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Actualités - CHRONOLOGIE

Armée rouge : c'est toujours le cafouillage Les ministres de l'Intérieur et de la Justice chargés de préparer un rapport sur cette question (photo)

La mystérieuse et rocambolesque affaire de l’Armée rouge japonaise continue de faire couler beaucoup d’encre sans pour autant que les tenants et les aboutissants de ce dossier soient quelque peu élucidés. Le Conseil des ministres, réuni hier après-midi à Sanayeh sous la présidence du chef du gouvernement Rafic Hariri, s’est penché sur la question et a demandé aux ministres de l’Intérieur et de la Justice de présenter, lors de la prochaine séance du Cabinet, un rapport complet sur cette affaire.
Les deux ministres seraient en fait chargés, selon des sources dignes de foi, de paver la voie à une solution acceptable au problème de l’arrestation, dans la Békaa et à Beyrouth-Ouest, de plusieurs membres japonais de l’Armée rouge. Car en dépit de l’embarras et des multiples contradictions qui se manifestent depuis plusieurs jours à ce sujet au niveau du pouvoir, il paraît difficile de croire à la version de certains responsables selon lesquels «il n’y a pas de Japonais arrêtés auprès des autorités judiciaires».
Pas plus tard qu’hier, M. Hariri a confirmé en effet indirectement, et d’une manière implicite, que des membres de l’Armée rouge ont été arrêtés. Le chef du gouvernement a, de fait, souligné à ce propos qu’il fallait «attendre la fin de l’enquête» et que les services de sécurité n’avaient pas encore achevé leurs investigations sur ce plan. Or s’il y a enquête, c’est qu’elle est menée avec des suspects, et donc avec des personnes appréhendées Les observateurs notent dans ce cadre que les responsables qui nient l’arrestation de Japonais jouent vraisemblablement sur les mots. Il se confirme ainsi que les suspects qui sont sous les verrous sont détenteurs de passeports, non pas japonais, mais plutôt étrangers. Deux d’entre eux seraient munis de passeports malaisiens et trois autres seraient détenteurs de documents de voyage palestiniens. Des sources dignes de foi proches du gouvernement précisent que trois autres suspects arrêtés sont munis de passeports «non identifiés». Une jeune femme libanaise, Oumayya Abboud, serait également sous les verrous. Les sources loyalistes précitées indiquent par ailleurs que l’enquête (menée par qui?) pourrait être achevée dans quelques jours...
Comment pourrait-on expliquer cet inqualifiable cafouillage manifesté par les responsables au sujet de cette affaire? Selon certaines informations, la balance semblait pencher au cours des dernières vingt-quatre heures en faveur de la thèse selon laquelle les membres de l’Armée rouge japonaise auraient été arrêtés par un service local de sécurité sans concertations préalables avec les décideurs régionaux. L’opposition de ces décideurs aux interpellations en question expliquerait le changement subit d’attitude des autorités libanaises responsables.
Il est, certes, difficile au stade actuel de confirmer une telle théorie. Il semble acquis, par contre, que le pouvoir cherche désespérément à étouffer l’affaire et à éviter tout tapage médiatique à ce sujet. Les autorités japonaises auraient cependant adopté une attitude différente et insisteraient pour que Beyrouth leur fournisse rapidement des informations claires et précises au sujet des personnes arrêtées. Cette position ferme aurait été transmise hier au procureur général de la République Adnan Addoum par des diplomates japonais accompagnés d’un expert de la lutte antiterroriste dépêché par Tokyo. Cette entrevue n’a duré qu’une quinzaine de minutes. Juste le temps, sans doute, d’informer le procureur général de la position ferme du Japon.
Un diplomate japonais devait confirmer hier sur ce plan que «plusieurs japonais» figureraient parmi les détenus. «Nous disposons d’informations à la lumière desquelles nous supposons que plusieurs ressortissants japonais figurent parmi les personnes actuellement détenues», a déclaré le diplomate japonais à l’AFP sous couvert de l’anonymat. «Mais les autorités libanaises n’ont toujours pas officiellement confirmé cette information», a-t-il précisé.
Dans les cercles proches du gouvernement on craint que la tournure prise ces derniers jours par cette affaire n’ait un impact négatif sur les rapports avec Tokyo. Or le premier ministre est particulièrement soucieux, dans les circonstances présentes, de sauvegarder les bonnes relations qui lient les deux pays. Le Japon pourrait jouer, en effet, un rôle important dans l’entreprise de reconstruction et de développement en cours dans le pays. C’est dans le but de dissiper tout malentendu autour de cette affaire que M. Hariri pourrait rencontrer au cours des prochaines quarante-huit heures l’ambassadeur du Japon à Beyrouth, M. Yasujji Ishikagi.
En tout état de cause, le dossier des arrestations des membres de l’Armée rouge a été passé en revue au cours du Conseil des ministres qui s’est tenu hier au palais gouvernemental de Sanayeh. Plusieurs membres du gouvernement devaient déplorer à ce propos le cafouillage officiel perceptible au sujet de cette affaire. Décision devait être prise de demander aux ministres de la Justice et de l’Intérieur de présenter un rapport sur ce plan au prochain Conseil des ministres. Au cours de la réunion, M. Hariri devait, par ailleurs, exposer aux membres du gouvernement le bilan de sa visite à Rome et au Vatican où il a été reçu par le pape Jean-Paul II et les dirigeants italiens.
A l’issue de la séance du Cabinet, le ministre de l’Information Bassem Sabeh a donné lecture des informations officielles dont il ressort que M. Hariri a souligné devant les membres du gouvernement que la visite du souverain pontife au Liban, les 10 et 11 mai prochains, «est un signe de grande confiance dans le pays et dans son avenir». «Le gouvernement exprime sa fierté devant la visite au Liban d’une personnalité spirituelle aussi importante que le pape, surtout que le souverain pontife a choisi de venir seulement à Beyrouth sans se rendre dans d’autres Etats de la région qui l’avaient pourtant invité à les visiter», a ajouté M. Hariri.
Il s’est en outre dit satisfait des résultats des entretiens qu’il a eus à Rome, soulignant dans ce cadre le souci du gouvernement italien de consolider ses rapports avec les pays arabes en général et le Liban en particulier. Il a révélé, a encore précisé M. Sabeh, que «les autorités italiennes préparent une série de protocoles économiques et de projets de prêts bonifiés qui doivent être bientôt étudiés en Conseil des ministres». Selon M. Hariri, ces projets seront également examinés lors de la visite que son homologue italien compte effectuer au Liban, le 18 mars prochain.
Le chef du gouvernement a par la suite informé les ministres qu’il doit se rendre prochainement en visite officielle en Russie et au Canada puis au Pakistan où il participera au congrès de l’Organisation de la conférence islamique (OCI).
M. Sabeh a ensuite précisé qu’il a brossé un tableau de la situation administrative et financière de Télé-Liban, ajoutant que le PDG de la chaîne nationale, M. Jean-Claude Boulos, a également fait un exposé similaire mais plus détaillé. Le ministre de l’Information a été chargé de présenter au Conseil des ministres un rapport détaillé sur Télé-Liban durant les prochains jours.
M. Sabeh a poursuivi:
«Le Conseil des ministres a en outre approuvé un projet de loi revêtu du caractère d’urgence et portant sur l’ouverture d’une rallonge dans le budget du ministère de la Santé pour 1997 d’un montant de 76 milliards de livres. Ce montant doit servir à régler les sommes dues aux hôpitaux et établissements médicaux privés liés par contrat au ministère: 16 milliards pour 1995, 55 milliards pour 1996 et 5 milliards pour les blessés de guerre, pour 1996.
«Par ailleurs, le Conseil a approuvé une proposition du ministère des Ressources hydrauliques et électriques de lancer un appel d’offres pour la supervision des travaux d’édification du réseau de distribution d’eau de Wadi Chahrour, Bsous et Bleibel.
«Il a également avalisé la demande du Conseil du développement et de la reconstruction concernant l’indemnisation des ayants droit expropriés pour l’exécution du projet d’agrandissement de l’aéroport de Beyrouth.

