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Actualités - CHRONOLOGIE

Municipales : un scénario pour sauver la face Hraoui mettra ce soir, les points sur les I, alors que Berry nuance sa position

Vingt-quatre heures avant la conférence de presse que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, doit tenir aujourd’hui et qui sera consacrée au seul dossier des municipales, de nombreux indices montrent que «la crise des élections» a été de nouveau placée sur la voie d’un règlement. Aussi bien le chef de l’Etat que le président de la Chambre semblent avoir mis de l’eau dans leur vin et se sont efforcés hier d’atténuer l’impact des positions en flèche qu’ils avaient adoptées au cours des derniers jours et dont le seul effet a été d’exacerber la tension politique qui prévaut dans le pays depuis que le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a retiré, jeudi, du Parlement le projet d’amendement de la loi sur les élections municipales. Dans le même temps, il semble acquis que les municipales ont été renvoyées aux calendes grecques: on parle de plus en plus de la nomination de conseils municipaux et de moukhtars, un projet auquel Damas serait favorable, apprenait-on hier, en soirée, de sources proches du gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui a effectué hier une nouvelle visite dans la capitale syrienne, a entrepris à son retour une navette entre Baabda et Aïn el-Tiné pour exposer aux chefs de l’Etat et du Parlement le point de vue des responsables syriens concernant la «crise des municipales». De sources politiques loyalistes, on apprend que les dirigeants syriens ont, encore une fois, conseillé aux responsables libanais de mettre une sourdine à leurs conflits, insistant sur la cohésion interlibanaise en raison de la gravité de la situation régionale.
En raison de ces considérations, répercutées par le ministre baassiste, M. Ghazi Seifeddine, les sources susmentionnées s’attendent à ce que le chef de l’Etat adoucisse sa position sans toutefois renoncer à réclamer l’organisation des municipales le plus tôt possible, projet auquel il reste fortement attaché. Dans une déclaration à la presse, M. Seifeddine, ministre d’Etat, a souligné qu’«en tant que baassiste, il considère que des questions plus urgentes que les municipales méritent notre attention, notamment la consolidation de l’immunité de la société libanaise face aux défis régionaux qui se profilent à l’horizon». Le ministre a estimé que le gouvernement a fait montre de précipitation en voulant organiser les municipales au printemps, alors que sur le plan régional, la situation reste explosive, et a mis en garde contre les considérations d’ordre tribal, communautaire et sectaire qui dictent les batailles électorales.
Dans certains milieux parlementaires favorables à l’ajournement du scrutin, on a considéré que les propos du ministre reflètent la position syrienne tandis que dans des cercles politiques proches du gouvernement, on a estimé que M. Seifeddine n’a fait que réitérer un point de vue qu’il avait exprimé en Conseil des ministres.
Toujours est-il que les chefs de l’Etat et du Parlement semblent sensibles à l’idée selon laquelle ils doivent mettre une sourdine à leurs conflits. Les deux ont démenti des propos qui leur ont été attribués dans la presse (VOIR PAGE 2). M. Hraoui a nié avoir affirmé devant ses visiteurs son intention de démissionner au cas où les municipales ne se tiendraient pas le plus tôt possible. Il n’a pas toutefois hésité à égratigner, au passage, le chef du gouvernement, en affirmant devant les députés qu’il a reçus qu’il n’est pas dans ses habitudes de «bouder et de rester chez lui». Quant à M. Berry, il a démenti s’être prononcé en faveur de la nomination des conseils municipaux, même si, Place de l’Etoile, les députés et notamment le vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, continuaient de présenter comme acquise et inévitable la désignation de ces conseils, arguant principalement des exigences de l’entente nationale.
Un autre indice de la détente qui s’annonce: la réaction de M. Berry aux propos tenus hier par le président Hraoui et qui lui ont été rapportés par des députés proches du chef de l’Etat. Tout en réaffirmant son attachement à l’organisation des municipales, le président Hraoui a souligné devant ses visiteurs qu’en définitive, il ne peut que s’incliner devant ce que la majorité parlementaire décide. «Magnifique», a répliqué le chef du Législatif, satisfait.
Une position que M. Hraoui doit réaffirmer aujourd’hui dans sa conférence de presse, prévue à 19h. Le chef de l’Etat doit axer ses propos sur le respect des lois et de la Constitution dont il est le gardien, selon ses proches. On sait que le président Hraoui en veut au chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, d’avoir fait fi des lois et des règles en vigueur, en prenant unilatéralement la décision de retirer de la Chambre, le projet d’amendement de la loi électorale, alors qu’une telle démarche, nécessitait, selon lui, un décret-loi cosigné par le chef du gouvernement et le président de la République. Le chef de l’Etat insistera aussi sur le principe de la séparation des pouvoirs et s’arrêtera sur les craintes émises par de nombreux députés, jeudi dernier, au sujet des divisions que des municipales mal préparées pourraient provoquer. Tout cela ne l’empêchera pas de réaffirmer la nécessité que les élections de conseils municipaux et de moukhtars aient lieu cet été.
Mais selon des sources concordantes non officielles, une telle éventualité ne se présente plus. Selon ces sources, en vertu d’un scénario élaboré au cours des et derniers jours, la commission ministérielle chargée de plancher sur le dossier des municipales, doit se contenter d’introduire de légers amendements à la loi de 1977. Les modifications seront approuvées par le gouvernement qui transmettra le projet de loi à la Chambre. Avant d’entamer l’examen du texte, le Parlement devra toutefois voter contre l’organisation des élections pour les mêmes raisons que de nombreux députés avaient évoquées durant la réunion de jeudi. C’est ce scénario qui est présenté comme étant le projet de règlement proposé et dont l’avantage est de sauver la face, disent-elles, des trois pôles de l’ex-troïka.
Cependant, de sources proches de la commission ministérielle ad hoc qui tiendra demain sa première réunion, on assure que rien n’empêche que les élections soient organisées avant le 30 juin, date d’expiration des mandats des conseils municipaux et de moukhtars au cas où l’on se contenterait d’amender légèrement la loi de 1977.


Vingt-quatre heures avant la conférence de presse que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, doit tenir aujourd’hui et qui sera consacrée au seul dossier des municipales, de nombreux indices montrent que «la crise des élections» a été de nouveau placée sur la voie d’un règlement. Aussi bien le chef de l’Etat que le président de la Chambre semblent avoir mis de l’eau...