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Actualités - CHRONOLOGIE

L'affaire des arrestations entourée d'un black-out total L'armée rouge japonaise décapitée au Liban (photos)

Vingt-quatre heures après l’annonce de l’arrestation de plusieurs membres présumés de l’Armée rouge japonaise dans différentes régions du Liban, le flou le plus total continue d’entourer cette affaire. Les responsables libanais sont avares de détails mais si l’appartenance des personnes arrêtées est confirmée, cela veut dire que l’Armée rouge japonaise aura été décapitée au Liban.
Malgré la confirmation officielle des arrestations, on ne connaît toujours pas l’identité des personnes appréhendées, ni la date ou le lieu de leur arrestation. On ne sait pas non plus comment et pourquoi les membres de l’organisation d’extrême-gauche ont été arrêtés à ce moment précis, alors que les services de sécurité savaient depuis des années qu’ils se trouvaient au Liban et qu’ils se déplaçaient sans être inquiétés le moins du monde.
Selon un ministre qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat, parmi les cinq Japonais arrêtés il y aurait Kozo Okamoto (49 ans), figure légendaire de l’organisation
emprisonné pendant 13 ans en Israël pour avoir participé à l’attentat de l’aéroport de Lod à Tel-Aviv en 1972. Une attaque qui avait fait 26 mots et 80 blessés.
Après plusieurs heures de silence complet autour de cette affaire, le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, a confirmé l’arrestation de ressortissants japonais. «Des Japonais suspectés d’appartenir à l’Armée rouge japonaise sont actuellement interrogés par des services de sécurité libanais sur leur éventuelle implication dans certains événements», a déclaré le ministre à la presse à sa sortie du palais Bustros. «Leur interrogatoire a commencé il y a quelques heures pour déterminer leur responsabilité dans ces crimes», a ajouté le chef de la diplomatie.

Faux passeports
De source bien informée, on précise que M. Boueiz a adressé une note au ministère de l’Intérieur lui demandant des informations au sujet des arrestations. Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a répondu que les suspects arrêtés étaient porteurs de faux passeports et que l’un d’eux était muni d’un titre de voyage chinois.
M. Boueiz a précisé que le procureur près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum «devrait annoncer une position à ce sujet».
Interrogé par «L’Orient-Le Jour», M. Addoum a refusé de donner des précisions sur cette affaire. Il a cependant confirmé qu’il avait reçu une délégation sécuritaire japonaise de trois personnes avec qui il s’est «entretenu sur l’Armée rouge japonaise». La réunion a duré 35 minutes et les responsables japonais ont quitté le Palais de justice sans faire de déclaration.
Cette affaire a été évoquée lors d’une réunion nocturne présidée par le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui en présence du premier ministre, M. Rafic Hariri, du ministre de l’Intérieur et du chef de la diplomatie.
Des complices
libanaises
Les bribes d’informations rassemblées tout au long de la journée d’hier ont permis de reconstituer le scénario suivant: les membres présumés de l’Armée rouge, soumis depuis un certain temps à une surveillance rapprochée, ont été arrêtés dans différentes régions du Liban. Deux des suspects ont été appréhendés au domicile de Palestiniens dans la Békaa, l’un à Jeb Jennine et l’autre à Bar Elias. Les trois autres ont été pris à Beyrouth.
Selon une source autorisée, Kozo Okamoto fait partie des personnes arrêtées. Selon des sources de services de renseignements, Okamoto a été vu pour la dernière fois dimanche dans la Békaa en compagnie d’amis du FPLP. Il n’a pas réapparu depuis.
Parmi les personnes appréhendées figurent deux Libanaises, complices présumées de l’Armée rouge japonaise, selon les mêmes sources.

Demandes d’extradition?

Le premier ministre japonais Ryutaro Hashimoto a de son côté confirmé hier que son pays avait été informé de l’arrestation de cinq ou six membres présumés de l’Armée rouge japonaise.
«Nous avons obtenu une telle information», a-t-il dit aux journalistes devant sa résidence. «Cinq ou six personnes (arrêtées) serait le chiffre approprié», a-t-il ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères, M. Yukihiko Ikeda, a de son côté expliqué lors d’une conférence de presse que le Japon tentait actuellement de vérifier l’identité de ces personnes.
«Nous sommes en train de coopérer avec le gouvernement libanais pour tenter de confirmer leur identité», a-t-il dit. «S’il est confirmé qu’ils sont des membres (de l’Armée rouge), nous demanderions (au Liban) de les remettre au Japon», a-t-il dit.
Plusieurs grands quotidiens ainsi que la chaîne de télévision publique NHK ont annoncé mardi la découverte la semaine dernière au Liban puis l’arrestation de cinq à six membres de l’Armée rouge japonaise, y compris Kozo Okamoto.
Quatre autres des personnes arrêtées seraient Kazuo Tohira, 44 ans, Hisashi Matsuda, 48 ans, Mariko Yamamoto, 56 ans, Masao Adachi, 57 ans, selon le Yomiuri Shimbun. L’Asahi Shimbun précise qu’une sixième personne a peut-être également été arrêtée mais ne précise pas son identité.
Les personnes arrêtées font partie de 13 membres de l’Armée rouge figurant sur une liste internationale de personnes recherchées, indique le quotidien Yomiuri.
A Beyrouth, le premier secrétaire à l’ambassade du Japon, M. Masauori Yagi, a indiqué que «plusieurs personnes de type japonais ont été arrêtées il y a quelques jours. Nous sommes en train de vérifier leurs identités avec les autorités libanaises, mais nous n’avons pas encore de confirmation définitive de qui est qui».
M. Yagi a précisé que Tokyo entendait demander l’extradition des personnes arrêtées si leur appartenance à l’Armée rouge japonaise était prouvée et s’il s’avérait «qu’elles ont violé les lois japonaises».
«S’il se confirme qu’il s’agit bien de ces membres de l’Armée rouge, ce sera une très bonne nouvelle pour le peuple et le gouvernement japonais», a commenté M. Yagi.
«Les autorités japonaises recherchent ces personnes depuis des années. Elles prennent cette affaire très au sérieux, surtout avec l’affaire du Pérou (prise d’otages depuis plus de deux mois à la résidence de l’ambassadeur japonais à Lima)», a estimé le diplomate.
Lundi, l’ambassadeur du Japon à Beyrouth, M. Yazujji Ishikagi, avait eu un entretien, dont rien n’avait filtré, avec le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, M. Zafer el-Hassan.

Un «développement
positif», selon Jones
L’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth, M. Richard Jones, a estimé hier que l’arrestation au Liban de membres présumés de l’Armée rouge japonaise constituerait un «développement très positif» si leur appartenance à ce groupe terroriste était confirmée.
«Il y a eu un temps où l’Armée rouge japonaise était une organisation terroriste très importante. Nous avions périodiquement des rapports sur sa présence au Liban sans aucune preuve tangible», a-t-il déclaré à la presse.
«Si l’appartenance des suspects arrêtés était confirmée, il s’agirait d’une preuve formelle et constituerait un excellent exemple de l’amélioration du climat de sécurité au Liban et un développement très positif», a-t-il dit.
Vingt-quatre heures après l’annonce de l’arrestation de plusieurs membres présumés de l’Armée rouge japonaise dans différentes régions du Liban, le flou le plus total continue d’entourer cette affaire. Les responsables libanais sont avares de détails mais si l’appartenance des personnes arrêtées est confirmée, cela veut dire que l’Armée rouge japonaise aura été...