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Actualités - CHRONOLOGIE

Washington multiplie les mises en garde à l'adresse de Tel-Aviv

Washington a durci le ton à l’égard d’Israël, à la suite de l’affaire de la nouvelle colonie de peuplement à Jérusalem-Est. Toutefois, l’Administration Clinton n’est pas allée jusqu’à condamner sévèrement en public le gouvernement Netanyahu, dans la crainte d’un effritement d’une majorité parlementaire déjà fragile. Par contre, indique-t-on de bonne source, les Américains n’ont pas manqué en privé de se montrer nettement plus carrés. Du côté arabe, la Ligue doit se réunir dimanche et a déjà réclamé la convocation urgente du Conseil de Sécurité, tandis qu’au Liban, le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz estimait que la paix au Proche-Orient était menacée
Après le porte-parole du département d’Etat Nicholas Burns, mercredi, c’était hier au tour du porte-parole de la Maison-Blanche David Johnson de dénoncer la décision de l’Etat hébreu et d’affirmer: «Depuis l’accord sur Hébron (le 15 janvier), nous encourageons toutes les parties à prendre des mesures pour établir la confiance. Et la décision sur Har Homa ne constitue pas le genre d’actions qui, selon nous, peut y contribuer».

Un autre porte-parole de la présidence, M. Michael McCurry, a déclaré: «Franchement, nous aurions préféré que cette décision ne soit pas prise», estimant qu’elle risquait de porter atteinte au processus de paix. Pour lui, le but des efforts de paix doit être de poursuivre sur la percée de l’accord de Hébron et d’encourager les deux parties à prendre des mesures susceptibles de ramener la confiance.
«Cela n’est pas une mesure qui établira la confiance», a ajouté M. McCurry.

M. Nicholas Burns est revenu à la charge jeudi estimant que la décision israélienne «sape clairement les avancées positives enregistrées les dernières semaines dans le processus de paix».

La décision sur le quartier de Har Homa «mine clairement le climat de confiance»
entre Israéliens et Palestiniens et «sape une prémice fondamentale des négociations de paix: les deux parties ont la responsabilité de prendre en considération les besoins de l’autre», a poursuivi le porte-parole.
Le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat «a des défis considérables devant lui. Il doit maintenir l’unité de la population», a relevé Nicholas Burns.
Les Palestiniens «doivent œuvrer avec les Israéliens pour s’assurer que cette décision n’a pas miné toutes les autres choses qui ont été réalisées, et les Israéliens doivent travailler avec eux», a-t-il ajouté.
«Le défi maintenant est de maintenir le processus de paix et de continuer à aller de l’avant», a encore déclaré Nicholas Burns, en indiquant que les Etats-Unis avaient fait savoir à Israël leur opposition au projet de Har Homa, car il était «contradictoire avec les négociations de paix».
«Nous avons eu des déceptions dans le passé. Nous devons les surmonter», a-t-il encore déclaré.
Les déclarations des trois porte-parole américains se veulent sans ambiguïté et montrent publiquement que les Etats-Unis réprouvent la nouvelle décision du premier ministre israélien.
A titre de comparaison, Washington s’était montré plus mesuré pour exprimer son impatience devant le retard pris dans les discussions israélo-palestiniennes sur un retrait partiel israélien de la ville de Hébron, en Cisjordanie.
Pour Anthony Cordesman, du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS), les Etats-Unis envoient plutôt des «signaux» à Israël pour marquer leur réprobation, mais ils se veulent prudents dans leur réaction, sachant que la coalition de la majorité israélienne est fragile.
Anthony Cordesman estime aussi que les Etats-Unis sont beaucoup plus carrés avec les Israéliens en privé qu’en public.
Un haut responsable du département d’Etat avait reconnu mercredi sous le couvert de l’anonymat que les Etats-Unis avaient eu de nombreux contacts avec les Israéliens en prévision de cette décision sur Har Homa et que Washington n’avait «en aucun cas» donné son feu vert à ce sujet. Une façon diplomatique de dire que les Etats-Unis avaient tout fait pour la prévenir.

Les craintes de Moubarak

Quoi qu’il en soit, la décision israélienne a fait l’effet d’une douche froide à Washington où plusieurs responsables avaient exprimé leur espoir et leur optimisme sur la relance du processus de paix au Proche-Orient après l’accord sur Hébron.
Le nouveau quartier juif à Jérusalem-Est augure bien mal de la suite des négociations, en particulier sur le statut de Jérusalem, sans parler du regain de tension et des réactions de colère dans le monde arabe.
De fait, le président égyptien Hosni Moubarak a déclaré craindre une vague de violence, ajoutant avoir informé M. Netanyahu, au cours d’un entretien téléphonique, mercredi, qu’il avait appelé son interlocuteur à s’abstenir «de toute démarche concernant Jérusalem avant de parvenir avec les Palestiniens à un accord acceptable par les deux parties». Le Raïs a révélé qu’il s’apprêtait à rencontrer bientôt le premier ministre israélien pour discuter de la question de Jérusalem.
Quant à la Ligue arabe, elle a dénoncé hier la décision israélienne et convoqué pour dimanche une réunion extraordinaire des délégués permanents des Etats membres, ainsi que l’a indiqué son secrétaire général, M. Esmat Abdel Méguid. De son côté, le groupe arabe à l’ONU a décidé de demander une réunion urgente du Conseil de Sécurité en vue d’obtenir l’annulation de la décision israélienne.
Dans les rangs palestiniens, on note une nette escalade verbale. C’est ainsi que M. Yasser Arafat a considéré le projet israélien comme une menace pour la paix et «une grave violation des efforts de paix». Le Hamas a menacé de s’attaquer aux colons et a mis en garde contre une nouvelle effusion de sang.
«Nous considérons que les colons sont des combattants qui demeurent des cibles légitimes pour tous les combattants et les «moudjahidine» de notre peuple héroïque», affirme un communiqué de Hamas.
«Le sang qui a coulé lors du soulèvement de la mosquée El-Aqsa (en septembre) ne sera pas le dernier, ni nos martyrs abattus en défendant El-Aqsa» à Jérusalem-Est, selon le communiqué.
Il se référait aux affrontements israélo-palestiniens provoqués par le creusement par Israël d’un tunnel longeant l’Esplanade des mosquées à Jérusalem et qui ont fait 87 tués.
Enfin, les Fronts populaire et démocratique de libération de la Palestine (FPLP et FDLP) ont appelé l’Autorité palestinienne à agir pour contrer la politique israélienne de colonisation.
Washington a durci le ton à l’égard d’Israël, à la suite de l’affaire de la nouvelle colonie de peuplement à Jérusalem-Est. Toutefois, l’Administration Clinton n’est pas allée jusqu’à condamner sévèrement en public le gouvernement Netanyahu, dans la crainte d’un effritement d’une majorité parlementaire déjà fragile. Par contre, indique-t-on de bonne source,...