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Actualités - ANALYSE

Une nouvelle pomme de discorde : le port

La terre a beau trembler, imperturbable «feue la troïka» continue dans le pseudo-royaume des ombres sa monotone trajectoire semée de querelles et continue à aller tout droit dans le premier mur qui se présente. L’histoire de la patate n’est pas encore épluchée, l’affaire de l’U.L. n’est pas encore classée, que les trois en sont de nouveau à se crêper le chignon au sujet du partage d’un autre gâteau, le port. Le plus amusant dans cette interminable série mexicaine c’est qu’en dépit d’un flot de bons sentiments et de protestations d’indéfectible «amitié personnelle intacte», pas une seule fois les protagonistes n’ont eu la bonne idée élémentaire de se concerter mutuellement sur un sujet déterminé avant de se disputer. Malgré leurs sempiternelles promesses, dont la seule importance tient du reste à ce qu’elles sont faites aux décideurs eux-mêmes, les termes constitutionnels de «coopération» et de «coordination» des pouvoirs restent totalement lettre morte. L’attaque étant comme on sait la meilleure défense, chacun veut porter le premier coup, précipitation qui explique pourquoi il y a manifestement tant d’improvisation dans les positions qui sont adoptées et, ce qui est nettement plus grave, dans les décisions concrètes qui sont prises, comme on l’a vu pour l’U.L. Chacun cherche également le créneau ou le filon qui n’a pas encore été exploité, pour créer un effet de surprise, et dans ces conditions bien habile est celui qui peut déceler un ordre établi quelconque dans le parcours cahotique imposé au char de l’Etat par le trio conducteur. Par voie de conséquence, on voit des loyalistes qui se rangent aux côtés de l’opposition pour souligner avec bon sens que le pouvoir dans ses trois composantes ne doit pas continuer à naviguer à vue et doit au moins s’entendre sur un calendrier-programme de questions ou de projets, quitte ensuite à s’entredéchirer sur les dossiers autant qu’on veut.

Toujours est-il qu’en ce qui concerne le nouveau litige virtuel, un politicien informé indique que «le président Rafic Hariri veut installer à la tête de la compagnie de gestion un nouveau conseil d’administration. Le port de Beyrouth est en effet une poire juteuse qui donne beaucoup de liquide et le bras droit financier de M. Hariri, M. Fouad Siniora veut en faire profiter les caisses si vides du Trésor. Les bénéfices de la Compagnie du Port serviraient ainsi à combler certaines brèches ou à financer certains projets, dans bien d’autres domaines, au lieu d’être réinvestis comme le veut la logique pour l’équipement, la maintenance et la promotion du secteur portuaire lui-même».

Troc

Selon cette source «faisant d’une pierre deux coups, M. Hariri et ses conseillers souhaitent donc nommer M. Mouhib Itani, démissionnaire de l’EDL par suite de frictions avec son ministre de tutelle M. Elie Hobeika, à la présidence du conseil d’administration du port. M. Hariri devant donc muter l’actuel titulaire M. Antoine Rayess, lui offre de choisir le poste qui lui plairait, à condition de quitter le port».

Package deal confessionnel

«Ce n’est pas une mince affaire, souligne la même personnalité, car par ces transferts M. Hariri briserait tout le package deal confessionnel concernant la répartition des postes de première catégorie. Dans le cadre de cet arrangement général, la présidence du conseil d’administration du port revient à la communauté maronite. Il lui faudrait le troquer contre la direction générale de l’EDL, pour laquelle on songe à un fonctionnaire proche du ministre Farès Boueiz, mais elle y perdrait beaucoup...»

Entrant dans les détails techniques, ce parlementaire explique que «M. Hariri a besoin de contrôler le port de près car il y a des projets précis. Il veut en effet, après les travaux d’élargissement du cinquième bassin confiés à la société «Intercanalis» étaler des installations gigantesques permettant de zoner des milliers de containers que débarqueraient des supercargos et qui seraient ensuite réacheminés, par la route ou de nouveau par mer vers l’hinterland ou toute autre destination commerciale finale, hors des frontières du Liban. Autrement dit, il veut que le port puisse servir d’aire de réexportation, rôle assumé actuellement dans la région par Larnaca qui cependant déborde...»

Un rôle privilégié pour
le port de Saïda?

Et de préciser qu’«outre M. Mouhib Itani, on songe à placer au conseil d’administration du port MM. Henri Pierre Hélou, Abbas Hamiyé, elie Farhat, Jamil Ibrahim et le frère de M. Basile Yared conseiller de M. Hariri».

Une autre source politique affirme cependant pour sa part que «M. Hariri réserve le rôle de port de réexportation à Saïda, après élargissement adéquat, non à Beyrouth qui resterait port commercial ordinaire. C’est parce que l’actuel conseil d’administration du port de Beyrouth s’oppose à ces vues qu’on veut le remercier. Le ministre concerné M. Omar Meskaoui, malgré son amitié pour M. Hariri, est également contre les projets du président du Conseil mais il risque de se voir contourné, dépouillé pratiquement de ses pouvoirs en la matière, si le chef du gouvernement parvient à parachuter les cadres cités. Cependant M. Meskaoui bénéficie de l’appui du chef de l’Etat M. Elias Hraoui qui ne voit pas pourquoi Saïda primerait Beyrouth sur le plan portuaire...»

Ph.A.-A.
La terre a beau trembler, imperturbable «feue la troïka» continue dans le pseudo-royaume des ombres sa monotone trajectoire semée de querelles et continue à aller tout droit dans le premier mur qui se présente. L’histoire de la patate n’est pas encore épluchée, l’affaire de l’U.L. n’est pas encore classée, que les trois en sont de nouveau à se crêper le chignon au...