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Actualités - ANALYSE

Troïka : vers un match Baabda-Koraytem...

Et la série continue: les débats du dernier Conseil des ministres sont venus confirmer que sur plus d’un point, Baabda et Koraytem sont désormais en désaccord ouvert. D’où un climat de tension que les uns attribuent «aux pratiques désinvoltes d’un chef de gouvernement qui veut prendre seul toutes les décisions» et les autres «à l’obstination que la présidence de la République met à vouloir récupérer les prérogatives quasi dictatoriales d’avant Taëf».
En marge de cet échange d’amabilités, qu’on peut considérer comme un tir préparatoire d’artillerie, des témoins neutres indiquent que «M. Rafic Hariri affichait lors du dernier Conseil une mine sombre, refrognée, tout à fait inhabituelle chez cet homme jovial, qui d’habitude aime bien détendre l’atmosphère par des blagues bon enfant. Force est d’en déduire que sa séance de travail préliminaire avec le chef de l’Etat ne s’est pas bien déroulée...». De diverses sources, on confirme en effet que cette rencontre préparatoire de routine a dégagé bien plus de thèmes de discorde que d’entente. Et on précise que les deux hommes campent sur leurs positions — opposées — concernant l’Université libanaise. A ce propos, les haririens croient pouvoir indiquer que leur chef «a été particulièrement agacé par les propos (présidentiels) parus dans la presse mettant fortement en doute la légalité même des récentes nominations de doyens et de la création d’une nouvelle faculté à l’U.L.. Comment un dirigeant connaissant la Constitution et les lois en vigueur sur le bout des doigts peut-il contester la régularité de décisions prises en conseil des ministres?...».
Ces sources notent ensuite que «par contre, M. Hariri, qui n’ignore pas les règles, reconnaît que le chef de l’Etat a parfaitement le droit de faire opposition aux décrets, de ne pas les contresigner et de prier le Conseil des ministres de réviser ses décisions...».
Toujours est-il que les deux parties sont finalement convenues de laisser le Conseil d’Etat trancher entre elles sur les nominations à l’U.L.. Ce qui du reste étonne très fort un opposant qui estime qu’«en aucun cas un tribunal administratif ne peut constituer un recours d’arbitrage entre dirigeants politiques, pour une question qui dans le fond est de nature politicienne bien plus qu’administrative. A la rigueur, on peut saisir le Conseil constitutionnel et encore, sa décision servirait à corriger les impuretés techniques de textes, pas à en modifier le fond...».
Il reste que ce litige sur l’U.L. a visiblement déteint sur d’autres dossiers, dans ce sens que les protagonistes n’ont tout simplement pas envie pour le moment de se faire mutuellement des fleurs et encore moins des concessions. Il s’agit entre autres de l’interdiction de cumul entre un mandat de député et un mandat d’édile, ainsi que de l’élection au suffrage universel des présidents de conseils municipaux. Cependant, ces différends doivent en principe être réglés par l’Assemblée nationale qui doit se prononcer sur le projet de nouveau code municipal dont elle est saisie. Forme de verdict quand même plus normale sur le plan institutionnel que celle confiée au conseil d’Etat dans l’affaire de l’U.L..
Comble d’ironie: c’est maintenant la deuxième présidence qui joue en sourdine un rôle d’apaisement au sein de l’ex-troïka. Ainsi, pour ne fâcher personne, M. Nabih Berry laisse ses proches préciser en direction des médias qu’il n’avait rien demandé personnellement en ce qui concerne l’U.L., ajoutant qu’il n’a jamais plaidé pour une parité égale avec les sunnites mais simplement qu’on porte de deux à trois le nombre de doyens chiites. Ces sources imputent dès lors la responsabilité «au fait que M. Hariri, plutôt que de donner un décanat sunnite aux chiites, plutôt que de n’avoir plus que deux doyens sunnites contre trois chiites, a imaginé de créer une nouvelle faculté avec un nouveau poste de doyen, ce que nous n’avions jamais réclamé».
Ces précisions peuvent paraître comme un reflet d’ingratitude... «Mais, conclut un député, c’est assez normal: M. Hariri fait un peu peur à tout le monde par sa boulimie de pouvoir: ne lui prête-t-on pas, par exemple, l’intention de parachuter Mouhib Itani au port puis de changer le mohafez de Beyrouth pour donner ce poste, réservé aux orthodoxes, à un sunnite...».
Encore une affaire en perspective, si cela se confirme.

Ph.A.-A.
Et la série continue: les débats du dernier Conseil des ministres sont venus confirmer que sur plus d’un point, Baabda et Koraytem sont désormais en désaccord ouvert. D’où un climat de tension que les uns attribuent «aux pratiques désinvoltes d’un chef de gouvernement qui veut prendre seul toutes les décisions» et les autres «à l’obstination que la présidence de la...