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Actualités - ANALYSE

Le Liban sud, un véritable casse-tête diplomatique

Une question lancinante pour les Américains: comment faire pour calmer solidement le jeu au Liban-Sud jusqu’à la conclusion d’un traité syro-israélien puis libano-israélien? Comment neutraliser ce chaudron en ébullition dont le couvercle risque de sauter à tout moment et en tout cas qui rend les choses bien difficiles sur le plan diplomatique.

Bien sûr l’Administration U.S., tout comme Tel-Aviv d’ailleurs, a sa petite idée là-dessus et même plusieurs idées. Mais elles ne sont pas aisément réalisables. «En 1993, rappelle un ministre libanais, un matraquage israélien d’une violence sans précédent était venu couronner un cycle d’affrontements avec la résistance locale, vidant le Sud de sa population. Il y avait eu alors les accords dits de juillet. Mais au fil des mois, des actions de la guérilla et des ripostes de l’occupant, il n’en est plus rien resté. L’an dernier, il y a eu l’agression d’avril, le massacre de Cana puis les accords tacites d’avril. On avait formé, pour veiller à leur bonne application, un comité dit de surveillance du cessez-le-feu, appellation d’ailleurs inappropriée puisqu’il n’y avait pas accord de cessez-le-feu. Toujours est-il que, se souciant fort peu d’être condamné ou non par ce comité, Israël viole régulièrement ces accords. Il fallait d’ailleurs s’y attendre: pourquoi un Etat qui passe outre à des résolutions impérieuses de l’ONU, comme la 425, se mettrait-il à respecter un «petit» comité provisoire, conjonctuel, fait de bric et de broc?».

Le respect
des accords

«A la longue, poursuit ce ministre, la résistance à son tour ne va plus se sentir concernée par ces accords et le comité, que le Hezbollah traite déjà de «simple mur des lamentations» sans prise sur les événements, pourra plier bagages. En effet sa présence ne suffit pas apparemment pour protéger les civils libanais des bombardements israéliens, aériens, terrestres ou maritimes. Les flambées constantes provoquent une tension qui risque de déboucher sur de nouvelles opérations israéliennes d’envergure, peut-être même sur une guerre régionale».

«Les Etats-Unis, poursuit ce ministre, sont conscients de ce danger. Ils ne sont d’ailleurs pass les seuls car l’Europe, plus particulièrement la France, et les Arabes modérés, dont le président égyptien Hosni Moubarak, travaillent d’arrache-pied à leurs côtés pour stabiliser la situation. Actuellement les efforts diplomatiques visent à amener les protagonistes sur le terrain à un respect absolu de dispositions des accords d’avril 96. Cela pour faciliter la reprise des pourparlers de paix entre Israël et la Syrie puis entre Israël et le Liban. Il faut reconnaître que jusqu’à présent, la résistance locale n’a pas enfreint ces accords: les attaques qu’elle mène visent exclusivement les militaires israéliens et leurs auxiliaires libanais présents sur le sol national, sans frapper la Galilée ni avec des Katioucha ni par des raids de commandos. En revanche, Israël foule aux pieds les accords d’avril, bombarde des villages au canon de campagne ou par les airs et tue dans les champs de paisibles bergers avec des mines camouflées en rocaille. Il ne tient aucun compte des condamnations du comité de surveillance qui a, en outre, recommandé que l’on cesse de planter des mines et de procéder à des raids aériens. Mais cela nécessiterait sans doute un autre accord, et les parties en présence ne sont pas dans cet esprit-là pour le moment».

Bombardements
de représailles

«Pratiquement, ajoute ce ministre, chaque fois qu’un explosif tue ou blesse des Israéliens, ces derniers ripostent par des bombardements de représailles soi-disant dirigés contre de fantômatiques positions de la résistance et qui atteignent en réalité des villages».

«Le seul moyen effectif de remédier à un tel cycle consisterait en un retrait israélien», conclut-il.

E.K.
Une question lancinante pour les Américains: comment faire pour calmer solidement le jeu au Liban-Sud jusqu’à la conclusion d’un traité syro-israélien puis libano-israélien? Comment neutraliser ce chaudron en ébullition dont le couvercle risque de sauter à tout moment et en tout cas qui rend les choses bien difficiles sur le plan diplomatique.Bien sûr l’Administration...