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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef de l'état évoquera les municipales demain lors d'un point de presse Les élections ou la démission, menace Hraoui

Les signaux émis hier par le palais de Baabda ont provoqué un bouleversement de situation et ont montré que le dossier des élections municipales, que l’on croyait enterré avec la commission ministérielle créée dimanche à l’issue de la rencontre entre les présidents Elias Hraoui et Rafic Hariri, demeure aussi brûlant. Le président de la République évoquera d’ailleurs cette question lors d’un point de presse qu’il tiendra demain à Baabda.
Devant ses visiteurs, le chef de l’Etat a réaffirmé hier sa détermination à respecter coûte que coûte ses engagements concernant la tenue de cette consultation que les Libanais attendent patiemment depuis plus de 30 ans. Pour la première fois depuis le début de la crise des municipales, le président Hraoui a menacé hier de démissionner si les élections n’étaient pas organisées dans les plus brefs délais. Ces faits ont été confirmés à «L’Orient-Le Jour» par le député Roucheid el-Khazen qui a été reçu hier au palais présidentiel (VOIR PAGE 3).
«Le chef de l’Etat voudrait que les élections soient organisées à n’importe quel prix dans les semaines à venir (...) sans quoi il est décidé à quitter le pouvoir», nous a déclaré le député du Kesrouan lors d’un entretien téléphonique. «Ce scrutin peut avoir lieu cet été même car cette échéance est plus importante pour le pays que la saison touristique», a-t-il ajouté.

M. el-Khazen a précisé que le président Hraoui «n’a pas changé d’avis» et estime que le retrait jeudi dernier par le gouvernement du projet de loi sur les municipales est une violation de la constitution. Il s’est senti «trahi» par le fait qu’il n’ait pas été consulté par M. Hariri au sujet de cette décision.

De source bien informée, on indique que le président Hraoui n’a pas été convaincu par les arguments avancés par M. Hariri lors de la rencontre qui les a groupés dimanche à l’issue d’une médiation effrénée entreprise par le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr. Pour expliquer le retrait du projet de loi, le chef du gouvernement avait invoqué l’article 77 du statut interne de la Chambre qui stipule en substance qu’un projet peut être «renvoyé» après un vote des députés. Devant ses visiteurs, M. Hraoui a rejeté hier ces explications.
Joint au téléphone par «L’Orient-Le Jour», le député Antoine Haddad, qui a été reçu à Baabda, a déclaré que «les dispositions de l’article 77 ne peuvent être appliquées à ce qui s’est passé jeudi à la Chambre». Cet article autorise le renvoi d’une proposition lorsqu’elle est avancée par un député et non pas d’un projet de loi transmis par le gouvernement, a précisé le député du Metn. Selon lui, le chef de l’Etat estime que le retrait du projet ne peut se faire que par un décret signé par lui-même et par le président du Conseil, conformément à l’article 103 du statut interne.
Il s’agit là d’un débat juridique qui ne peut escamoter la dimension politique du problème: le président Hraoui affiche officiellement sa volonté d’organiser les élections municipales au plus vite, alors que MM. Nabih Berry et Rafic Hariri penchent pour le report de cette consultation. «Le chef de l’Etat veut garantir le droit du peuple à élire ses conseils municipaux, a affirmé M. Haddad. Cette échéance est d’une importance vitale pour le pays et elle est susceptible de renforcer l’unité nationale. Car toutes les forces politiques, même celles qui avaient boycotté les élections législatives l’été dernier, ont exprimé leur désir de prendre part à ce scrutin. Le président assure que cela est primordial pour mener à bien la réédification de l’Etat et pour poursuivre avec succès le processus de reconstruction».
Mais quelle pourrait être l’issue de cette crise, maintenant que l’examen de ce dossier a été confié à la commission ministérielle qui a été convoquée par M. Murr à sa première réunion jeudi prochain? De source bien informée, on précise que la solution la plus réaliste serait d’organiser les élections conformément à la loi 1977 après l’introduction de certains amendements. Les modifications concerneraient notamment l’élection du président des conseils municipaux par les membres des conseils et non plus au suffrage universel comme le stipule le projet transmis par le gouvernement à la Chambre. Les modalités de désignation des membres des conseils municipaux dans les villages où les déplacés ne sont pas encore rentrés seront aussi définies.
Le dossier des municipales aurait été évoqué hier par M. Hraoui avec le commandant en chef des troupes syriennes au Liban, le général Ibrahim Safi, et le chef des services de renseignements militaires syriens, le brigadier Ghazi Kanaan, qui ont déjeuné à sa table. Les deux officiers supérieurs se sont ensuite rendus à Aïn-Tiné pour présenter leurs condoléances à M. Berry pour le décès de son oncle.
Le fossé qui sépare la logique du président de la République et celle du chef du Législatif est immense. Dans les milieux de M. Berry on déclare que «les élections municipales ont été reportées après le retrait du projet de loi conformément à l’article 77 et ceux qui veulent organiser cette consultation n’auraient pas dû préparer un texte aussi incomplet».
Les intentions de M. Hraoui semblent donc très différentes de celles de MM. Berry et Hariri. Et le sort des élections municipales dépend de l’issue du bras de fer que se livrent les pôles du pouvoir. A moins que le problème ne soit réglé par un compromis à la libanaise, préparé à l’avance et soigneusement empaqueté en attendant d’être sorti d’un tiroir...

P. KH.
Les signaux émis hier par le palais de Baabda ont provoqué un bouleversement de situation et ont montré que le dossier des élections municipales, que l’on croyait enterré avec la commission ministérielle créée dimanche à l’issue de la rencontre entre les présidents Elias Hraoui et Rafic Hariri, demeure aussi brûlant. Le président de la République évoquera d’ailleurs...