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Actualités - ANALYSE

Suspense soutenu dans les cercles politiques...

Le chef de l’Etat va-t-il tout déballer mercredi soir dans sa conférence de presse? C’est la question qui courait sur toutes les lèvres hier mardi dans les cercles politiques où on trouvait autant de loyalistes angoissés que d’opposants qu’une telle perspective enthousiasmait fiévreusement. M. Hraoui, allant plus loin que M. Berry qui en avait trop dit ou pas assez, allait-il faire des révélations fracassantes, dévoiler tout le dessous des cartes, faire la lumière sur certains petits mystères restés sans explications, disséquer les différentes manœuvres des parties prenantes locales, en dénoncer avec précision les douteux projets ou les collusions? Allait-il menacer de démissionner si les municipales n’étaient pas organisées cette année même? Allait-il au contraire se contenter de donner acte, pour le principe, de ses positions à ce sujet?
L’attente était d’autant plus tendue hier que, chose étrange, on percevait deux sons de cloche distincts en provenance des habituelles sources d’information hraouiste, de ce groupe que dans le jargon professionnel on appelle tantôt «l’entourage» tantôt «le premier cercle» des intimes. Une dissonance qui permet de penser qu’en réalité M. Elias Hraoui n’avait mis personne dans la confidence et que ses proches se laissaient aller, chacun à sa manière, à dévider des spéculations basées sur des impressions personnelles, sans plus. On peut de même estimer que, pendant que le landerneau local bruissait de rumeurs, le principal intéressé n’avait pas encore arrêté son choix sur le genre de discours qu’il tiendrait: dur, d’assez bonne composition — pas trop car la conférence de presse ne se justifierait plus — ou mitigé...
Toujours est-il qu’on pouvait entendre hier un fidèle lancer que «M. Hraoui doit prendre le taureau par les cornes et crever l’abcès une fois pour toutes. Il doit soulever le couvercle de la marmite, sans prendre de gants car personne n’a cherché à ménager la présidence de la République, dont il défend les couleurs en tant qu’institution principale de régulation de la vie politique — et constitutionnelle — de ce pays. Il est inadmissible en effet qu’on continue à contourner les prérogatives, déjà limitées, de la présidence, ce qui porte directement atteinte au fonctionnement de l’Etat démocratique, voire à son existence juridique. Il faut qu’on se rappelle que même Taëf réserve au président de la République, en matière de grandes décisions, un rôle d’arbitre et de catalyseur qu’on ne peut contourner. Ceci sans compter qu’il reste le gardien de la Constitution, ce qui signifie en pratique qu’il doit veiller à ce qu’on ne s’amuse pas, comme on l’a fait avec les municipale, à annuler une échéance sans respecter la procédure, qui passe sur le plan consultatif par la présidence de la République et sur le plan décisionnel par le Conseil des ministres. En outre les Libanais ont le droit de savoir ce qui se passe vraiment et de mettre le doigt sur toutes les plaies, pour juger. Il faut donc que M. Hraoui précise clairement les responsabilités, imputables en ce qui concerne le report des municipales au chef du gouvernement, à certains ministres, au chef du Législatif et à nombre de députés...»
Mais d’autres personnalités, également soucieuses des intérêts de Baabda, estiment que «le chef de l’Etat doit très certainement répéter son attachement à la tenue de municipales rapprochées, du moment que le pays en a de toute évidence besoin, les dernières consultations remontant à 33 années. Il doit fermement inviter les responsables à remettre le projet en selle et à prendre les dispositions techniques à cet effet. Mais il est préférable qu’il s’en tienne à cet aspect du problème, sans tirer à boulets rouges sur les autres présidents, sur les ministres et sur les députés qui soutiennent le report, car il enclencherait ainsi un cycle d’hostilités politiques, de tension exacerbée, dont le pays n’a que faire. Assumant son rôle avec une force tranquille, M. Hraoui peut rappeler à tous les exigences de la Constitution, en se plaçant ostensiblement au-dessus de toute mêlée prosaïque. Il doit, par son attitude calme mais déterminée contribuer à ramener dans le giron de la République les différentes forces opposantes radicales qui, bien que se situant hors du cadre Taëf, ont cette fois annoncé leur volonté de participer à fond aux municipales».
En tout état de cause on verra ce soir — si la conférence de presse est maintenue — quelle sera au juste l’attitude du président. «Il est en tout cas certain, affirmait hier un de ses proches, que M. Hraoui jouera avec les journalistes le jeu de la pleine transparence et n’éludera aucune réponse à leurs questions...»

Ph.A.-A.
Le chef de l’Etat va-t-il tout déballer mercredi soir dans sa conférence de presse? C’est la question qui courait sur toutes les lèvres hier mardi dans les cercles politiques où on trouvait autant de loyalistes angoissés que d’opposants qu’une telle perspective enthousiasmait fiévreusement. M. Hraoui, allant plus loin que M. Berry qui en avait trop dit ou pas assez,...