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Actualités - ANALYSE

Impressions de la semaine La guerre entre prophètes

Combien avons-nous eu d’attentats suicides depuis les accords d’autonomie? Depuis 1993, on peut les compter. On doit les attribuer les uns au Hamas en 1994, les autres au Jihad islamique, d’autres encore au groupe Ezzeddine al-Kassam.
Nous aurons d’autres attentats, en attendant la conclusion très improbable de la paix entre Juifs et Arabes. Cela, je n’ai pas cessé de le répéter. Feu Rachid Karamé avait annoncé, en 1975, que le président Hélou prévoyait qu’il y aurait à Hébron, à Jérusalem et partout dans les lieux saints des attentats.
Même les autorités religieuses de l’islam m’ont souvent interpellé, au cours d’une entrevue ou d’une simple visite, pour savoir si d’autres attentats étaient prévisibles. J’ai toujours répondu que ces attentats ne cesseraient pas, que la guerre était une guerre de religions, une guerre entre «prophètes». Jusqu’à quand? Disons jusqu’à plusieurs dizaines d’années.
Que le Seigneur nous vienne en aide ! Qu’il intervienne pour faire cesser l’effusion de sang.

La francophonie et nous

Nous sommes en pleine semaine de la francophonie (du 17 au 26 mars) qui enregistre de très nombreuses manifestations en France et dans une soixantaine de pays. Je me demande combien nous sommes de francophones, sur les 5 continents. Un journaliste, M. Franz-Olivier Giesbert, citait, il y a quelques années, le chiffre de 124.500.000. Mais M. Maurice Druon, dans le «Figaro», nous conduisait à près d’un demi-milliard. Je n’ose adopter aucun des deux chiffres. Dans beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie, il y a ceux qui parlent et écrivent fort bien le français, il y a ceux qui le baragouinent et il est très difficile d’établir des statistiques sur des approximations.
La télévision nous consacre une semaine de citations détaillées et chiffrées pour nous parler de «deux cent millions de francophones». C’est fort possible.
Dans la diversité des races et des religions, nous représentons un univers de liberté, de respect mutuel, de coopération humaine, étroite et fraternelle. Certes, depuis le temps de Rivarol et de son discours sur l’universalité de la langue française, l’Europe et le monde ne sont plus les mêmes. La science et la technologie transforment de jour en jour notre planète. Qu’est-ce que cela signifie? Que la langue française doit s’adapter à tous les progrès.
A travers le monde, sur les cinq continents où nous sommes établis, nous voulons contribuer à défendre des valeurs qui, pour l’humanité tout entière, sont des raisons de vivre, des motifs d’espérance.
Mais nous n’oublions jamais que la francophonie est une synthèse de cultures française et arabe. Comme le disait notamment le président Senghor en arrivant à Beyrouth il y a plus d’un quart de siècle: «Vous êtes aussi arabes et aussi universalistes que le sont les peuples les plus avancés en Orient et en Occident».

Fouad Boutros

Une vieille dame demandait à Tania Boutros, à la veille des fiançailles de celle-ci, si le fiancé était bien le Fouad Boutros que chacun connaissait. Elle ajoutait: «Est-ce bien celui qui parle avec une rapidité de mitrailleuse?»
L’histoire fit le tour de la famille et du quartier. Elle n’avait rien de désagréable pour personne, mais elle servait à identifier le candidat.
Je gardai en mémoire ce récit, lorsque Fouad Boutros, ayant cessé d’être greffier au tribunal mixte, avait été choisi par le président Fouad Chéhab pour être ministre. Il ne tarda pas à s’imposer à ses collègues. A mon tour, j’eus recours à «l’homme à la mitrailleuse». Il avait réponse à tout. Il avait gardé cette belle faculté au cours de mon mandat et bien après. J’eus à faire, de plus près, avec cet excellent ministre sûr de lui à juste raison. Mais sous le mandat de M. Elias Sarkis, il fut, pendant six ans à Beyrouth et ailleurs, l’alter-égo du président de la République.
Philippe Takla, lorsqu’il était au Liban et non pas à l’ambassade libanaise en France, ou délégué à l’ONU, avait reçu, devant tous les membres du gouvernement, un témoignage flatteur et sans doute décisif du président Chéhab. Fouad Boutros était là pour remplacer Philippe Takla.
Juriste de grande valeur, parlant plusieurs langues, il avait l’occasion de faire, au nom du Liban, le tour des chefs d’Etat les plus importants de la planète. Il avait retenu et rapporté une confidence du général de Gaulle disant: «En cas de conflit entre Jemmayzeh et Basta, je ne pourrais pas grand-chose pour vous, mais si vous êtes attaqués par quelque ennemi du dehors, je vous promets d’être là pour vous protéger et vous aider pleinement».
Malheureusement pour nous, en avril 1978, le général de Gaulle avait démissionné de ses hautes fonctions. Il s’était retiré à Colombey-les-deux-Eglises. Nous ne pouvions plus demander aucun concours politique à cet homme providentiel.
Combien avons-nous eu d’attentats suicides depuis les accords d’autonomie? Depuis 1993, on peut les compter. On doit les attribuer les uns au Hamas en 1994, les autres au Jihad islamique, d’autres encore au groupe Ezzeddine al-Kassam.Nous aurons d’autres attentats, en attendant la conclusion très improbable de la paix entre Juifs et Arabes. Cela, je n’ai pas cessé de le...