TEHERAN, 18 Mars (AFP). — La justice iranienne examine actuellement des plaintes déposées contre des firmes allemandes qui auraient fourni des gaz toxiques à l’Irak durant la guerre contre l’Iran (1980-88), a annoncé un responsable judiciaire iranien cité mardi par le quotidien «Tehran Times».
Cette menace survient alors que la justice allemande s’apprête à rendre son verdict dans le procès des meurtriers présumés de quatre opposants kurdes iraniens en 1992 à Berlin, dans lequel les plus hauts dirigeants iraniens ont été mis en cause.
Les plaintes contre des firmes allemandes ont été déposées devant un tribunal de Téhéran par des personnes victimes des attaques au gaz de combat durant la guerre Iran-Irak, a affirmé au quotidien anglophone M. Sam Savadkouhi, responsable de ce dossier au ministère de la Justice.
Selon ce responsable, il est «trop tôt pour donner les noms» de ces entreprises, qui sont «principalement allemandes». Ces firmes «participaient sans aucun doute à la production d’un gaz toxique utilisé pour la fabrication de bombes chimiques», a-t-il ajouté.
M. Savadkouhi n’a pas exclu une éventuelle mise en accusation du gouvernement allemand, affirmant que la justice iranienne cherchait à déterminer si les autorités fédérales étaient au courant des agissements de ces firmes.
Compensations pour
les victimes

Le responsable iranien a également indiqué que les victimes ou familles des victimes étaient en droit d’attendre des compensations. Il n’a pas donné de date pour un éventuel verdict, tout en ajoutant que la justice iranienne avait déjà un ordre du jour pour traiter cette affaire.
Neuf ans après la fin de la guerre, l’Iran a au cours des derniers mois menacé à plusieurs reprises d’attaquer l’Allemagne sur la question des armes chimiques, liant implicitement cette affaire au procès en cours à Berlin.
Ce procès, surnommé «Mykonos» du nom du restaurant berlinois où a eu lieu l’assassinat des opposants kurdes, a entraîné une nette dégradation des relations entre l’Iran et l’Allemagne depuis plusieurs mois.
Le Parquet fédéral allemand a accusé les plus hauts dignitaires iraniens, en particulier le guide de la révolution islamique l’ayatollah Ali Khamenei et le président Ali-Akbar Hachémi-Rafsandjani, d’avoir commandité ces meurtres.