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Actualités - CHRONOLOGIE

Objectif de Clinton : ramener palestiniens et israéliens à la table des négociations

Les Etats-Unis se retrouvent, pour la seconde fois en six mois, face à la tâche ardue de préserver de la débâcle un processus de paix au Proche-Orient sur lequel ils ont misé leur prestige et engagé leur puissance depuis la guerre du Golfe en 1991. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a peu à peu sapé depuis son élection, il y a dix mois, les fondements d’un processus auquel il n’a jamais cru, a été quasiment convoqué par le président Bill Clinton, qui doit le recevoir lundi à la Maison-Blanche. Pour l’administration américaine en effet, l’objectif principal reste un retour rapide des protagonistes à la table des négociations.
Vendredi, il a estimé que les propositions américaines pour relancer le processus de paix étaient au stade de l’ébauche et reposaient sur sa propre proposition d’intensifier les négociations avec les Palestiniens et de les réduire à six mois au lieu de deux ans prévus initialement par les accords.

Les pays arabes, à bout de patience depuis dix mois, ont décidé cette semaine de geler la normalisation des relations. Les hommes d’affaires égyptiens ont été les premiers à agir dans ce sens vendredi en décidant de geler leurs accords commerciaux avec Israël (VOIR AUSSI P. 16).

Selon l’analyse de l’ancien maître espion israélien David Kimche, «la conséquence de la méfiance est très grave: cela veut dire que tout ce processus de paix, tout simplement, ne tient plus. Il y a deux possibilités: ou bien le gouvernement change de cap, ou bien on va droit à une crise totale avec le monde arabe».
Quotidiens depuis le 18 mars, date du lancement de la construction d’une onzième colonie juive à Jérusalem-Est, les heurts entre manifestants palestiniens et militaires israéliens se sont poursuivis hier. A Hébron, cinq jeunes Palestiniens et trois gardes-fronières israéliens ont été légèrement blessés (VOIR PAR AILLEURS).
Le président palestinien Yasser Arafat, qui a de plus en plus de mal à expliquer à sa population que le processus conduira bien à un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, n’a pas exclu d’accepter un sommet avec MM. Netanyahu et Clinton. Mais il a accueilli avec une extrême réserve l’idée d’un nouveau «Camp David» qui pourrait aussi bien être la meilleure recette pour accélérer la catastrophe.
Les Etats-Unis avaient déjà convoqué MM. Arafat et Netanyahu le 1er octobre à Washington pour relancer le processus, après les pires affrontements dans les territoires en 30 ans d’occupation, qui ont fait plus de 80 morts fin septembre.Les dirigeants israélien et palestinien ont bouclé à l’arraché, le 15 janvier, un accord sur un retrait israélien partiel de Hébron, en Cisjordanie, qui n’était que la confirmation d’un arrangement déjà conclu plus d’un an auparavant.
Depuis, la crise est ouverte. Israël a poursuivi la colonisation et les faits accomplis, notamment dans la partie arabe annexée de Jérusalem, et refusé de négocier l’ampleur de ces retraits à venir de Cisjordanie occupée.
M. Netanyahu a réaffirmé qu’il n’avait aucune intention d’arrêter les travaux de construction de la nouvelle colonie de Har Homa. Il rejette le principe de l’échange de la paix contre les territoires occupés, fondement même du processus actuel aussi bien que des accords de Camp David, conclus avec l’Egypte par son prédécesseur Menahem Begin.
Dans ces conditions, les analystes s’interrogent sur les motivations réelles de M. Netanyahu lorsqu’il propose un nouveau «Camp David». «La question centrale est: que veut le premier ministre? C’est un mystère total», écrivait hier le commentateur politique du quotidien Haaretz, M. Yoël Marcus.
Pour sa part, le gouvernement américain s’efforce, avec prudence, de rétablir le dialogue entre Israéliens et Palestiniens mais ne prévoit pas, du moins à brève échéance, de sommet Netanyahu-Arafat.
«L’objectif principal est de revenir à la table des négociations», souligne un responsable du département d’Etat, qui refuse d’entrer dans le détail des contacts que les Américains maintiennent pour préparer la visite de M. Netanyahu. Il a écarté «pour le moment» une éventuelle venue de Yasser Arafat à Washington.
Ce même responsable américain, qui a requis l’anonymat, n’a par contre pas exclu que les Américains jouent les intermédiaires entre Israéliens et Palestiniens avant que ceux-ci puissent discuter directement.
«Nous étudions une série d’options qui aideraient à les ramener à la table de la paix», a-t-il déclaré. «L’objectif stratégique», a-t-il expliqué, est bien la reprise d’une négociation bilatérale et directe entre Israéliens et Palestiniens mais «du point de vue tactique, il y a plusieurs solutions» pour y parvenir.
Un autre responsable américain a souligné, hier, qu’aucune tactique n’avait encore été arrêtée. «Nous n’avons pas de projets de rencontre après le sommet de lundi et nous n’avons pas d’idées préconçues sur la manière de procéder», a-t-il déclaré.
Sur le fond du problème — les droits d’Israël dans la partie arabe de Jérusalem — les Etats-Unis se gardent bien de prendre parti publiquement, préférant se concentrer sur la méthode pour renouer le dialogue.
Ce qui les amène parfois à faire le grand écart. Tout en répétant que Washington «aurait préféré que la décision n’ait pas été prise», le porte-parole du département d’Etat Nicholas Burns explique que le nouveau quartier juif à Jérusalem-Est est non pas une colonie de peuplement mais «un projet immobilier» se situant à l’intérieur des frontières administratives de Jérusalem. Un argument qui tend à légitimer l’initiative de M. Netanyahu.
Les Etats-Unis se retrouvent, pour la seconde fois en six mois, face à la tâche ardue de préserver de la débâcle un processus de paix au Proche-Orient sur lequel ils ont misé leur prestige et engagé leur puissance depuis la guerre du Golfe en 1991. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a peu à peu sapé depuis son élection, il y a dix mois, les fondements...