’un marché arabe commun ont été au centre de cet entretien de deux heures et demie avec les responsables qatariotes.
M. Berry est arrivé samedi à Doha, pour une visite officielle de quatre jours. Il est accompagné de son épouse et des députés Michel Moussa, Estéphan Doueihy, Mohamed Ali el-Mayss et Ibrahim Dédéyan. La délégation parlementaire a assisté à la réunion élargie qui s’est tenue en présence du prince héritier, cheikh Jassem ben Hamad, du chef de la diplomatie qatariote, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr al-Thani, et du chef du Parlement Mohamed ben Mobarak al-Khalifa.
Après une brève allocution de bienvenue, l’émir de Qatar a mis l’accent sur la solidité des relations entre son pays et le Liban, «qui a payé un lourd tribut pour des actions entreprises par d’autres». Prenant à son tour la parole, le chef du Parlement a remercié Qatar pour les aides et l’appui qu’il a offerts au Liban, notamment durant l’agression israélienne d’avril dernier. Il a réaffirmé le droit de son pays à la résistance, appelant à la mise en application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
Le président de la Chambre s’est ensuite arrêté sur la situation dans le monde, estimant que «la sécurité du ravitaillement pétrolier n’est pas indépendante de la sécurité arabe». «Le Liban, la Syrie, l’Arabie Séoudite ou Bahrein ne doivent pas, à titre d’exemple, penser que leur sécurité est autre que celle de Qatar et vice versa», a-t-il ajouté. Après avoir mis en garde contre la guerre économique arabo-israélienne qui ne manquera pas, selon lui, d’éclater au cas où la paix régionale serait réalisée, M. Berry a insisté sur l’importance de la solidarité interarabe.

Dynamiser le ministère des Emigrés

Le chef du Législatif a souligné le rôle que les émigrés libanais et arabes en général peuvent avoir pour «donner plus de poids» à cette solidarité. «Le Liban, a-t-il déclaré, ne veut même pas profiter de ses fils présents partout dans le monde. Notre Parlement a approuvé trois lois portant sur l’action du ministère des Emigrés, mais jusqu’à maintenant, «ils» ne veulent pas que ce département démarre», en allusion au gouvernement à qui il a, à maintes reprises, reproché au cours de réunions parlementaires de ne pas vouloir dynamiser le ministère des Emigrés.
M. Berry a ensuite estimé que «l’absence d’une pensée arabe unifiée est l’une des raisons de l’échec arabe». Après avoir souligné les efforts déployés en vue de rétablir un équilibre international «rompu avec la désintégration de l’Union soviétique», M. Berry a indiqué qu’il avait soulevé avec les responsables français, lors de sa dernière visite à Paris, la question de la coopération euro-arabe qui devrait, a-t-il jugé, s’étendre aux pays qui ne sont pas riverains de la Méditerranée. Il a conclu en invitant l’émir de Qatar à visiter le Liban.
Pour sa part, le prince héritier qatariote a insisté sur l’importance du lobby juif aux Etats-Unis. Il a ajouté: «Les Arabes sont présents en force dans ce pays mais leurs problèmes aussi».
Il a par ailleurs rendu hommage à la population du Liban-Sud «qui a consenti des sacrifices et prouvé que le peuple arabe est capable de récupérer ses terres spoliées en dépit des complots internationaux ourdis contre lui».
Au terme de la réunion, cheikh Hamad a eu un entretien d’une demi-heure en tête à tête avec le chef de l’Assemblée nationale, qui devait renouveler par la suite son appel à la consolidation de la solidarité interarabe, insistant sur le rôle que Qatar peut jouer dans ce cadre. «C’est seulement en resserrant nos rangs que nous pourrons nous protéger (contre Israël). Aussi, insistons-nous sur la solidarité des pays arabes, que ce soit au sein d’un marché commun, de la Ligue arabe ou dans le cadre d’un partenariat avec l’Europe», a-t-il déclaré, avant de saluer la décision de Doha de s’aligner sur la résolution de la Ligue arabe qui avait appelé les Etats de la région à geler toute normalisation avec Israël.
M. Berry a ensuite souligné l’appui de Qatar à un marché arabe commun, rappelant que ce projet sera examiné au Caire le 11 mai prochain.