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Actualités - REPORTAGE

Au douzième jour de sa visite au Brésil Sfeir relance la polémique sur Geagea

Sao Paulo — spécial de Habib CHLOUK
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a de nouveau critiqué hier, au douzième jour de sa visite au Brésil, la «justice sélective» à propos des procès dans lesquels est jugé l’ancien chef des Forces libanaises Samir Geagea et souhaité l’instauration au Proche-Orient d’une paix «globale, juste et durable» susceptible de rendre au Liban son indépendance.
Mgr Sfeir est retourné hier à Sao Paulo, la plus grande ville du Brésil, par laquelle il avait entamé début mars sa visite officielle et pastorale de deux semaines dans ce pays. Dans l’intervalle, il s’était rendu à Brasilia, Belo Horizonte, Salvador de Bahia, Rio de Janeiro et Porto Allegre,rencontrant partout les responsables ainsi que les communautés d’origine libanaise.
A Sao Paulo, il s’est entretenu hier avec le gouverneur de l’Etat Mario Covas, puis avec le maire de la ville Celso Pitta, avant de tenir une conférence de presse en présence de journalistes brésiliens. Ces derniers l’ont interrogé tout particulièrement sur des sujets tels que la souveraineté perdue du Liban, Samir Geagea, la reconstruction du pays, la prochaine visite du pape Jean-Paul II et l’émigration des chrétiens d’Orient.
Questionné au sujet des reproches qu’il adresse régulièrement aux dirigeants libanais, il a répondu: «Je ne fais que dire la vérité et je ne veux pas décevoir le peuple. Le peuple sait ce qu’il en est au Liban. Je ne critique pas, je n’attaque pas, je dis ce qui se fait et ce qui se dit, dans l’intention d’inciter les responsables à rectifier le tir».
Selon lui, «ce qui est reproché (...) c’est que l’on juge seulement M. Geagea alors que d’autres ont également commis ce que M. Geagea a commis. Mais ceux-là, on ne les juge pas». «Il faut juger tout le monde ou bien il faut amnistier tout le monde. Il ne peut pas y avoir de justice sélective», a-t-il lancé.
Il a d’autre part souhaité que la visite du pape Jean-Paul II au Liban, prévue les 10 et 11 mai prochain, puisse «consolider l’unité des Libanais, renforcer leur foi et développer leur vie spirituelle».
A la question de savoir si des modifications étaient en cours dans le texte de l’exhortation apostolique que le pape doit rendre publique lors de sa visite, il a indiqué que la question était «à l’étude à la secrétairerie d’Etat du Vatican» et jugé implicitement «infondées» les rumeurs selon lesquelles ce document subirait des changements. Selon lui, «il n’est pas dit que n’importe qui peut influencer les autorités du Vatican. C’est à elles de juger de dire ce qu’il convient de dire. Tout le reste est infondé».
L’exhortation apostolique, rappelons-le, doit reprendre les principaux points du message final du synode sur le Liban, tenu en novembre-décembre 1995, message qui avait déclenché à l’époque une polémique au Liban à propos notamment de la mention du pluralisme, de la démocratie consensuelle et du départ des troupes étrangères.
Par ailleurs, le cardinal Sfeir a souhaité que la paix au Proche-Orient soit «juste, globale et durable» et souhaité qu’une fois cette paix instaurée, le Liban puisse «assumer sa responsabilité à l’égard de lui-même». «Lorsque les Libanais seront entre eux, ils seront supposés pouvoir arranger leurs affaires par eux-mêmes comme cela se fait dans tous les pays indépendants», a-t-il dit.
«Avec l’aide de ses fils, résidents ou expatriés, le Liban recouvrera son indépendance, sa souveraineté et son pouvoir de décision sans hégémonie», a-t-il ajouté.
Il a en outre indiqué qu’il avait abordé avec le chef de l’Etat brésilien la visite que ce dernier compte effectuer au Liban, «probablement l’année prochaine».
A la question de savoir si une rencontre était prévue avec le président Jacques Chirac qui entame aujourd’hui une visite au Brésil, il a répondu: «Une visite officielle, surtout celle d’un président de la République, est organisée minute par minute et ne saurait être improvisée. Je souhaite rencontrer le président français mais je ne peux pas modifier le programme (de sa visite)».
Interrogé sur le rôle de Paris au Liban, il a relevé que la France soutenait le Liban. «Mais nous savons qu’elle seule ne peut pas faire en sorte que le Liban recouvre son indépendance. Pour cela, il faut un vaste soutien international».
Il a enfin souligné la gravité de la crise économique et sociale que traverse le Liban et déploré l’importance croissante de la dette extérieure libanaise. Selon lui, cette dette aura des «conséquences néfastes» à l’avenir.
Le patriarche maronite doit quitter le Brésil samedi prochain.
Sao Paulo — spécial de Habib CHLOUKLe patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a de nouveau critiqué hier, au douzième jour de sa visite au Brésil, la «justice sélective» à propos des procès dans lesquels est jugé l’ancien chef des Forces libanaises Samir Geagea et souhaité l’instauration au Proche-Orient d’une paix «globale, juste et durable» susceptible...