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Actualités - CHRONOLOGIE

Après le démantèlement du réseau de l'armée rouge au Liban Tokyo craint des actions terroristes contre ses ambassades La libanaise arrêtée, une experte en acupuncture (photo)

Quarante-huit heures après l’annonce de l’arrestation de membres présumés de l’Armée rouge japonaise, les mesures de sécurité ont été renforcées autour de l’ambassade du Japon à Beyrouth, Tokyo redoutant des actions terroristes. Les autorités judiciaires et sécuritaires libanaises se muraient, quant à elles, dans un silence total, refusant de donner le moindre détail sur le nombre des suspects appréhendés, leur identité ou encore sur l’endroit et les circonstances de leur arrestation.
Interrogé en soirée par «L’Orient-Le Jour», le procureur près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, n’a fourni aucune précision au sujet de cette affaire. «Je ne suis au courant de rien et il n’y a rien de nouveau», s’est-il contenté de dire.
Toutefois, une des deux Libanaises arrêtées avec les cinq (ou sept?) suspects japonais a pu être identifiée. il s’agit d’Oumayya Abboud, une femme de 30 ans qui a suivi des études d’acupuncture au Japon. De source autorisée, on assure par ailleurs que Kozo Okamoto (49 ans), figure légendaire de la «Sekigun» (Armée rouge japonaise), fait bien partie des suspects appréhendés.
Des sources généralement bien informées ont indiqué que quatre des suspects auraient été arrêtés dans un appartement dans la localité de Taanayel.
Selon des informations recueillies par «L’Orient-Le Jour», les services de sécurité ont dû procéder à l’interrogatoire de plusieurs personnes au milieu de la semaine dernière avant de parvenir à localiser les suspects japonais. Ainsi, la sœur d’Oumayya Abboud et son mari, Paul H., ont été arrêtés à leur domicile d’Aïn Remmaneh jeudi dernier. Ils ont été relâchés après deux jours d’interrogatoire. Les enquêteurs leur ont posé des questions sur les activités d’Oumayya qui a suivi une formation d’acupuncture au Japon. A son retour au Liban, cette dernière a ouvert un centre d’acupuncture à Chtaura avec un «médecin» japonais. Samedi, Oumayya a été arrêtée à son tour ainsi que le médecin japonais. De fil en aiguille, les enquêteurs ont procédé à d’autres arrestations. Selon des sources bien informées, Oumayya collaborait aussi avec une association caritative basée dans un village de la Békaa-Ouest. Des médecins japonais venaient régulièrement à l’association «pour la vie et l’homme» pour prodiguer des soins gratuitement. Certains étaient hébergés par Oumayya.
L’avocat de la jeune femme, Me Hani Sleimane, a informé hier M. Addoum au téléphone que sa cliente avait été arrêtée il y a quatre jours à son domicile par des services de renseignements, sans plus de précision, et emmenée vers une destination inconnue. Il a demandé au procureur de la relaxer ou de fixer les charges retenues contre elle. M. Addoum a demandé un délai de 24 heures.
Affirmant qu’Oumayya Abboud n’a pas été soumise à une enquête judiciaire en bonne et due forme, l’avocat s’est élevé, dans un communiqué distribué à la presse, contre «cette détention illégale».
D’un autre côté, les trois membres de la délégation sécuritaire japonaise arrivés lundi à Beyrouth pour examiner ce dossier avec les autorités libanaises sont toujours au Liban. Ils comptent y rester jusqu’à la fin des investigations, selon des sources bien informées.
Hier, le premier secrétaire à la chancellerie nippone, M. Masanori Yagi, a déclaré qu’«en l’absence de traité d’extradition, nous attendrons la fin des procédures judiciaires au Liban, mais nous espérons une réponse positive».
Lundi, l’ambassadeur du Japon à Beyrouth, M. Yasujji Ishigaki, avait fait part aux autorités libanaises de l’intention de Tokyo de demander l’extradition des Japonais arrêtés.
Pendant ce temps, les mesures de sécurité ont été renforcées autour de l’ambassade du Japon à Beyrouth.
En effet, le ministère japonais des Affaires étrangères a demandé un renforcement des mesures de sécurité dans ses ambassades contre d’éventuelles actions terroristes visant à faire libérer les membres présumés de l’Armée rouge japonaise détenus au Liban.
L’Armée rouge aurait constitué en 1991 un groupe clandestin, le «Parti révolutionnaire du peuple», avec pour objectif de renverser le gouvernement japonais, selon des sources policières à Tokyo citées hier par l’agence Jiji.
Une cérémonie marquant la création de ce «parti» a eu lieu à Damas en 1991 et la direction de ce groupe s’est installée à Beyrouth.
Le groupe a quatre sections au Japon et plus de vingt membres qui suivent régulièrement des entraînements militaires, l’un d’eux ayant visé une base aérienne à Komaki (centre).
La police a découvert l’existence de ce groupe après avoir saisi une disquette informatique contenant un manuel de formation. Elle a été saisie dans les affaires de Yukiko Ekita (46 ans), un membre de l’Armée rouge arrêté en Roumanie en mars 1995 pour possession d’un faux passeport.
Ekita avait été aussitôt extradé au Japon mettant fin à 18 ans de cavale.
Le manuel exige l’obséissance absolue aux ordres du parti et souligne l’importance de la solidarité entre les membres. Il propose de «préparer un scénario de révolution comme si on faisait un film», avec «une stratégie et des tactiques adaptées aux conditions particulières du Japon».
Quarante-huit heures après l’annonce de l’arrestation de membres présumés de l’Armée rouge japonaise, les mesures de sécurité ont été renforcées autour de l’ambassade du Japon à Beyrouth, Tokyo redoutant des actions terroristes. Les autorités judiciaires et sécuritaires libanaises se muraient, quant à elles, dans un silence total, refusant de donner le moindre...