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Actualités - ANALYSE

Troïka : normalisation amorcée après la visite de Berry à Damas ...

Un langage fleuri qui confirme que la normalisation interprésidentielle est en cours, bien qu’on veuille apparemment y mettre les formes et ne pas trop précipiter les choses. A son retour de la capitale syrienne, où il a exposé au président Assad son point de vue sur le litige qui l’oppose à l’Exécutif M. Nabih Berry, prié de dire s’il allait maintenant se rendre auprès du chef de l’Etat de son propre pays a répondu: «Le chemin de Baabda, je le connais parfaitement et je l’emprunterais si la nécessité s’en fait sentir»…
Auparavant il avait cependant tenu à arrondir les angles en déclarant: «Il n’existe pas de conflit entre mon président, chef du pays et moi-même, mais des divergences de points de vue. Aucun problème ne peut altérer notre amitié. Le différend porte sur une question de méthode, mais nous nous retrouvons toujours autour du Liban, de l’amour pour la patrie».
Des sources loyalistes indiquent pour leur part que «l’on ne souhaite pas que la visite du président Berry à Baabda, qui doit intervenir prochainement, apparaisse comme le résultat direct de sa démarche à Damas... On laissera donc filer quelques jours avant la vraie réconciliation».
A ce propos justement, la question se pose de savoir si les deux hommes, qui ont maintenant dépassé l’aspect personnel franchement pénible de leur querelle, pourront s’entendre sur le fond. A savoir sur les retouches constitutionnelles dont le chef de l’Etat fait son cheval de bataille, affirmant qu’il ne manquera pas d’en saisir le Conseil des ministres pour que ce dernier à son tour en saisisse la Chambre. L’insistance du président de la République n’avait pas semblé altérée, comme l’avaient pronostiqué certains loyalistes, par sa dernière entrevue avec le président Assad. Autrement dit ce dernier n’aurait pas amené son visiteur libanais à changer d’avis et s’il lui a peut-être conseillé de ne pas envenimer les choses, il ne lui aurait pas donné tort sur le fond. En revanche, selon les partisans de M. Berry, M. Assad se serait également montré compréhensif à l’égard des positions de leur chef qui, comme on sait, a fait part du «décès» de la troïka en affirmant qu’il faut désormais laisser les institutions jouer régulièrement et pleinement leur rôle. Selon ces sources, le président Assad aurait répété qu’il faut effectivement privilégier avant tout l’Etat des institutions, dont chacune doit pouvoir exercer ses prérogatives sans interférence, mais dans un esprit commun de coopération de pouvoirs. Et d’ajouter qu’encore une fois le chef de l’Etat a pressé les autorités libanaises d’œuvrer à la consolidation de la stabilité intérieure de leur pays, en laissant aux institutions le soin de régler les litiges qui peuvent survenir entre eux, car la gravité de la situation régionale ne permet aucune digression secondaire ou futile. Le président syrien a donc mis l’accent, précisent les proches de M. Berry, sur la nécessité de cimenter l’unité nationale et de donner l’exemple au niveau officiel par une étroite coordination entre les pouvoirs.
Pour en revenir aux amendements constitutionnels, il est vrai que le chef de l’Etat y tient mais on aura noté que pour ne pas faire monter la tension, il n’en a toujours pas saisi le Conseil des ministres alors qu’en décembre il indiquait qu’il le ferait une fois que la Chambre en aurait fini avec le débat sur le Budget.
Il est donc probable que lors de leurs prochaines retrouvailles MM. Hraoui et Berry traiteront de ce contentieux; mais aussi de questions comme le code en gestation des municipalités, le projet de nouvelle loi électorale et le plan de décentralisation administrative, trois thèmes qui font également l’objet de dissensions entre Exécutif et Législatif. Un autre dossier épineux gelé pour le moment: la permutation des directeurs généraux affichant plus de trois années de service dans leur poste actuel. Un mouvement administratif difficile en pratique à initier, à cause des sempiternelles considérations de dosage confessionnel... Du reste selon des loyalistes informés, la tendance est au gel de tous les problèmes qui suscitent des tiraillements, du renvoi de leur discussion à la rentrée politique d’octobre, après le élections municipales de juin et les vacances d’été... Cela sous le prétexte commode que les élections vont mobiliser toutes les énergies politiques dans le pays; mais en réalité, pour éviter de remettre le feu aux poudres entre dirigeants à un moment où le décideur juge que c’est inopportun. Et le fait savoir.

E.K.
Un langage fleuri qui confirme que la normalisation interprésidentielle est en cours, bien qu’on veuille apparemment y mettre les formes et ne pas trop précipiter les choses. A son retour de la capitale syrienne, où il a exposé au président Assad son point de vue sur le litige qui l’oppose à l’Exécutif M. Nabih Berry, prié de dire s’il allait maintenant se rendre...