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Actualités - REPORTAGE

A l'ordre du jour de la 2e rencontre euro-méditerranéenne, un projet de pacte de stabilité et de sécurité Le regain de violence au P.O. compromet les chances de la conférence de Malte

Le dialogue euro-méditerranéen, qui avait connu un bon départ à Barcelone (novembre 1995), risque de dégénérer en débat houleux ici, où les Quinze de l’Union européenne et leurs douze partenaires méditerranéens doivent se retrouver mardi 15 et mercredi 16 avril à l’échelon des ministres des Affaires étrangères.
Toutes les délégations arrivées à Malte sont conscientes du fait que le blocage du processus de paix et le regain de violence au Proche-Orient compromettent les chances du partenariat euro-méditerranéen.
La conférence de Barcelone avait adopté, dans sa déclaration finale, un programme ambitieux. Il s’agissait pour l’UE et ses douze interlocuteurs méditerranéens (Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie et territoires palestiniens) d’établir un partenariat ayant pour finalité trois objectifs: la création d’une zone commune de paix, de stabilité et de prospérité; la mise en place d’une zone de libre échange; le développement de la démocratie et des ressources humaines.
La rencontre de Malte était censée dresser le bilan des progrès accomplis sur ces trois plans, jeter les bases d’un «pacte de stabilité et de sécurité» et déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les autres objectifs définis dans le programme de Barcelone. Cependant, depuis 1995, la donne a profondément changé avec l’avènement de Netanyahu au pouvoir. Le Likoud a systématiquement foulé aux pieds les principes définis à Barcelone en relançant notamment le programme des colonies juives de peuplement et en rejetant la formule de la paix contre la terre imaginée à Madrid. L’escalade de la violence a repris dans les territoires palestiniens, les négociations avec la Syrie et le Liban sont bloquées, si bien qu’on parle de moins en moins de paix et de plus en plus de guerre. Dès lors, l’ordre du jour initialement prévu pour la conférence de Malte apparaît en déphasage total avec la situation prévalant au Proche-Orient.Les Européens auront beau faire pour détendre le climat de la conférence, ils ne pourront empêcher les délégations arabes de souligner que la paix et la sécurité sont inconcevables tant qu’Israël continuera de rejeter les principes énoncés à Madrid et de violer les clauses du programme de Barcelone. Aussi, une bataille va-t-elle s’engager sur la teneur du communiqué final de La Valette entre, d’une part, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et les territoires palestiniens et, d’autre part, le reste des pays participants.
D’ores et déjà, on sait que ce texte comptera un appel solennel en faveur de la paix. Mais les ministres des Affaires étrangères des Etats arabes vont se battre pour obtenir une formulation précisant que la paix doit être «juste et globale» et conforme aux résolutions de l’ONU dont Israël ne veut pas. Pour leur part, les Européens entendent éviter d’entrer dans les détails de la paix souhaitée, se contentant sur ce plan de généralités. En définitive, comme toujours en pareil cas, une solution de compromis sera trouvée. Elle ne satisfera probablement aucun pays participant et permettra de s’arranger pour que la conférence ne se solde pas par un échec, ce qu’aussi bien les Quinze que leurs partenaires du Sud veulent éviter. Parallèlement à son rôle économique prépondérant en Méditerranée et au Proche-Orient, l’UE tient à avoir une part dans le processus de paix, tout en acceptant au départ que son apport soit «complémentaire» de celui des Etats-Unis. Les pays arabes de leur côté soutiennent cette ambition européenne parce qu’ils espèrent que, par ce biais, Washington cessera un jour de détenir toutes les clés.
Mais il ne faut pas se faire d’illusion. Si, sur le plan économique, le partenariat euro-méditerranéen peut déboucher par le truchement d’accords bilatéraux sur d’importantes réalisations, sur le plan politique, son bilan ne peut être que limité. Surtout que les parties en présence à Malte se présentent comme d’habitude en rangs dispersés. L’UE ne peut pas grand-chose faute d’avoir une politique étrangère commune. Quand la France tente de lancer une initiative quelconque, elle se heurte aux objections de la Grande-Bretagne et aux réticences de l’Allemagne et de l’Italie, qui lui reprochent de chercher à leur forcer la main. De leur côté, les Etats arabes présents à La Valette n’offrent un front uni qu’en apparence et ne peuvent s’entendre que sur le plus petit dénominateur commun.
Aujourd’hui, lundi, à la veille de l’ouverture de la conférence, les ministres arabes doivent tenir une réunion commune pour arrêter un plan d’action.
Autre sujet de divergence: le terrorisme. Les Européens tiennent à inclure dans leur communiqué final un paragraphe dénonçant le terrorisme ainsi que tout recours à la violence, alors que les Syriens et les Libanais tiennent à distinguer entre le droit à la résistance contre l’occupation et le terrorisme.
Malte 97 s’annonce donc comme une conférence difficile. On est loin de l’euphorie de Barcelone, qui venait d’ailleurs s’inscrire dans le prolongement des premiers acquis du processus de paix. On est loin des espoirs suscités par le projet d’une vaste zone de libre échange, où toutes les barrières douanières seraient démantelées (à l’échéance de 2.010), qui nagerait en pleine prospérité et où il n’y aurait plus des soubresauts de violence parce que le monstre Netanyahu aura été dompté.

R.G.
Le dialogue euro-méditerranéen, qui avait connu un bon départ à Barcelone (novembre 1995), risque de dégénérer en débat houleux ici, où les Quinze de l’Union européenne et leurs douze partenaires méditerranéens doivent se retrouver mardi 15 et mercredi 16 avril à l’échelon des ministres des Affaires étrangères.Toutes les délégations arrivées à Malte sont...