Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Municipales : pas de triche mais des pressions, estime l'opposition

Faisant les questions et les réponses (il faut bien quand on manque d’audience), un opposant souligne que, «pour les municipales, il n’y a pas à craindre de fraude. Le gouvernement n’aura donc pas à se soucier, en principe, des protestations préventives suscitées par la déplorable expérience électorale des dernières législatives. Il n’aura pas à proclamer qu’il garantit la liberté, la légalité, l’honnêteté du scrutin ainsi que sa propre impartiale neutralité, donc il n’aura pas à mentir».
Ce même opposant poursuit: «En fait, cette sorte d’élection, si elle reste politisée, n’obéit généralement pas aux mêmes critères que les législatives. Elle met en jeu, dans des cercles plus fermés et par là plus explosifs, d’autres intérêts, d’autres alliances. Là, le mérite d’une opération régulière revient non au pouvoir mais aux électeurs, à leur degré de lucidité globale, de civisme et d’honnêteté. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est de ne pas se laisser acheter, intimider ou circonvenir. Autrement, en vase clos, on peut difficilement truquer les élections car tout le monde se connaît, et les morts ne peuvent pas être aussi présents que durant les législatives. D’ailleurs, il va y avoir la carte électorale individuelle — qu’on aurait dû employer dès l’été dernier — et les extraits d’état-civil falsifiés peuvent être jetés au rebut. La carte devrait également permettre, dans certaines régions, de déjouer d’autres «trucs», comme ces dames qui, sous leur voile, ont pu l’été dernier voter plusieurs fois, sous des noms différents, parce que les autorités n’avaient même pas pris la précaution de tamponner les poignets des électeurs à l’encre indélébile, comme cela se fait dans des pays encore plus sous-développés que le nôtre».
«Il reste cependant, souligne cette personnalité, qu’à défaut de pouvoir compter sur la triche, le pouvoir peut user de certains moyens pour mettre en place, dans beaucoup de localités, des conseils municipaux qui lui soient acquis, moyens dont les principaux peuvent s’énumérer comme suit:
— Ne pas délivrer de cartes électorales aux Libanais se trouvant à l’étranger pour leur permettre de voter dans les consulats. En effet, la plupart de ces représentations qualifiées n’ont pas reçu de formulaires permettant à nos compatriotes de demander et d’obtenir la carte. Du reste, dans beaucoup de pays et dans beaucoup de cas, les intéressés doivent parcourir de trop longues distances, et à deux reprises au moins, pour remplir ces formulaires puis pour recevoir leur carte, ce qui est à la fois coûteux, fatigant et décourageant. C’est bien là l’effet recherché car autrement les autorités libanaises auraient permis aux Libanais expatriés de voter avec leur carte d’identité ou ce qui en tient lieu. Cela nous handicape car, à notre avis, la grande majorité des Libanais émigrés de fraîche date sont pour l’opposition».

Délais

«C’est là une remarque si élémentaire, enchaîne ce politicien, que certains députés n’ont pas manqué de la faire. Mais nous avons appris que le gouvernement leur a fait alors observer que si l’on adoptait ce système de facilités, leurs propres candidats pourraient en pâtir... Pour couper court aux objections, le pouvoir a accepté de proroger les délais d’obtention de la carte électorale individuelle, afin que nul ne puisse prétendre qu’il n’a pas eu le temps de la décrocher, pour demander à voter avec la carte d’identité ou avec un extrait d’état-civil. Pourtant, lors des municipales, la carte électorale n’est pas indispensable comme pour les législatives car, répétons-le, les risques de fraude y sont extrêmement réduits.
— Le deuxième moyen de nous rogner les ailes, poursuit cet opposant, est de pousser la majorité parlementaire à récuser l’article qui veut que le président et le vice-président d’une municipalité soient élus directement au suffrage universel et non par les membres du conseil municipal une fois établi. Cela sous prétexte qu’une élection du ticket de tête par le peuple produirait trop de tension et de risques de heurts sur le terrain, tout en réduisant les possibilités de former des listes de coalition et de compromis. Un autre argument veut que le système mette le président et le vice-président à part, par rapport aux conseillers municipaux qui n’auraient plus de prise sur les deux premiers qui ne leur devraient rien. On fait valoir également, qu’en cas d’empêchement de l’un ou de l’autre, on se trouverait en pleine contradiction puisqu’il ne saurait être question de convoquer tout le corps électoral pour élire un nouveau président ou vice-président qui devraient être alors désignés par les membres du conseil. Ce sont les prétextes déclarés mais la vraie raison est que le pouvoir est en mesure d’organiser un arrangement, de faire pression sur le nombre réduit composant un conseil pour l’amener à élire tel ou tel à la présidence et que cela lui est beaucoup plus difficile quand c’est le peuple qui tranche. Dans les nombreuses localités où les candidats les plus populaires, appelés à obtenir le plus grand nombre de voix, sont connus pour être des nôtres, ils risquent de ne pas décrocher la présidence s’ils doivent être désignés par leurs pairs...»
— «Enfin, il est clair que le pouvoir, qui tient à se réserver le quart des sièges dans les villégiatures sous prétexte d’assurer une place à l’élite pour des raisons de compétence, veut ainsi améliorer ses positions et son contrôle politique global», conclut cette source.

E.K.
Faisant les questions et les réponses (il faut bien quand on manque d’audience), un opposant souligne que, «pour les municipales, il n’y a pas à craindre de fraude. Le gouvernement n’aura donc pas à se soucier, en principe, des protestations préventives suscitées par la déplorable expérience électorale des dernières législatives. Il n’aura pas à proclamer qu’il...