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Actualités - ANALYSE

Des relations triangulaires plus chaotiques que jamais

«On a beau ne pas approuver le système, relève un dignitaire religieux, on ne peut applaudir à ses ratés, car le pays s’en ressent. Il est ainsi déplorable que les pouvoirs continuent à s’entredéchirer, pire encore qu’ils se lacèrent de l’intérieur comme on le voit encore aujourd’hui. Ainsi, alors qu’au top niveau, le Législatif et l’Exécutif sont d’accord pour renvoyer les municipales, probablement aux calendes grecques, des députés et des ministres ne cachent pas leur mécontentement et se disent «trahis» car ces élections, on leur avait promis qu’elles auraient lieu à tout prix aux date fixées. Plus grave encore, poursuit cette personnalité, reste le faux pas commis à l’encontre de la présidence de la République mais aussi du Conseil des ministres, instances qui n’ont pas été mises au courant comme il se doit de l’intention de M. Hariri de retirer de la Chambre le projet des amendements à la loi des municipales et de reporter le scrutin. Cela sans compter que le président du Conseil a paru désavouer le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr qui a dû assurer, à l’opinion comme aux députés, que pour sa part, il n’en aurait pas démordu, qu’il était prêt pour le rendez-vous de juin et qu’il n’avait personnellement cherché à tromper personne, répétant publiquement que lui n’avait «pas menti»... On est donc de nouveau dans le bourbier, les assurances de réconciliation prodiguées aujourd’hui ne sont pas plus crédibles que celles d’hier, qui n’ont jamais tenu la distance. Ce qui il y a de nouveau, en quelque sorte, c’est que, cette fois, les troubles relationnels ne se limitent pas aux trois présidents et mettent même en cause des personnalités qui ordinairement s’échinaient à les rabibocher». Après cette allusion à la maxime évangélique «Si le sel de la terre se dégrade, avec quoi salera-t-on?», le dignitaire religieux flétrit «la persistance dans une opacité qui, à travers des déclarations mielleuses sur une prétendue concorde entre officiels, veut faire croire aux Libanais que tout va bien alors que manifestement, il n’en est rien...»
A tel point que selon une source politique informée, «lors de sa dernière rencontre avec le président Hafez el-Assad, le président Elias Hraoui a suggéré qu’on pourrait changer l’actuel gouvernement... Mais il lui a été conseillé de patienter et surtout de veiller à ce que le sujet, s’il devait être discuté, le soit hors de tout tapage médiatique, en toute discrétion. M. Hraoui, ajoute cette source, a cru cependant comprendre que Damas, tout en ne favorisant pas un changement de Cabinet pour l’heure, n’aurait pas d’objection à ce que l’on éjecte quelques ministres perçus comme indésirables et que l’on procède à l’occasion à des permutations de portefeuilles».
«Et tout cas, souligne cette personnalité, pour qu’un ministre hraouiste comme M. Chawki Fakhoury tienne une conférence de presse pour imputer à son chef de gouvernement la responsabilité du torpillage des municipales, il faut que l’esprit des institutions soit au plus bas. Et que les relations entre dirigeants soient au plus mal». A cette nuance près que cette source oublie qu’après l’affaire des patates, M. Fakhoury a quelques raisons de s’en prendre à M. Hariri qui avait empiété sur ses plates-bandes, sans nécessairement se faire l’écho de Baabda... Sur le fond, la présidence de la République «aurait souhaité, reprend le politicien, que les municipales aient lieu ce printemps, pour avoir une part au contrôle, avant la fin de son propre bail l’an prochain. C’est pour la raison inverse d’ailleurs que M. Nabih Berry pour sa part a toujours préféré le report, espérant que les élections ne se dérouleraient que sous le prochain régime car il ne veut justement pas que M. Hraoui pousse ses avantages sur le plan politique global au point de se retrouver en mesure de réclamer un troisième mandat...».
C’est donc vraiment la foire d’empoigne et le dignitaire religieux précédemment cité s’en inquiète: «Est-ce dans un tel climat que nous allons accueillir le pape?...», dit-il. Pourquoi pas, pourrait-on répondre, la visite du Saint-Père permettrait peut-être de réconcilier — pour de bon — les incorrigibles bretteurs libanais...

Ph. A.-A.
«On a beau ne pas approuver le système, relève un dignitaire religieux, on ne peut applaudir à ses ratés, car le pays s’en ressent. Il est ainsi déplorable que les pouvoirs continuent à s’entredéchirer, pire encore qu’ils se lacèrent de l’intérieur comme on le voit encore aujourd’hui. Ainsi, alors qu’au top niveau, le Législatif et l’Exécutif sont d’accord...