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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie : l'armée ordonne un coup d'arrêt à la subversion islamiste

ANKARA, 2 Mars (AFP, Reuter). — L’armée turque, gardienne traditionnelle de la laïcité de l’Etat, a dicté au gouvernement une vingtaine de mesures très strictes, destinées à mettre un coup d’arrêt à la subversion islamiste, tandis que le premier ministre islamiste Necmettin Erbakan semblait minimiser la portée de l’avertissement des militaires (VOIR AUSSI P. 9).
Ces mesures, publiées dimanche par la grande presse, prévoient notamment la prévention des efforts attribués à l’Iran pour déstabiliser le régime. Les militaires prévoient à la fois l’édiction de lois nouvelles et un retour à une application stricte de celles déjà existantes, dont certaines sont même inscrites dans la Constitution, mais qui n’étaient plus entièrement respectées.
Parmi ces dernières, figurent l’interdiction du port de costumes islamiques, la prééminence du mariage civil sur le mariage religieux et l’interdiction de toute politisation de la religion.
Parmi les incidents récents qui avaient irrité l’armée, des membres de la secte extrémiste des Aczmendis, violemment hostile à la république laïque et à son fondateur Mustafa Kemal Ataturk, avaient manifesté en robe et turban noirs, une canne à la main.
Un peu plus tard, leur chef avait été impliqué dans un scandale, où une jeune femme avec qui il avait contracté un mariage religieux, l’avait accusé de viol et d’avoir fait d’elle son esclave sexuelle.
Les militaires annoncent aussi la mise sous étroite surveillance des chaînes de télévision et radio islamistes, où toute propagande pro-charia (loi coranique) sera interdite, et des organisations financières contrôlées par les confréries religieuses.
La liste prévoit également la prévention de l’infiltration de militants fondamentalistes musulmans dans l’appareil de l’Etat, notamment dans les municipalités contrôlées par le Parti islamiste de la prospérité (Refah) de M. Erbakan.
Les militaires s’attaquent aussi aux écoles religieuses destinées à former des imams. Ils veulent que celles qui sont en surnombre par rapport aux besoins soient transformées en écoles professionnelles, ainsi que la fermeture des cours de Coran sous contrôle de groupes fondamentalistes. Ils exigent aussi que l’enseignement élémentaire passe d’une durée de cinq à huit ans.

La vente d’armes
individuelles

Les militaires exigent en outre que cesse le recrutement par les mairies islamistes contrôlées par le Refah des officiers expulsés de l’armée pour leurs sympathies fondamentalistes.
Ils réclament également une interdiction ou un contrôle strict de la vente de fusils à pompe et l’établissement d’une liste des possesseurs de ces armes. La vente de ces armes a enregistré une augmentation ces derniers mois, ce qui a été attribué par l’opposition à des efforts, pour «s’armer», des militants du Refah.
Ces mesures ont été présentées vendredi dernier lors d’une réunion marathon de neuf heures du Conseil national de sécurité (MGK), instance regroupant les hauts dirigeants civils et militaires du pays, qui avait lancé un ultime avertissement à M. Erbakan, à qui est reprochée une dérive fondamentaliste.
«Nous sommes parvenus à notre objectif. Nous allons surveiller l’application de ces mesures. Nous avons fait ce que le Parlement aurait dû faire», a déclaré un chef militaire de haut rang cité par un éditorialiste du quotidien à grand tirage Hurriyet.

Erbakan temporise
et l’armée réplique

M. Erbakan a pour sa part estimé dimanche que les commandants en chef de l’armée, les partenaires de son gouvernement de coalition et le président de la république se trouvaient «en toute harmonie».
Il a conseillé de «bien lire le communiqué du MGK pour pouvoir comprendre que tous ses membres ont une convergence de vue totale sur la préservation de la tranquillité et la paix dans le pays».
M. Erbakan qui semblait minimiser la portée de l’avertissement des militaires à son gouvernement pour la lutte contre la subversion islamiste, s’est aussitôt attiré une verte réplique de l’institution militaire qui a démenti être «en harmonie» avec son gouvernement.
Ce démenti a été exprimé par le secrétaire général de l’état-major général de l’armée turque, le général Erol Ozkasnak, dans une déclaration lue à la télévision turque.
«Les forces armées turques ne se trouvent en harmonie qu’avec ceux qui oeuvrent pour l’application des principes fondamentaux de la république laïque, prônés par Mustafa Kemal Ataturk», a déclaré le général Ozkasnak.
«Une harmonie ne peut exister entre les forces armées turques et ceux qui ne croient pas en la république laïque», a ajouté le général.
ANKARA, 2 Mars (AFP, Reuter). — L’armée turque, gardienne traditionnelle de la laïcité de l’Etat, a dicté au gouvernement une vingtaine de mesures très strictes, destinées à mettre un coup d’arrêt à la subversion islamiste, tandis que le premier ministre islamiste Necmettin Erbakan semblait minimiser la portée de l’avertissement des militaires (VOIR AUSSI P. 9).Ces...