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Actualités - CHRONOLOGIE

Une dictature au service du développement

PEKIN, 21 Février (AFP). — La peur de perdre à nouveau le pouvoir après trois disgrâces avait conduit Deng Xiaoping à perpétuer pendant ses dix-neuf années de règne un système politique totalitaire entièrement dédié au développement économique.
Deux photos apparaissent souvent dans la presse officielle chinoise pour résumer l’«œuvre» de Deng: celle de sa tournée dans le sud du pays en 1992, qui déclencha le formidable décollage économique de la Chine, et celle de juin 1989 où il félicitait les chefs militaires qui venaient de mater dans le sang un mouvement en faveur de la démocratie.
Ces clichés illustrent la volonté de cet homme décidé à s’imposer à tout prix comme le maître d’une grande puissance économique et qui n’hésitera pas à employer tous les moyens pour arriver à ses fins, jusqu’à faire tirer sur les étudiants place Tiananmen.
«Il faut punir sévèrement ces contre-révolutionnaires», déclarait-il déjà en 1979, quelques mois seulement après son retour définitif au pouvoir, à propos du dissident Wei Jingsheng et de ses amis du «Mur de la démocratie qu’il enverra tous au goulag.
Mais Wei, qui avait osé traiter publiquement le numéro un chinois de despote, ce qui lui vaudra le surnom de «prisonnier de Deng», n’est que la victime la plus connue d’une dictature qui n’aura eu de cesse d’enfermer les opposants, d’exécuter les délinquants et de refuser toute liberté d’opinion.
Et pourtant, à certaines périodes, Deng aura donné l’illusion de vouloir démocratiser le régime en même temps qu’il réformait le système économique.
En août 1980, devant le bureau politique du Parti communiste, il envisagera même la séparation du parti et de l’Etat et demandera aux dirigeants d’étudier les systèmes politiques occidentaux afin, dira-t-il, de «créer en Chine un système démocratique supérieur à celui de l’Occident».
Dans ses «œuvre choisies» (1975-1982), il écrira: «Le fait qu’un dirigeant choisisse lui-même son successeur perpétue une méthode féodale».
Mais ces quelques réflexions ne dépasseront jamais la théorie car, mise en pratique, elles auraient débouché inévitablement sur la décomposition du régime et la chute de Deng.
Plus qu’un idéologue, l’«architecte en chef des réformes» aura été un homme politique pragmatique dont les calculs visaient d’abord à conserver le pouvoir afin de réussir là où Mao et les autres dirigeants communistes de la planète avaient échoué: bâtir un pays socialiste riche.
Voilà pourquoi, en décembre 1980, quatre mois après son éloge surprise de la démocratie, le même homme déclarera devant le comité central: «Il faut renforcer la machine d’Etat de la dictature démocratique populaire».
C’est ce qu’il fera jusqu’à sa mort en gelant les réformes politiques et en réprimant les contestataires à l’intérieur comme à l’extérieur du parti. L’effondrement du communisme en Europe lui fera maintenir ce cap sans hésitation.
PEKIN, 21 Février (AFP). — La peur de perdre à nouveau le pouvoir après trois disgrâces avait conduit Deng Xiaoping à perpétuer pendant ses dix-neuf années de règne un système politique totalitaire entièrement dédié au développement économique.Deux photos apparaissent souvent dans la presse officielle chinoise pour résumer l’«œuvre» de Deng: celle de sa tournée...