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Actualités - ANALYSE

La cause est maintenant entendue...

Théoriquement majoritaires au départ, les partisans d’un report des municipales doivent quand même déchanter: des sources parlementaires proches de Damas confirment que le feu vert est donné pour l’organisation du scrutin en juin prochain. Un message reçu comme toujours cinq sur cinq Place de l’Etoile où, mardi dernier, les 42 députés qui participaient à la réunion des commissions en présence du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, ont souscrit comme un seul homme au projet. Sans fausse honte, en toute ingénuité, l’un d’eux indique que «cette unanimité répond au souhait des décideurs (...), tout en nous permettant de montrer au gouvernement que nous avons autant le sens des responsabilités que lui et que nous ne nous dérobons pas quand il s’agit d’assumer une échéance d’un intérêt public aussi important».
Argument un peu spécieux, l’essentiel à retenir étant que — opposants et loyalistes confondus — nul dans le système politique en place ne songe à contrecarrer la volonté d’un tuteur qu’agacent déjà trop, après les querelles troïkistes, les gesticulations locales autour de l’affaire des Japonais.
Pourtant le chef du Législatif, M. Nabih Berry, ne cachait pas initialement ses réticences concernant la date de juin, qui risquait à son avis de saborder la saison touristique d’été et de perturber les examens scolaires officiels. Il indiquait qu’il valait mieux procéder dès avril ou mai, et en cas d’impossibilité technique, renvoyer le rendez-vous au printemps prochain. Il suggérait, pour amadouer le gouvernement que d’ici là, on fasse fonctionner la machine en désignant à titre transitoire des édiles là où il en manque.

Le climat de 92

M. Berry avait cru comprendre que les deux autres présidents étaient d’accord pour une telle formule et il avait été désagréablement surpris, indiquaient en janvier ses proches, d’entendre MM. Hraoui et Hariri proclamer que les municipales auraient lieu coûte que coûte, à la date annoncée par le Conseil des ministres. Le président de l’Assemblée, ajoute aujourd’hui son entourage, a cependant compris qu’il n’y avait pas lieu d’insister, après avoir reçu un message l’informant que la position de l’Exécutif répondait aux vœux des décideurs. Il s’est donc incliné, tout en réclamant avec insistance que l’opération se déroule dans les meilleures conditions techniques, c’est-à-dire qu’elle soit précédée de la correction des listes d’électeurs truffées d’erreurs (et de morts votants) ainsi que de la distribution de la carte électorale individuelle.
Le ministère de l’Intérieur s’est donc employé à épurer les listes et à préparer les cartes qui devront en principe être seules utilisées dans le prochain scrutin où on ne pourra donc plus user pour voter d’un extrait d’état-civil comme lors des législatives.
On retrouve donc un peu le climat «imposé» qui avait plané en 1992, quand on avait organisé des élections sans tenir compte de l’avis de la majorité, à cette différence près qu’à l’époque cette majorité se constituait du peuple lui-même tandis que cette fois, elle se résume à la caste politique.
La comparaison se justifie cependant au niveau des rapports de force locaux, dans ce sens que tout comme il y a cinq ans (ou encore tout comme l’été dernier), le pouvoir en place s’assure de solides atouts pour faire passer les candidats qui lui sont acquis et mieux asseoir son influence politique en province ainsi que dans la capitale. On peut objecter à ce propos que les municipales ne sont pas des législatives, qu’elles ne sont pas aussi politisées et qu’elles donnent corps à une autre sorte de clivages... Mais objectivement, elles n’en constituent pas moins un instrument utile dans la manipulation de l’opinion. En effet beaucoup de projets intéressant les municipalités dépendent du bon vouloir du pouvoir central. C’est donc donnant-donnant et tel notable assuré du soutien des autorités pourra faire marcher ses affaires, moyennant son propre appui lors des législatives par exemple...

Pas de considérations
d’ordre politique

De plus, prises comme baromètre, des municipales bien téléguidées peuvent sous-tendre l’argument de propagande officielle qui tend à minimiser la popularité des figures de proue de l’opposition. Sans crainte de se contredire la même propagande affirmera, en cas d’échec des listes loyalistes, que cela ne prouve rien car les municipales n’obéissent pas à des considérations d’ordre politique classique mais à des facteurs purement locaux, de clans ou de familles. Dans tous les cas donc c’est la raison du plus fort — sur le plan général — qui resterait la meilleure...
Toujours est-il que sur le plan pratique ponctuel, des sources informées croient savoir que le gouvernement va quand même jeter un peu de lest et proroger, comme le demandent les députés, le délai pour l’obtention de la carte électorale. Délai effectivement trop court à l’échelon du pays puisqu’il expire à la fin du mois en cours, alors qu’il faut courir à gauche et à droite, toutes affaires cessantes, pour se faire délivrer la fameuse carte électorale individuelle.
On peut donc estimer que c’est moins pour faire plaisir aux députés que pour ne pas se retrouver avec un trop faible taux de participation électorale que le gouvernement se résigne à rallonger le délai en question.

Accusations
de partialité

Sur un plan parallèle, jamais à court d’excuses, les officiels auxquels on fait remarquer que les «moukhtars» qui manquent d’effectifs et de moyens de vérification ne pourront pas gommer à temps tous les morts encore inscrits sur les listes d’électeurs, répondent en haussant les épaules que «cela n’a aucune importance car au niveau des municipales, tout le monde se connaît et les scrutateurs n’auront aucune peine à empêcher les chers disparus de recourir à des urnes qui ne soient pas funéraires...»
Ces mêmes officiels réfutent enfin les accusations de partialité dont on les accable déjà et affirment que «les candidats loyalistes n’obtiendront pas plus vite les cartes pour leur électorat que les opposants car tout le monde sans exception pourra disposer de cette pièce à temps».
C’est ce qui reste à voir.
E.K.
Théoriquement majoritaires au départ, les partisans d’un report des municipales doivent quand même déchanter: des sources parlementaires proches de Damas confirment que le feu vert est donné pour l’organisation du scrutin en juin prochain. Un message reçu comme toujours cinq sur cinq Place de l’Etoile où, mardi dernier, les 42 députés qui participaient à la réunion des...