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Actualités - CHRONOLOGIE

L'affaire du dossier de l'Armée rouge suscite des questions qui demeurent sans réponses Addoum, après Murr : aucun japonais n'est détenu au Liban (photo)

Au lieu de mettre un terme aux rumeurs qui courent sur l’affaire de l’Armée rouge japonaise, l’annonce hier par le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, qu’aucun Japonais n’a été arrêté au Liban, a suscité nombre de questions qui demeurent sans réponses.
Déjà la veille, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, avait créé la surprise en déclarant, lors d’une intervention télévisée, que la Sûreté de l’Etat l’avait informé dans «une lettre officielle que les autorités ne détiennent pas des membres de l’Armée rouge». «Des Palestiniens qui étaient interrogés sur certains dossiers ont fait état d’une coopération avec des étrangers qui ont été arrêtés et il n’y a pas de Japonais parmi eux», avait-il dit.
Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur du Japon à Beyrouth, M. Yasujji Ishigaki, s’entretiendra aujourd’hui avec le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, de ce dossier.
L’affaire avait été révélée par la presse de Tokyo en date du 17 février et confirmée le jour même par le premier ministre japonais, M. Ryutaro Hashimoto. «Nous avons obtenu une telle information», avait-il dit. Le lendemain, le ministre Farès Boueiz faisait état de l’arrestation par les services de sécurité libanais de Japonais membres présumés de l’Armée rouge, la «Sékigun». «Des Japonais, soupçonnés d’appartenir à ce groupe sont actuellement interrogés», avait-il déclaré.
Le soir même, le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, déclarait à l’issue de la réunion du Conseil des ministres que selon les éléments en sa possession, les Japonais «ont été arrêtés dans la Békaa».
Tard dans la nuit de mardi, l’Agence nationale d’information indiquait, citant un communiqué (de trois lignes) de la Sûreté de l’Etat, qu’«aucun Japonais n’avait été arrêté par (ses) services dans la Békaa».
Pendant ce temps, la délégation sécuritaire japonaise qui se trouve au Liban depuis mercredi dernier attend des informations que personne au Liban n’est en mesure de lui fournir.
Pour la troisième fois depuis mercredi dernier, M. Addoum a reçu hier un responsable des services de sécurité japonais, M. Kitamura, qui était accompagné d’un diplomate près l’ambassade du Japon à Beyrouth, M. Sei. A leur sortie, les deux responsables japonais n’ont fait aucune déclaration. Interrogé par les journalistes, M. Addoum a, pour sa part, affirmé: «Vous devriez peut-être demander encore une fois au ministre des Affaires étrangères (des informations). De toute façon, cette affaire concerne le ministère de l’Intérieur et non pas le palais Bustros».
S’adressant à la vingtaine de journalistes nippons qui campent au Palais de justice, le procureur a ajouté: «Nous n’avons pas de détenus japonais. Ce sont vos médias qui ont diffusé des informations à ce sujet».
Interrogé sur la mission de la délégation japonaise, M. Addoum a précisé: «Les membres de la délégation sont réalistes et attendent des résultats. Pour notre part, nous déployons des efforts pour tenter de les trouver (les membres de l’Armée rouge japonaise). Peut-être que toute cette affaire n’est pas vraie et qu’il s’agit d’un coup de publicité. Lorsque j’aurais en ma possession un rapport officiel je pourrais alors fournir des informations précises».
Selon M. Addoum, la délégation japonaise a exprimé sa «confiance dans l’Etat et dans la justice libanaise».
Pure formule diplomatique, car dans cette affaire, l’Etat s’est sans aucun doute discrédité. Comment se fait-il en effet que deux ministres aient confirmé l’arrestation de ressortissants japonais, pour être contredits quelques heures après par un service de sécurité et quelques jours plus tard par un ministre et un procureur? Une chose est sûre: des arrestations ont bel et bien été opérées, comme l’a dit le ministre Murr. Mais il n’y a pas de Japonais parmi les personnes appréhendées, a-t-il précisé. Faut-il croire que les suspects qui sont aux mains des services de sécurité ne sont pas porteurs de passeports japonais, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’ils ne sont pas de nationalité nippone? L’hypothèse donne à réfléchir, car dès l’annonce des arrestations, la semaine dernière, on révélait que les suspects étaient munis de faux passeports (dont un titre de voyage chinois).
Autre hypothèse: s’agit-il d’une erreur de jugement commise par un service libanais et rapidement rectifiée par les décideurs? Dans ce cas de figure, des membres de l’Armée rouge auraient effectivement été arrêtés à l’initiative d’un service de sécurité libanais, mais l’affaire a été étouffée pour une raison ou pour une autre. Le marchandage qui accompagne généralement ce genre d’affaires a-t-il échoué?
Pourquoi Oumayya Abboud, présentée par la presse comme étant la complice des membres de l’Armée rouge japonaise, est-elle toujours détenue depuis dix jours sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle? Etrange coïncidence, la jeune femme, âgée de 30 ans, est un acupuncteur formé au Japon.
Beaucoup de questions, mais peu de réponses.
Héros pour les uns, terroriste pour les autres, Kozo Okamoto, figure légendaire de la «Sékigun» et seul survivant de l’attaque en mai 1972 de l’aéroport de Lod à Tel-Aviv, court toujours. Son heure, semble-t-il, n’a pas encore sonné.
Au lieu de mettre un terme aux rumeurs qui courent sur l’affaire de l’Armée rouge japonaise, l’annonce hier par le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, qu’aucun Japonais n’a été arrêté au Liban, a suscité nombre de questions qui demeurent sans réponses.Déjà la veille, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, avait créé la surprise...