Le gouvernement Netanyahu projette de construire une colonie dans la vieille ville Palestiniens et israéliens s'acheminent vers une nouvelle bataille de Jérusalem(photo)

Une nouvelle «bataille de Jérusalem» se profile sur le «front» israélo-palestinien. En effet, le gouvernement Netanyahu a l’intention d’approuver cette semaine la construction d’un nouveau quartier pour colons dans le secteur est annexé de la Ville sainte. Les Palestiniens ont immédiatement réagi, estimant qu’une telle décision «mettrait le processus de paix dans une situation très dangereuse», selon Saëb Erakat, négociateur en chef palestinien: «Ce sujet pourrait menacer la paix», a confirmé en soirée Yasser Arafat.
La Ligue arabe a également fait part de sa «préoccupation», tandis que Londres condamnait vivement; «la mise en œuvre de ces projets de colonisation serait rétrograde et très contre-productive pour la réussite de l’ensemble du processus de paix», a souligné M. Malcolm Rifkind, secrétaire au Foreign Office.
C’est Ehud Olmert qui a fait l’annonce concernant le projet de la nouvelle colonie à la radio de l’armée après s’être entretenu avec le premier ministre du projet de colonie à construire à Jebel Abou Ghneim, une colline située dans le sud de Jérusalem-est.
Les Palestiniens ont répliqué qu’ils riposteraient par tous les moyens à cette décision, cinq mois après les émeutes qui ont fait plus de 80 morts dans les territoires à la suite de l’ouverture par Israël d’un souterrain archéologique à Jérusalem.
Le nouveau quartier, que les Israéliens ont baptisé Har Homa, doit, selon le projet, comprendre 6.500 logements réservés aux juifs et pouvant accueillir 25.000 personnes.
M. Olmert, député-maire du parti de droite Likoud de M. Netanyahu, a affirmé qu’Israël ferait un geste envers les Palestiniens en autorisant parallèlement la construction de 3.000 habitations pour des Arabes à Jérusalem-est.
«Nous avons décidé que le feu vert à la construction de Har Homa sera donné cette semaine, parallèlement à la décision de commencer la construction dans dix quartiers arabes avec 3.000 logements», a déclaré M. Olmert.
La décision sera prise mercredi par un comité interministériel, puis le projet sera formellement entériné vendredi en Conseil des ministres hebdomadaire, a indiqué la radio.
Israël, qui a conquis Jérusalem-est pendant la guerre israélo-arabe de 1967, l’a immédiatement annexée et considère qu’elle fait partie intégrante de sa «capitale éternelle».
Les Palestiniens en revanche, qui veulent faire de Jérusalem-est la capitale de l’Etat qu’ils ambitionnent d’édifier, ont affirmé qu’ils allaient mobiliser la communauté internationale contre la décision attendue de M. Netanyahu.

Responsabilités
et conséquences

«J’espère réellement que M. Netanyahu ne va pas prendre cette décision», a déclaré le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat. «Cela mettrait le processus de paix dans une situation très dangereuse», a-t-il dit.
«Les Israéliens seront responsables de l’ensemble des conséquences de cette décision», a-t-il dit en réponse à une question sur une éventuelle répétition des émeutes de septembre.
«Les Palestiniens ont tout à fait le droit de défendre leurs terres», a déclaré M. Erakat, rappelant que l’essentiel des terrains confisqués pour construire Har Homa l’avaient été à des propriétaires palestiniens.
Le statut de Jérusalem doit en principe être discuté lors des négociations sur le statut final des territoires palestiniens, qui doivent commencer le mois prochain.
Lundi, la Ligue arabe au Caire s’est «vivement préoccupée par la décision d’Israël» de construire le nouveau quartier de Har Homa qui vise à «achever l’encerclement de la partie arabe de Jérusalem avec des colonies».
La Ligue appelle «le Conseil de Sécurité de l’ONU et les Etats-Unis», principal parrain du processus de paix au Proche-Orient, à «agir urgemment pour qu’Israël arrête sa politique de colonisation dans les territoires arabes occupés, notamment à Jérusalem».
Vendredi dernier, l’Autorité palestinienne et le groupe arabe à l’ONU ont demandé au Conseil de Sécurité «d’agir pour empêcher» la construction de Har Homa. Le représentant palestinien Nasser al-Kidwa, qui préside ce mois-ci le groupe arabe aux Nations Unies, a averti que la mise en œuvre du projet à Jebel Abou Ghneim créerait une «situation dangereuse».
De son côté, le mufti de Jérusalem, cheikh Ekrima Sabri, a annoné lundi que des tractations étaient en cours pour tenir une réunion au sommet du comité Al-Qods, issu de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), et un sommet arabe restreint sur la question de Jérusalem.
«Des contacts sont effectués pour réunir les chefs d’Etat membres du comité Al-Qods, et d’autres contacts plus discrets ont lieu pour tenir un sommet arabe restreint, afin d’examiner les dangers pesant sur Jérusalem et soutenir les Palestiniens», a dit M. Sabri à l’issue d’un entretien au Caire avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Esmat Abdel Méguid.
Le comité Al-Qods (Jérusalem en arabe) a été créé en 1975 lors de la sixième conférence islamique réunie à Djeddah, en Arabie Séoudite. Présidé par le roi Hassan II du Maroc et comprenant treize pays islamiques, il a notamment pour mission de «prendre les mesures nécessaires pour combattre les tentatives israéliennes de dénaturer le caractère originel de la Ville sainte».