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Actualités - ANALYSE

La crise intérieure branchée sur la situation régionale

Menacer d’un nouveau 6 février 1984, c’est lancer le bouchon un peu trop loin, disent des loyalistes de tendance gouvernementale. Le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr, inlassable conciliateur, a tenté d’arrondir les angles, en interprétant les déclarations de M. Berry non comme une menace mais comme une «évocation»... Mais ce genre de «nostalgie» berriyiste n’est pas du tout du goût d’un autre ministre influent qui trouve que la coupe déborde. On a laissé le leader d’«Amal» se répandre en accusations de concussion contre la troïka sans lui demander de s’expliquer, de donner ses preuves en justice devant une commission parlementaire. Et maintenant les surenchères atteignent un paroxysme presque sans précédent».
Des politiciens moins engagés estiment quand même de leur côté qu’on ne peut «faire comme si de rien n’était». Ils affirment que la crise intérieure, même avec la pause sur le front des Maramel dans la banlieue-sud, «reste trop grave pour qu’on ne réalise pas qu’elle est, encore une fois, branchée sur la situation régionale actuellement bloquée. La confusion interne est telle qu’on ne distingue plus le fil noir du fil blanc, le bon grain de l’ivraie. C’est comme si tout était fait pour obliger les décideurs à sortir de leur prudente réserve, pour arbitrer d’une manière décisive le nouveau conflit entre dirigeants libanais. Il n’est pas exclu qu’on cherche à les embarrasser en les impliquant ouvertement dans les incroyables complications locales. C’est ce que donne en effet à penser le fait patent que chaque semaine on invente sur place un nouveau sujet de dispute entre les présidents, entre les pouvoirs et entre diverses fractions politiques».
«Parallèlement, poursuit cette source, profitant de l’«arrêt sur image» des Syriens, dont l’attention est par la force des choses tout entière braquées sur Netanyahu, Albright et consorts, des parties locales manœuvrent fébrilement pour modifier en leur faveur les rapports de force ou plutôt d’influence sur le plan local».
De son côté un politicien de l’Est (donc présentement inactif) voit dans ces développements «l’effet pervers, insidieux, de l’abandon du pouvoir de décision. Pourquoi voulez-vous que nos dirigeants se préoccupent du péril israélien, et mettent leurs querelles de côté pour l’affronter, quand ils se sont pratiquement déchargés de toute responsabilité ou presque à cet égard comme à tant d’autres».
Et de revenir aux thèmes d’actualité pour affirmer que «le gouvernement s’enferre dans des dilemmes là où personne ne lui avait rien demandé. Pourquoi avoir pris le taureau par les cornes à Ouzaï, pour le relâcher aussitôt. Pourquoi confirmer qu’il ne fera pas appliquer la loi par la contrainte physique (et par quel autre moyen y parvenir lorsqu’il y a rébellion ouverte?) alors qu’ailleurs il n’a pas hésité à user du bâton, parfois, comme il le reconnaît lui-même, d’une façon illégale et abusive... Y a-t-il meilleure confirmation de la discrimination, de l’inégalité, du déséquilibre que ce système engendre à dessein et favorise, au mépris de l’entente nationale...»
Et de souligner qu’il n’y a pas «d’Etat de droit quand les responsables estiment qu’il leur faut interpréter la loi à leur convenance politique et non l’appliquer. Pourquoi ont-ils peur dans des régions déterminées et se montrent féroces dans d’autres? Pourquoi font-ils la chasse aux sorcières à des pôles locaux qu’ils accusent avec une mauvaise foi absolue de tenter d’attirer des dissensions explosives, et ne trouvent-ils rien à redire aux menaces de guerre domestique renouvelée lancée par l’un de leurs partenaires même? Quel séisme n’aurait-il pas frappé nos régions si l’un de nous avait proféré la moitié des accusations ou des menaces lancées par le chef du Législatif. Un officiel qui en outre au lieu de défendre l’Etat et ses droits se range aux côtés de l’illégalité...»
Ph.A-A.
Menacer d’un nouveau 6 février 1984, c’est lancer le bouchon un peu trop loin, disent des loyalistes de tendance gouvernementale. Le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr, inlassable conciliateur, a tenté d’arrondir les angles, en interprétant les déclarations de M. Berry non comme une menace mais comme une «évocation»... Mais ce genre de «nostalgie» berriyiste...