Ses partisans estiment que le pays a besoin d'un nouveau capitaine Le général Lebed part à la conquête légale du pouvoir russe

Alexandre Lebed, principal opposant au président russe Boris Eltsine et favori des sondages, a rassemblé hier les troupes de son nouveau parti en les appelant à préparer «une prise légale du pouvoir».
Devant plusieurs centaines de partisans de son nouveau Parti populaire et républicain de Russie (RNRP), M. Lebed, 46 ans, a réclamé un départ «au plus vite» du régime actuel, lors du premier congrès de son mouvement tenu à deux pas du Kremlin.
Les 240 délégués des 78 régions de Russie où ont été créées les cellules du nouveau parti sont arrivés à Moscou, «à l’exception des envoyés de Sakha (Sibérie orientale) et de Magadan (Extrême-Orient), arrêtés par l’intempérie», ont annoncé les organisateurs.
Les galons dorés des Cosaques du Sud de Russie, la région natale du candidat malheureux au poste présidentiel, se mêlaient aux chemises blanches d’autres animateurs de ce parti, entrepreneurs, acteurs et même le champion d’échec du monde Garry Kasparov.
«Le régime actuel est impuissant, irresponsable et il n’est pas patriotique (...). (Il) doit partir, et le plus vite sera le mieux», a tonné le général Lebed à la tribune.
«Notre but principal est d’arriver au pouvoir (...) de façon légitime. Nous avons des alliés dans chaque maison russe, car tous sont mécontents de l’état des choses», a ajouté M. Lebed, affirmant que son parti comptait plus de 10.000 membres issus de toutes les couches de la société.
L’ex-secrétaire du Conseil de sécurité russe a appelé la Russie à «choisir sa propre voie, qui n’est pas celle de l’évolution totalitaro-socialiste ni criminélo-capitaliste».
Le programme du parti détaille cette «troisième voie»: réforme de la Constitution, du gouvernement du pays, durcissement du code pénal.
Quant à l’armée, «le soldat russe était et sera équipé des meilleures armes au monde» car «la base de l’Etat russe doit être sa puissance militiare», selon le texte.
Parmi les alliés du général nationaliste, figure le champion d’échecs russe Garry Kasparov. Celui qui était il y a encore huit mois «personne de confiance du candidat Eltsine» a fait hier un éloge appuyé d’«Alexandre Ivanovitch» affirmant que «tous les espoirs actuels de la Russie étaient liés aujourd’hui à ce seul nom».
Le champion mondial d’échecs, qui n’est pas membre du RNRP, a appuyé sur les deux mots d’ordre de M. Lebed: l’ordre et la stabilité qui doivent sauver la Russie.
«La Russie a besoin d’un autre capitaine», renchérissait une déléguée du port de Mourmansk (nord).
Le RNRP doit signer aujourd’hui une alliance avec certains partis et mouvements «d’orientation patriotique et centriste», mais dont le général Lebed n’a pas voulu dévoiler les noms «avant terme».