LONDRES, 26 Février (AFP). — Le président israélien Ezer Weizman «n’insistera pas» si la reine Elizabeth II d’Angleterre a des «difficultés politiques» pour répondre favorablement à son invitation à se rendre en Israël pour la première fois.
«Si elle éprouve des difficultés politiques, je n’insisterai pas. Mais j’aimerais vraiment la voir là-bas», a dit sur la BBC M. Weizman qui effectue depuis mardi la première visite d’Etat en Grande-Bretagne d’un président israélien.
Le mari de la reine, le prince Philip, s’est rendu en Israël en 1994, suivi l’année suivante par le prince Charles qui l’a représentée aux obsèques du premier ministre israélien assassiné, Yitzhak Rabin, mais la souveraine ne s’est jamais rendue en Israël.
Pour toutes les visites à l’étranger, Elizabeth II ne se décide que «sur conseil de ses ministres», a rappelé un porte-parole de Buckingham Palace.
Quoi qu’il en soit, un voyage de la reine pour le cinquantième anniversaire de la création d’Israël l’an prochain semblait très improbable, affirmait-on dans son entourage, car son programme est déjà très chargé pour les prochaines années et ce genre de visite se prépare très longtemps à l’avance.
M. Weizman ayant formulé son invitation au banquet d’Etat mardi soir, juste après que la souveraine eut prononcé son discours, celle-ci n’a pas eu à y répondre.

Pilote de la RAF

Protocole oblige, elle a fait savoir par un porte-parole qu’elle était «très reconnaissante au président de cette aimable invitation» et qu’elle envisageait d’y répondre «à un moment opportun pour les deux parties».
Ezer Weizman, pilote de la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale et dont l’épouse Reuma est née à Londres, a reçu des mains de la souveraine un modèle réduit en argent d’un avion Spitfire, ainsi qu’une vieille photo des étudiants du collège de la RAF d’Andover, où figure M. Weizman.
La reine a aussi rendu hommage à l’oncle de M. Weizman, Chaïm Weizman, venu à Manchester pour échapper aux progroms russes et devenu un personnage influent de la communauté juive britannique durant la Première Guerre mondiale avant d’être le premier président israélien.
Assis entre Elizabeth et la reine mère, le président juif a pu manger un menu kasher qu’un traiteur juif avait cuisiné spécialement pour une trentaine des 200 convives.
Soulignant la longue histoire de «gouvernements éclairés» en Grande-Bretagne, où les juifs ont été libres de pratiquer leur foi dès le XVIIe siècle, le président a offert à la souveraine un livre de cartes anciennes vieux de plus de trois siècles.
Mercredi, M. Weizman a notamment visité la Banque d’Angleterre ainsi que l’établissement N.M. Rothschild and sons, et s’entretenu avec Tony Blair, puis John Major.