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Actualités - CHRONOLOGIE

Les interrogations sur l'affaire japonaise Hraoui exige une réponse dans les 48 heures Le numéro 2 de la Sûreté de l'Etat aurait été démis de ses fonctions

Le pouvoir a, enfin, jugé que le cafouillage avait trop longtemps duré et que les services de sécurité locaux s’étaient suffisamment discrédités. Le président Elias Hraoui a ainsi convoqué hier après-midi le ministre de la Justice Bahige Tabbarah à qui il a demandé d’enjoindre aux autorités judiciaires de tirer au clair d’ici demain, samedi, l’affaire de l’arrestation de certains membres de l’Armée rouge japonaise. La démarche du chef de l’Etat est intervenue au lendemain de la décision prise par le Conseil des ministres de charger les ministres de la Justice et de l’Intérieur de présenter à la prochaine séance du Cabinet un rapport complet sur la question.
Ce dossier épineux ainsi que certains autres sujets brûlants de l’actualité locale ont été évoqués au cours de deux entretiens nocturnes que le premier ministre Rafic Hariri a eus hier avec, successivement, le président Hraoui et le chef du Législatif Nabih Berry.
Dans les milieux proches du palais de Baabda on souligne que le pouvoir désire tirer au clair définitivement l’affaire de l’Armée rouge et mettre un terme, surtout, au tapage médiatique fait autour de ce problème. De fait, les informations se rapportant à ce dossier se font de plus en plus rares. Ce black-out savamment orchestré reflète la volonté des dirigeants de traiter (et régler) cette affaire loin des feux de la rampe. Dans les cercles loyalistes, on craint, en effet, des retombées néfastes sur la nature des relations avec le Japon.
Dans la journée d’hier, des sources loyalistes ont confirmé les indications que nous avions rapportées dans notre édition de la veille concernant les personnes arrêtées. Celles-ci seraient au nombre de neuf. Une Libanaise (Oumaya Abboud), deux suspects détenteurs de passeports malaisiens, trois autres munis de documents de voyage palestiniens, et trois détenus dont la nationalité n’est pas dévoilée par les services de sécurité. La confirmation de la présence de personnes arrêtées ainsi que l’embarras flagrant dans lequel se trouve le Cabinet Hariri depuis plusieurs jours accréditent la thèse selon laquelle l’arrestation des membres de l’Armée rouge serait une grossière bévue.

On apprend dans ce cadre que le «numéro deux» du service de la Sûreté de l’Etat, le brigadier Ali Makki, avait été démis de ses fonctions et placé à la disposition du ministre de l’Intérieur. Le brigadier Makki servirait-il ainsi de bouc émissaire ou serait-il
réellement «responsable» de l’arrestation des membres de l’Armée rouge? Dans ce dernier cas, le brigadier Makki devrait-il être sanctionné parce qu’il a fait arrêter des personnes jugées suspectes? Ce limogeage, en tout état de cause, confirmerait deux points essentiels: c’est le service de la Sûreté de l’Etat qui a organisé et mené les interpellations dans les rangs de l’Armée rouge; et, d’autre part, ces arrestations pourraient avoir été opérées sans concertations préalables avec les décideurs régionaux (c’est là que le bât blesse...).
Quoi qu’il en soit, à sa sortie hier après-midi du palais de Baabda, le ministre de la Justice a indiqué qu’il avait demandé au procureur général de la République Adnane Addoum de présenter dans les quarante-huit heures un rapport complet sur la question. En réalité, il s’agirait pour le gouvernement non pas tant de tirer cette affaire au clair (puisque les suspects sont entre les mains de... l’Etat), mais plutôt de trouver une issue honorable et acceptable à l’apparente bévue dans laquelle se sont embourbés les dirigeants.
Si le pouvoir se montre ainsi particulièrement soucieux de clore ce dossier au plus vite (du moins au niveau médiatique), c’est qu’il estime que «la situation dans la région est délicate», comme l’a souligné hier soir M. Hariri à l’issue de son entretien, à Aïn el-Tiné, avec le chef du Législatif. «La conjoncture générale dans la région est délicate et nécessite un surcroît de solidarité sur le plan interne», a déclaré le premier ministre.
Ces appréhensions manifestées par les dirigeants, concernant notamment la situation au Sud, expliquent le souci des hautes sphères d’assainir le climat politique dans le pays. La réunion qu’a tenue le président Hraoui en soirée avec M. Hariri aurait porté sur cette question (ainsi que sur le problème de l’échelle des salaires des fonctionnaires du secteur public). Au cours des audiences hebdomadaires qu’il accorde chaque jeudi aux députés, le chef de l’Etat devait d’ailleurs souligner explicitement que «les portes du palais de Baabda sont ouvertes à tout le monde» et que «la situation politique sur le plan interne s’est assainie». L’allusion aux divergences qui ont éclaté au grand jour ces dernières semaines entre la présidence de la République et le chef du Législatif est claire.
Dans ce contexte d’apaisement, le premier ministre s’emploierait à paver la voie à une prochaine rencontre entre le chef de l’Etat et M. Berry. Il reste que bien au-delà de ces retrouvailles de façade, les problèmes politiques de fond qui se posent au pays restent entiers.

M.T.
Le pouvoir a, enfin, jugé que le cafouillage avait trop longtemps duré et que les services de sécurité locaux s’étaient suffisamment discrédités. Le président Elias Hraoui a ainsi convoqué hier après-midi le ministre de la Justice Bahige Tabbarah à qui il a demandé d’enjoindre aux autorités judiciaires de tirer au clair d’ici demain, samedi, l’affaire de...