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Actualités - ANALYSE

Un peu plus d'ordre dans l'ordre public, réclament des ministres

Après l’affaire de Moussalli, abattu au Kesrouan par un commando venu sans ordre de la Békaa, l’histoire de l’arrestation des Japonais (qu’elle soit vraie ou fausse importe peu) vient entre autres rouvrir le dossier de l’organisation sur le plan de la sécurité. On s’aperçoit en effet, preuves tangibles en main, que la coordination la plus élémentaire fait défaut. Aussi bien entre les leviers du pouvoir qu’entre les services techniques. Qu’un Etat fasse entendre successivement deux sons de cloche opposés sur une même affaire, cela fait plutôt désordre, comme on dit familièrement.
Des ministres y ont été impliqués, ce qui n’a pas empêché le procureur Addoum de persifler sur le mode désinvolte qu’il n’y a eu «ni Armée rouge ni armée verte» ni Nippons arrêtés. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, auquel tout ce qui est sécuritaire doit en principe se rapporter, avait indiqué très étonnamment qu’il ne savait rien des arrestations, ajoutant qu’il lui paraissait surprenant qu’un service d’ordre procédât à des interpellations sur le territoire libanais sans en aviser son département.
Or, même si l’on veut concéder qu’il n’y a pas de Japonais en cause, il se confirme qu’il y a eu des arrestations bien que les autorités se refusent à livrer des précisions à ce sujet.
Partant de là, plusieurs membres du Cabinet demandent que l’on «réexamine sérieusement l’organigramme et les modes de fonctionnement respectifs des différentes polices déployées sur le terrain. Il faut que ces services variés gardent clairement le contact avec leur autorité politique ou administrative de tutelle. Le service de Sûreté de l’Etat, qui a agi motu proprio dans le Kesrouan pour Moussalli et qui a démenti l’histoire des arrestations de Japonais, dépend en principe de la présidence du Conseil et n’est donc pas rattaché à l’Intérieur».
«Cette exception, selon ces ministres, explique sans doute bien des choses car il est plus facile d’«oublier» d’en référer au chef du gouvernement, toujours très occupé ailleurs, que de négliger le ministre de l’Intérieur qui suit de très près ce qui se passe dans le pays sur le plan de la sécurité. Il y a donc là une faille qu’il faut réparer car la sécurité est un tout aux parties indissociables. On ne peut la fractionner, la répartir entre plusieurs autorités politiques de recours distinctes. Par souci élémentaire d’efficience, il faut centraliser l’ordre public et tout ce qui se rapporte à la sécurité. Il n’y aurait pas eu les bavures du Kesrouan, des arrestations illégales à l’Est et des Japonais».

Effectifs et
compétences

Ces ministres pensent donc que «tout doit être sous le contrôle exclusif du ministre de l’Intérieur, quitte à ce qu’il tienne régulièrement au courant les autres instances concernées, la présidence du Conseil ou le ministère de la Défense par exemple».
Mais il y a, souvent, un problème d’effectifs et de compétences à caractère politique, ce qui explique que dans beaucoup d’affaires intéressant la Sûreté de l’Etat, on trouve avant tout la police militaire. Il y a aussi la question du parquet qui, en dépit de la mention exclusive que le procureur Addoum fait du ministère de l’Intérieur, n’est lui-même pas rattaché à ce département alors qu’il a également prise sur la police...
Toujours est-il que le service de Sûreté de l’Etat «n’a condescendu à informer le ministre Murr que le dimanche 23 février alors que les arrestations avaient eu lieu le 15 février. Une notification d’autant plus tardive que déjà la presse mondiale avait retenti du bruit de l’arrestation des membres de l’Armée rouge japonaise. En la démentant avec tant de retard, M. Murr était sans aucun doute dans ses petits souliers car il avait l’air que l’on prête à l’infortuné chef de gare: toujours le dernier à savoir...».
De son côté, le palais Bustros se plaint, à plus juste titre encore, des informations tronquées qu’on lui avait communiquées. Et le porte-parole du gouvernement, M. Bassem el-Sabeh, qui a également annoncé les captures de Nippons, n’est pas logé à meilleure enseigne...

Ph.A.-A.
Après l’affaire de Moussalli, abattu au Kesrouan par un commando venu sans ordre de la Békaa, l’histoire de l’arrestation des Japonais (qu’elle soit vraie ou fausse importe peu) vient entre autres rouvrir le dossier de l’organisation sur le plan de la sécurité. On s’aperçoit en effet, preuves tangibles en main, que la coordination la plus élémentaire fait défaut....