"Je n'ai aucune confiance en vous" écrit le roi Hussein au premier ministre israélien Le torchon brûle entre la Jordanie et Israël (photo)

Le torchon brûle entre la Jordanie et Israël. Excédé par les provocations de Benjamin Netanyahu, le roi Hussein a envoyé dimanche dernier un message très dur au premier ministre israélien dans lequel il l’accuse de «détruire le processus de paix. Je n’ai aucune confiance en vous» ajoute le monarque hachémite dans sa missive, qualifiée de «secrète» mais dont les grands quotidiens israéliens ont fait leur «une» hier.
Dépêché de toute urgence à Amman, le ministre israélien de la Défense, Yitzhak Mordehaï, après avoir été reçu par le roi, puis par le premier ministre jordanien Abdel Karim Kabariti, a reconnu l’existence de cette «crise», affirmant toutefois que les deux parties sont déterminées à la surmonter. De son côté, M. Kabariti a précisé que les décisions israéliennes «unilatérales mettent la Jordanie face à des choix difficiles».
A Moscou où il poursuit ses entretiens avec les responsables russes (VOIR PAR AILLEURS), Benjamin Netanyahu s’est dit mécontent «du ton et du contenu» du message royal jordanien. «J’attends de nos partenaires dans la région qu’ils n’adoptent pas automatiquement la position des Palestiniens, chaque fois que nous avons des divergences avec eux», a ajouté le premier ministre israélien. «Ce type de discours apocalyptique et cette attitude hystérique, a-t-il poursuivi, ne sont pas bons pour le processus de paix».
Il a quand même tenu, malgré tout, à réaffirmer sa volonté de faire construire la nouvelle colonie, objet du litige, à Jérusalem-Est, apparemment insensible aux propos du roi Hussein.

«Vous ne serez
jamais Rabin»

Se référant précisément à la décision du gouvernement israélien de construire un nouveau quartier juif (Har Homa) à Jérusalem-Est, le roi, dans sa lettre met en garde: «Si vous ne revenez pas sur votre décision de construire à Har Homa, les conséquences seront désastreuses pour le processus de paix».Sans remettre en question la paix entre le royaume hachémite et l’Etat hébreu, conclue en octobre 1994, et doutant fort que M. Netanyahu veuille «une vraie paix», le roi Hussein soutient que «c’est la période la plus difficile entre nos deux pays».
Employant un langage très peu diplomatique, le souverain hachémite fait une comparaison entre l’actuel chef de gouvernement israélien et son prédécesseur Yitzhak Rabin, «un homme droit et authentique». «Vous ne serez jamais Rabin», écrit-il, en rappelant lui avoir recommandé lors de leur rencontre à Washington il y a quelques mois d’«apprendre» du dirigeant assassiné en novembre 1995.
Selon les journaux israéliens, le premier ministre a répondu au roi: «Il n’est pas dans mes habitudes de porter des accusations personnelles contre des chefs d’Etat (...) Israël et la Jordanie ont déjà traversé des périodes plus difficiles, des tensions plus profondes. Les relations entre nos deux pays ne peuvent être l’otage de celles avec les Palestiniens. Israël entend bien appliquer sa décision de construire à Har Homa», sur la colline de Jebel Abou Ghneim, dans le sud du secteur arabe de Jérusalem annexé.