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Actualités - CHRONOLOGIE

Plus de 40.000 personnes ont bravé le froid pour assister à la messe pontificale Dans Sarajevo déchiré, le pape a prêché la réconciliation et le pardon (photos)

SARAJEVO, 13 Avril (AFP). — Le pape Jean-Paul II a plaidé sans relâche pour la réconciliation et le pardon en Bosnie au cours de sa visite samedi et dimanche à Sarajevo, marquée par une tentative d’attentat. Le Saint Père tenait absolument à venir à Sarajevo, «ville martyre, symbole des souffrances dans toute l’Europe», mais surtout capitale contestée d’un pays en voie de partition et dont la population ne croit pas pouvoir à nouveau revivre ensemble.

Il avait dû annuler pour des raisons de sécurité un déplacement prévu en septembre 1994. La ville était alors assiégée et pilonnée par les troupes des Serbes de Bosnie lancées dans une campagne de conquêtes territoriales et de purification ethnique.

Quelques heures avant son arrivée samedi après-midi, une charge de vingt-trois mines antichar et d’autres explosifs reliés à un détonateur muni d’une commande à distance était découverte sous un pont situé sur le trajet du cortège pontifical.
Aucune indication n’a été fournie par les autorités sur l’enquête menée pour découvrir les responsables de cette tentative d’attentat, mais le président bosniaque Alija Izetbegovic s’en est excusé dans une lettre adressée le soir même au souverain pontife et s’est dit prêt à se tenir à ses côtés durant tous ses déplacements.
Si Jean-Paul II, informé de ce qui s’était tramé contre lui, n’a pas semblé spécialement affecté et est apparu relativement en forme samedi, la journée de dimanche a en revanche été un véritable calvaire pour lui.
Un vent froid et des tourbillons de neige l’ont accueilli à son arrivée dans le stade
Kosevo où plus de 40.000 personnes venues de tout le pays l’attendaient depuis plusieurs heures.
Visiblement frigorifié, le Saint Père a néanmoins bravé les éléments et a célébré une messe de près de trois heures.
A peine remis d’une bronchite et de santé fragile, Jean-Paul II, qui aura 77 ans en mai, a beaucoup souffert. Le vent l’a fait tituber à plusieurs reprises et il a dû s’appuyer un moment contre l’autel pour se reposer.
Les fidèles lui ont réservé une ovation à l’issue de la cérémonie. Ils étaient venus de tout le pays et la plupart étaient arrivés pendant la nuit à bord d’autocars spécialement affrétés. Comme lui, ils ont dû enduré le froid et le vent.
Les catholiques en Bosnie sont Croates. Ils étaient largement majoritaires au sein de la foule venue dimanche le voir et l’écouter. De nombreux drapeaux de ce pays et de la Bosnie herzégovine, la République autoproclamée des Croates de Bosnie, ont d’ailleurs été brandis à la fin de la messe.
Venir à Sarajevo, ville majoritairement musulmane, leur faisait pourtant peur. Beaucoup ne sont d’ailleurs pas venus. La communauté croate est aujourd’hui estimée à 400.000 personnes.
Les cars venus du sud de la Bosnie, où une grande partie de cette communauté s’est repliée pendant la guerre, sont d’ailleurs repartis dès la fin de la messe, pour éviter tout incident.
Les relations sont toujours très tendues entre les trois communautés. Musulmans, Croates et Serbes se sont battus les uns contre les autres durant la guerre, commettant tous des atrocités.
Il est toujours impossible pour les réfugiés de retourner dans les régions d’où ils ont été chassés lorsque leur communauté y est minoritaire.
Le pape était au fait de cette situation. C’est pour cette raison qu’il a axé toutes ses interventions sur la tolérance, la réconciliation et le pardon.
Il n’avait pas prononcé depuis longtemps autant de discours au cours d’un de ses voyages. Il a martelé son message au cours de sa rencontre dimanche avec les trois membres de la présidence collégiale, le Musulman Alija Izetbegovic, le Croate Kresimir Zubak et le Serbe Momiclo Krajisnik, insistant sur la nécessité d’établir «une paix durable et crédible» après trois ans et demi de conflit.
Il l’a répété aux fidèles venus l’écouter durant la messe. Mais ces derniers se sont déclarés peu convaincus.
La venue du pape à Sarajevo est certes un «événement historique», mais «elle ne changera rien à la situation du pays», estimaient la plupart des personnes interrogées à la sortie du stade. «Jamais nous ne pourrons revivre ensemble. Jamais je ne pourrais oublier ce qui s’est passé et jamais je ne pourrais pardonner à ceux qui ont fait cela», disaient-ils.
SARAJEVO, 13 Avril (AFP). — Le pape Jean-Paul II a plaidé sans relâche pour la réconciliation et le pardon en Bosnie au cours de sa visite samedi et dimanche à Sarajevo, marquée par une tentative d’attentat. Le Saint Père tenait absolument à venir à Sarajevo, «ville martyre, symbole des souffrances dans toute l’Europe», mais surtout capitale contestée d’un pays en...