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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine promet des réformes et un remaniement ministériel (photo)

Boris Eltsine a effectué hier son grand retour, après huit mois de maladie, mais rien n’indique pour l’heure qu’il réussira à mettre en place le mécanisme tendant à faire redémarrer son second mandat. Le président russe, certes, a dénoncé le chaos économique et politique; il a promis un nouveau train de réformes libérales et, dans les jours à venir, un remaniement ministériel «radical», omettant toutefois de donner des précisions. Mais les premières réactions sont plutôt négatives et traduisent un scepticisme nourri par les expériences passées.
Les députés de droite ont salué avec plaisir le nouveau virage promis par le chef de l’Etat, après des mois d’hésitations politiques, tandis que d’autres parlementaires doutaient des suites que le président donnerait à ses promesses.
«Les discours de M. Eltsine au Parlement sont chaque année très impressionnants, mais leur efficacité laisse à désirer», a commenté Alexandre Korjakov, ancien chef de la garde présidentielle tombé en disgrâce et député de fraîche date.
Par ailleurs, la mise en œuvre de ces réformes pèserait lourdement sur une population déjà à bout, avant d’aboutir à l’assainissement escompté.
L’analyste Andreï Kolesnikov a prévenu dans le quotidien «Sevodnia» qu’elle équivaudrait à «une seconde thérapie de choc», dont l’opposition communiste et nationaliste fera immanquablement ses choux gras.
M. Eltsine, 66 ans, a saisi l’occasion de son discours annuel devant les deux chambres du Parlement pour signifier à l’opposition et à ses successeurs potentiels qu’il était de retour aux commandes, et qu’il comptait y rester.
La situation «extrêmement difficile» dans laquelle est plongée la Russie prouve précisément que le gouvernement est «incapable de travailler sans (l’autorité) du président», a affirmé M. Eltsine.
Le président russe a promis un remaniement ministériel «radical» dans les prochains jours, sans donner de précision à ce stade.
Le discours du chef de l’Etat dans l’immense salle de marbre du Kremlin constituait sa plus longue intervention publique depuis sa réélection à un mandat de quatre ans le 3 juillet, et par conséquence un test très attendu de l’état de sa convalescence.

Tchoubaïs au
gouvernement

M. Eltsine a parlé pendant 27 minutes, et non 40 comme annoncé, lisant ses notes d’une voix ferme et sans difficulté apparente.
L’autre défi du président russe était de convaincre le pays — son discours était retransmis en direct à la télévision — qu’il avait des solutions à la crise sociale qui suscite un mouvement de protestation sans précédent.
La population attend le paiement de l’équivalent de 7 milliards de dollars de salaires et retraites, conséquence des multiples dysfonctionnements d’une machine économique livrée à elle même.
M. Eltsine a promis l’imposition d’un strict ordre budgétaire, pour empêcher la gabegie actuelle où les ministères font fructifier l’argent qui leur est alloué avant de le verser à ses destinataires, quand il n’est pas détourné entre-temps.
Mais le président russe a surtout annoncé le lancement d’une série de réformes économiques, qui, si elles sont appliquées, constitueront les mesures les plus libérales depuis les privatisations et la libération des prix de 1992.
Le numéro un russe a demandé l’adoption d’un code fiscal simplifié et épuré de ses innombrables exemptions, pour remplir enfin les caisses de l’Etat — 65% seulement des recettes de l’an dernier ont été perçues.
Il a aussi ordonné un grand nettoyage du secteur social: introduction d’un régime de retraite par capitalisation dans les vingt ans à venir, pour alléger les charges des entreprises, refonte de l’allocation logement afin qu’elle bénéficie aux défavorisés et à eux seuls.
La touche résolument libérale de ces propositions porte la marque d’Anatoli Tchoubaïs, chef de l’administration présidentielle, déjà inspirateur du programme de privatisations de 1992.
M. Tchoubaïs devrait d’ailleurs entrer au gouvernement en tant que numéro deux chargé de l’Economie pour appliquer les réformes dont il est l’initiateur, selon de multiples fuites concordantes.
Boris Eltsine a effectué hier son grand retour, après huit mois de maladie, mais rien n’indique pour l’heure qu’il réussira à mettre en place le mécanisme tendant à faire redémarrer son second mandat. Le président russe, certes, a dénoncé le chaos économique et politique; il a promis un nouveau train de réformes libérales et, dans les jours à venir, un remaniement...