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Actualités - ANALYSE

Municipales : la fièvre electorale commence à se déclarer

Tardif, le réveil de la belle au bois dormant n’en est que plus agité. Soudain, les députés s’aperçoivent que l’on n’est plus qu’à deux encablures des élections municipales fixées pour début juin par un gouvernement qu’ils ont eu le tort, disent-ils, de ne pas trop croire au départ... Ce qui risque de leur faire manquer l’arrivée. Dans un ultime baroud d’honneur, ces parlementaires s’efforcent encore d’obtenir, sous divers prétextes, le report de l’opération. Ils n’espèrent pas vraiment, reconnaissent-ils en privé, avoir gain de cause et tentent de limiter les dégâts en proposant que tout Libanais qui pour une raison ou pour une autre ne pourrait pas disposer de sa carte électorale puisse quand même voter là où il se trouve avec sa carte d’identité ou un extrait d’état-civil... Ils soulignent que «partout les «moukhtars» se plaignent. le délai qu’on leur donne pour contribuer à la rectification des listes d’électeurs bourrées d’erreurs est trop bref. De même, on ne laisse pas beaucoup de temps aux citoyens pour les formalités d’obtention de la nouvelle carte électorale individualisée. Ils sont tenus d’être en règle d’ici la fin du mois de mars en cours et c’est beaucoup trop court. Il faudrait que ces délais n’expirent qu’à une semaine des élections, fin mai ou début juin. Pour faciliter encore plus les choses, il faudrait que les formulaires de demandes pour les cartes électorales soient disponibles aussi bien dans les caïmacamats de province qu’auprès des postes de FSI et des «moukhtars».
Ces derniers, poursuivent les députés, sont surchargés de missions difficiles, pour ne pas dire impossibles. Leur nombre ayant été fortement réduit par l’érosion du temps comme de la guerre, ils sont en charge chacun de masses impressionnantes d’administrés. On leur demande d’aider à la correction des listes d’électeurs par le traitement des morts, si on peut ainsi s’exprimer. Or le «moukhtar» ne peut légalement confirmer un décès qu’en base d’un acte réglementaire établi par la famille, document dont on a malheureusement appris à se passer de longues années durant. La notoriété publique ne suffit pas en la matière, d’autant que les ruptures du temps de guerre font que beaucoup de gens sont passés de vie à trépas loin de leurs localités, de leurs quartiers d’origine où l’œil du «moukhtar» est censé veiller».

Difficultés

Ces députés soulignent de même que «la correction des listes d’électeurs de toutes les erreurs de transcription ou de doublons qu’on y relève, implique bien évidemment une étroite coopération de la part de la population. Une telle relance nécessite beaucoup plus de temps que les maigres petites semaines que l’on veut octroyer aux auxiliaires de l’état-civil. Il faut que ces listes soient épurées une bonne fois pour toutes, qu’on n’ait pas à s’en plaindre pour les municipales ni à les recorriger pour les prochaines législatives...»
Et d’indiquer ensuite que «beaucoup d’électeurs, notamment les femmes dans les villages reculés, n’ont pas de photos-passeport 3x4 cm et doivent se déplacer pour s’en procurer, trouver ensuite un «moukhtar» qui les connaisse s’il n’y en a pas dans leur localité, ce qui est fréquent puis engager les formalités pour la carte électorale individuelle. De quoi décourager une bonne partie de l’électorat car on a autre chose à faire quand même dans la vie, surtout quand on est plutôt démuni, que de courir après l’Etat et l’Administration pour exercer un droit qui devient une corvée. Il faudrait donc que ceux qui s’estimeraient pressés par le temps aient le droit de voter avec leur carte d’identité ou un extrait d’état-civil».
Les députés cités dénoncent ensuite «comme un clair abus démocratique, le pouvoir donné à un candidat aux municipales ou à la «makhtara» d’agir par procuration au nom d’électeurs illettrés, pour remplir à leur place les formulaires de demande, faire authentifier leurs photos, obtenir leurs cartes électorales que très probablement il garderait par-devers sa personne s’ils ne s’engagent pas à voter pour lui...»
«Il est à craindre également, ajoutent ces sources, que comme pour les extraits d’état-civil dans les législatives, les candidats qui ont dans les bonnes grâces du pouvoir obtiennent les cartes électorales de leurs gens dans les courts délais prévus alors que les opposants n’y parviendraient pas et s’en retrouveraient... sans voix».
«En réalité, concluent ces sources, pour les municipales on n’a pas besoin de carte électorale, toute pièce d’identité pouvant suffire, le risque de fraude étant minime puisque le scrutin se déroule en vase clos et que les gens se connaissent trop bien dans les villages ou les quartiers».

E.K.
Tardif, le réveil de la belle au bois dormant n’en est que plus agité. Soudain, les députés s’aperçoivent que l’on n’est plus qu’à deux encablures des élections municipales fixées pour début juin par un gouvernement qu’ils ont eu le tort, disent-ils, de ne pas trop croire au départ... Ce qui risque de leur faire manquer l’arrivée. Dans un ultime baroud...