«A enfin été approuvée la proposition du ministre de l’Environnement d’amender la décision relative à la décharge de Bourj Hammoud, en permettant aux camions transportant des remblais de terre de vider leur chargement dans ce dépotoir, à condition que la quantité de remblais déchargée n’excède pas 3.000 mètres cubes par jour, un chiffre qui pourrait être révisé à la baisse sur décision du ministre de l’Environnement, et en attendant que le dépotoir soit définitivement fermé après la mise sur pied du plan d’urgence adopté par le Conseil des ministres».

Interrogé sur le fait de savoir si la question de l’arrestation de membres de l’Armée rouge japonaise avait été évoquée et si des ministres avaient été chargés de suivre ce dossier, M. Sabeh a répondu: «Aucune mission n’a été confiée à des ministres. Tout ce qu’il y a, c’est une demande adressée aux ministres de la Justice et de l’Intérieur pour qu’ils fournissent des informations complètes sur cette question au Conseil des ministres lors de sa prochaine séance».
La mystérieuse et rocambolesque affaire de l’Armée rouge japonaise continue de faire couler beaucoup d’encre sans pour autant que les tenants et les aboutissants de ce dossier soient quelque peu élucidés. Le Conseil des ministres, réuni hier après-midi à Sanayeh sous la présidence du chef du gouvernement Rafic Hariri, s’est penché sur la question et a demandé aux...