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Actualités - OPINION

Carnet de route Gibier de potence ?

J’apprends par les journaux que le président Hraoui a déjà laissé pendre onze condamnés à mort depuis son accession au pouvoir et supprimer, depuis mars 1994, l’invocation de circonstances atténuantes pour ce qui est de la peine capitale. Ainsi, les trois gamins (le plus âgé avait 27 ans) manipulés par un quatrième coupable en fuite (1) qui ont été tués lundi dernier à l’aube, au nom de la loi, n’ont certainement bénéficié, par rapport à ce qui eût pu se passer, que de plaidoiries tronquées. Moi, je n’ai pas à faire la morale à M. Hraoui, d’autant que je ne le connais pas, mais je tiens rudement à mon amour-propre national. Or le président de la République a déjà onze pendus à son actif, et les actions du Liban commencent à baisser dramatiquement dans les archives d’Amnesty International et de toutes les organisations humanitaires. Non seulement en raison des exécutions, mais à cause de l’état désastreux et pathogène des prisons du pays (pourquoi pensez-vous qu’on ait tellement tenu à dire et faire répéter que celle de Geagea était «confortable» sinon à cause de la réputation attachée aux geôles libanaises?). Non seulement en raison de la saleté des couloirs, mais pour cause de torture. Si ça continue longtemps, les dirigeants seront considérés de par le monde comme des tyrans, et nous comme des salauds. Après le «havre des libertés» et la «Suisse du Moyen-Orient», et même après cette guerre qui a provoqué tant de compassion dans l’opinion internationale, ça la fiche mal que l’on brise la nuque du premier illuminé venu, fût-il wahabite, maronite ou hezbollahï. Et cela, de plus, à 50 jours de l’arrivée du pape. Ce que le pape vient faire dans mon article, je ne le sais pas, mais je ne crois pas qu’il aime tellement les condamnations à mort, lui qui a passé tant de temps dans la cellule de son assassin intentionnel pour lui faire accepter son pardon. Je n’ai pas à faire la morale au président Hraoui donc, mais nous sommes des milliers de Libanais que l’abolition des «circonstances atténuantes», et, plus généralement, le débat sur la peine de mort, intéressent. Et qui n’avons pas envie de voir notre pays figurer au bas de la liste du libéralisme politique. Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites. Afin que je n’aille pas croupir, moi aussi, dans une maison de redressement, une prison «pour femmes», bref, dans un centre de détention dépendant du ministre de l’Intérieur. Il y avait autrefois, dans le «potins de la commère», je crois, une rubrique qui s’appelait «Liban partout» et traitait des exploits des Libanais de l’étranger (à commencer par les émigrés). Puis, nous tombâmes, en 1976 dans le — Liban nulle — part, tous ensemble. Faut-il maintenant se résigner à mettre le Liban au piquet?

Amal Naccache

(1) Abou Mahjane, «frère, chef et maître» selon les derniers mots d’un des condamnés, serait réfugié, selon certaines informations, au camp palestinien de «Aïn el Héloué», où il circulerait en liberté.
J’apprends par les journaux que le président Hraoui a déjà laissé pendre onze condamnés à mort depuis son accession au pouvoir et supprimer, depuis mars 1994, l’invocation de circonstances atténuantes pour ce qui est de la peine capitale. Ainsi, les trois gamins (le plus âgé avait 27 ans) manipulés par un quatrième coupable en fuite (1) qui ont été tués lundi dernier...