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Actualités - ANALYSE

Conférence pédagogique et débat animé à N.D. de Jamhour Quel manuel d'histoire unifié pour les jeunes libanais?

La conférence organisée hier au collège Notre-Dame de Jamhour aurait pu être ordinaire, adressée à un public d’initiés, d’enseignants et de pédagogues. Et pour cause: le thème en était «La réforme de l’enseignement et ses répercussions sur le public et le privé». Mais c’était compter sans le sens de l’humour des intervenants et l’animation, toute en finesse, du modérateur jésuite de la conférence, le R.P. Salim Daccache.
Il y eut naturellement des moments forts: l’élaboration laborieuse du manuel d’histoire unifié que le directeur général du Centre de la recherche et du développement pédagogique (CDRP), M. Mounir Abou Asli, a qualifié à juste titre, de dossier «explosif»; la langue utilisée (arabe ou langues étrangères?) pour l’enseignement de la philosophie et des civilisations; le niveau des écoles privées serait-il affecté par le programme scolaire «réformé»? «Non», répond, le R.P. Camille Zeidan. «Nous estimons que ce programme est le minimum requis. Mais rien ne nous empêche de hausser les exigences».
Premier à prendre la parole, M. Abou Asli s’est longuement étendu sur la faiblesse du niveau scolaire actuel et donc sur la nécessité de réformer le programme officiel. Autant prêcher des convertis. En revanche, plus intéressante sur le plan pédagogique, est sans doute l’initiation «au sens critique» sur laquelle M. Abou Asli a particulièrement insisté. Désormais le but ne sera plus l’accumulation des connaissances. M. Rafic Eido, directeur pédagogique des Makassed, abondera dans le même sens tout en soulignant la nécessité de redorer le blason des matières mésestimées et dites secondaires.

Les inquiétudes
du privé

Le père Camille Zeidan, secrétaire général des écoles catholiques, a répercuté pour sa part les principales préoccupations de la collectivité chrétienne en insistant, une fois de plus, sur la liberté de l’enseignement. En outre, s’il adhère totalement au principe de l’intégration nationale, le père Zeidan reste toutefois attaché au pluralisme et aux particularismes qui caractérisent les différentes communautés du pays. Et le révérend de mettre en garde contre le fanatisme qui, selon lui, trouve ses origines dans la peur de l’avenir et du progrès. Un seul remède à ce mal, affirme-t-il: le sens de l’objectivité qui doit être inculqué aux élèves libanais. Enfin, le père Zeidan a proposé la création d’un Conseil supérieur pour l’éducation en vue de laisser la voie ouverte au dialogue permanent entre les secteurs public et privé.

Histoire et langue

Un sujet est à peine effleuré lors de l’intervention de M. Eido, en l’occurrence le manuel d’histoire. Mais l’affaire ne manque pas d’être soulevée lors du débat qui suit la conférence. M. Abou Asli reconnaît sincèrement qu’il s’agit là d’une matière «très difficile, explosive». Il a fallu 400 heures et une équipe de douze personnes pour fixer «les objectifs et les principes» du programme. De toute manière, il reviendra au Conseil des ministres de donner son approbation définitive à propos de la question. «Quelle garantie!» lance un auditeur du fond de la salle.
M. Abou Asli se montre toutefois convaincant au sujet de l’enseignement des langues étrangères: dès les plus petites classes, le même nombre d’heures est prévu pour l’enseignement de la langue arabe et pour celui d’une langue étrangère. «Cet enseignement doit être envisagé sur le plan pédagogique et non politique», martèle-t-il. Difficile de faire la part des choses pour un auditoire à grande majorité francophone...
Toujours est-il que l’on sort peu rassuré de cette conférence que MM. Abou Asli et Eido ont voulu rassurante. Nul dans l’assistance ne met en doute leur sincérité et leur bonne volonté. Au plan purement pédagogique en effet, leurs exposés, jalonnés de statistiques et d’organigrammes, ont été bien reçus. Rien à dire sur la nouvelle structure envisagée des cycles maternel, primaire, complémentaire et secondaire. Un peu plus à dire sur les programmes. Hélas, le bât blesse sérieusement quand on sait que l’adoption de cette réforme dépend de la volonté politique d’une trentaine de ministres qui ne sont pas nécessairement au fait des questions pédagogiques...
José JAMHOURI
La conférence organisée hier au collège Notre-Dame de Jamhour aurait pu être ordinaire, adressée à un public d’initiés, d’enseignants et de pédagogues. Et pour cause: le thème en était «La réforme de l’enseignement et ses répercussions sur le public et le privé». Mais c’était compter sans le sens de l’humour des intervenants et l’animation, toute en finesse,...