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Actualités - CHRONOLOGIE

Malgré les obstacles, l'UE refuse de baisser les bras Moratinos à Beyrouth : une nouvelle formule pour relancer le processus de paix

Alors que l’ensemble du processus de paix au Proche-Orient paraît plus que jamais dans une phase difficile, et alors que l’Administration américaine semble avoir marqué une pause dans ses efforts visant à relancer les pourparlers bilatéraux avec l’Etat hébreu, l’Union européenne, par la bouche de son envoyé spécial au P.-O., M. Miguel Angel Moratinos, a lancé une nouvelle «formule» pour tenter de réactiver les négociations entre Israël, d’une part, le Liban et la Syrie, d’autre part. Basée sur le principe du «retrait total contre la sécurité totale», cette formule a été annoncée par M. Moratinos au terme de l’entretien qu’il a eu hier matin avec le chef de la diplomatie Farès Boueiz.
Arrivé en début de matinée à Beyrouth, en provenance de Damas, l’émissaire européen a également conféré dans l’après-midi avec le chef du Législatif Nabih Berry et le premier ministre Rafic Hariri. Durant le week-end écoulé, il s’était entretenu à Damas avec le ministre syrien des A.E., M. Farouk el-Chareh.
La «formule» de relance des pourparlers bilatéraux préconisée par l’U.E. est-elle réellement susceptible de sortir le processus de paix de l’impasse? De nombreux observateurs se montrent particulièrement prudents, voire sceptiques, à ce propos. Une source diplomatique locale rappelle sur ce plan que Washington insiste à rester maître du jeu au Proche-Orient et ne saurait tolérer, par voie de conséquence, que l’initiative lui échappe au niveau des efforts de paix. De surcroît, l’Administration Clinton s’emploie actuellement à réexaminer le dossier du P.-O. à la faveur de la nomination du nouveau secrétaire d’Etat, Mme Madeleine Albright.
Dans ce contexte d’attentisme, la démarche européenne est-elle isolée ou aurait-elle été effectuée de concert avec les Etats-Unis? Dans sa déclaration à la presse, hier, M. Moratinos a explicitement fait état de la seconde éventualité, affirmant que d’une manière générale, il coordonne ses efforts avec l’émissaire américain pour la paix au P.-O., M. Dennis Ross, et que, par conséquent, les deux actions américaine et européenne sont «complémentaires».
Si une telle coordination s’avère réelle et effective, la nouvelle «formule» préconisée par l’U.E. serait-elle viable? Force est de constater à ce propos que le principe de la «sécurité totale» en échange du «retrait total» est bien en deçà de la formule de Madrid «la paix en échange des territoires». La «sécurité totale» ne signifie pas, en effet, la conclusion
d’une paix en bonne et due forme. A la lumière des données présentes dans la région, cette option pourrait séduire — pour des raisons évidemment différentes — aussi bien le pouvoir syrien que le gouvernement de M. Benjamin Netanyahu.

Les indications
de Moratinos

S’adressant aux journalistes à l’issue de son entretien avec M. Boueiz, l’émissaire européen devait indiquer qu’il avait informé l’Administration américaine ainsi que les dirigeants israéliens et syriens de la formule préconisée par l’U.E. «Les Américains, a précisé M. Moratinos, n’ont pas encore réagi officiellement. Quant aux Israéliens, ils sont en train d’étudier la proposition».
L’émissaire européen a déclaré dans ce cadre que sa formule donne satisfaction aussi bien à Israël qu’à la Syrie ou au Liban. «J’ai discuté avec M. Boueiz de cette formule qui vise à enclencher une nouvelle dynamique dans la région, a souligné M. Moratinos. M. Boueiz a estimé que cette suggestion est valable et qu’il faut la développer. Je pense qu’elle satisfait toutes les parties car tout le monde aura ce qu’il réclame. Certains réclament le retrait et la restitution des territoires, et d’autres parties insistent sur la sécurité totale. Je pense que chaque partie obtiendra ainsi satisfaction».
M. Moratinos a, d’autre part, souligné, en réponse à une question, qu’il n’existe aucune contradiction entre l’action européenne et les efforts de paix américains. «Au contraire, a-t-il souligné. J’étais à Washington et j’ai rencontré le coordinateur américain pour la paix au Proche-Orient, M. Dennis Ross. Nous nous sommes entendus sur un plan de travail complémentaire. Nous travaillons avec une volonté commune de faire avancer le processus de paix».
De son côté, M. Boueiz a précisé que «le retrait total représente une demande libanaise et syrienne».
«Le second terme de la formule (la sécurité totale) est acceptable s’il porte sur l’engagement de chaque Etat à assurer la sécurité, mais si cela devait signifier qu’Israël maintient des droits sur les territoires dont il se retire ou impose des conditions limitant la souveraineté de chaque pays, cela annulerait le principe», a-t-il dit.
M. Boueiz a estimé que la proposition de M. Moratinos «vaut la peine d’être cristallisée» et pourrait «constituer un pont» vers «la terre contre la paix», formule adoptée lors de la conférence de Madrid (1991).
«La paix suppose la définition des relations futures, politiques et autres, alors que la nouvelle formule ne prend en considération que l’aspect sécuritaire, plus facile à atteindre», a-t-il dit.
Alors que l’ensemble du processus de paix au Proche-Orient paraît plus que jamais dans une phase difficile, et alors que l’Administration américaine semble avoir marqué une pause dans ses efforts visant à relancer les pourparlers bilatéraux avec l’Etat hébreu, l’Union européenne, par la bouche de son envoyé spécial au P.-O., M. Miguel Angel Moratinos, a lancé une...