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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Prenant le parti des habitants de Hay El-maramel dans le secteur de travail d'Elyssar Berry met en garde contre un nouveau 6 février Le conseil central de sécurité se réunira aujourd'hui pour examiner le problème des évacuations dans la Banlieue sud de Beyrouth

Il semble que le problème qui s’était posé pour Solidere lors de l’évacuation des quartiers du centre-ville (des sommes énormes avaient dû être versées à titre d’indemnités non seulement aux déplacés mais à plusieurs centaines de squatters) se pose aujourd’hui pour «Elyssar», la société foncière en charge du réaménagement de la banlieue-sud de Beyrouth: les habitants de la région refusent de quitter les lieux avant d’être «correctement» indemnisés. Des contacts au plus haut niveau ont été entrepris hier pour éviter que la polémique autour de l’évacuation de Hay el-Maramel, à Ouzaï, dans la banlieue-sud ne dégénère.
Ils se concrétiseront aujourd’hui par la tenue d’une réunion du Conseil central de sécurité, qui doit proposer une issue à ce problème.
Cette polémique a atteint une telle ampleur après le recours aux forces de l’ordre pour l’exécution, aujourd’hui, des ordres d’évacuation, qu’elle risque d’entraîner une nouvelle crise politique entre le chef du Parlement, M. Nabih Berry, qui s’est solidarisé hier avec les habitants du quartier et le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, prometteur du projet de réaménagement de la banlieue-sud de Beyrouth.
Prenant sans ambages le parti des habitants de la région, le président de la Chambre a mis en garde contre un nouveau «6 février» (l’affrontement de 1984 entre Amal et l’armée). M. Berry s’en est pris aussi à ceux qui «misent sur un conflit entre Amal et le Hezbollah pour faire aboutir leur projet».
La menace à peine voilée du chef du Législatif est intervenue près de 24h avant la date fixée pour l’exécution des ordres d’évacuation, ce matin à Ouzaï. Sur décision d’«Elyssar», 28 locaux (selon la société foncière et 125 selon le député Ali el-Khalil, proche d’Amal) doivent être évacués aujourd’hui.

«Ils doivent apprendre
la leçon»

«Le «6 février» ne remonte pas à loin. «Ils» doivent tous apprendre la leçon et je crois qu’«ils» l’ont apprise», a déclaré M. Berry qui n’en a pas moins mis en garde contre toute tentative de «semer la discorde entre le peuple et les forces de l’ordre». Et d’affirmer dans ce cadre: «Lorsqu’«ils» essaieront d’évacuer une demeure avant d’assurer un substitut ou de verser à ses habitants des indemnités leur permettant d’acquérir une nouvelle habitation, ce sera moi qui descendrai dans la rue pour défendre le droit de chacun».
M. Berry s’est exprimé ainsi devant une délégation populaire de Hay el-Maramel, le quartier qu’«Elyssar» souhaite évacuer pour pouvoir poursuivre le percement du tronçon de route allant de la Cité Sportive jusqu’à l’AIB en passant par le palais Riyad el-Solh et Hay el-Maramel, dans la banlieue-sud de la capitale. La délégation s’est plainte de ce que les équipes d’«Elyssar» veulent détruire les propriétés avant d’indemniser les occupants.

«Pas de concessions»

Le chef du Législatif a insisté à plusieurs reprises sur le fait que les forces de l’ordre sont issues du peuple.
Puis tout en affirmant qu’il est en faveur du réaménagement de la banlieue-sud de la capitale, M. Berry a souligné qu’«il n’est pas question d’accepter un changement de l’accord sur base duquel «Elyssar» avait été fondé».
En vertu de cet accord, les habitants du périmètre de l’AIB bénéficieront d’un local en échange de celui qu’ils seront contraints d’évacuer. Après avoir rappelé les termes de cet accord, M. Berry a souligné qu’au cas où, pour des raisons déterminées, il n’est pas possible de les honorer, «il faudra que les indemnités versées soient suffisantes pour permettre aux gens d’acheter une nouvelle maison ou un nouvel établissement». «Et qu’on sache, a-t-il enchaîné, que toute la force du monde ne pourra nous amener à accepter que nos frères soient victimes d’une seule injustice».
Toujours sur le ton de la menace, M. Berry a poursuivi: «Que personne ne songe aussi un instant qu’il pourra profiter de cette affaire pour provoquer un conflit entre Amal et le Hezbollah. Car, dès qu’il s’agit d’une affaire sociale ou d’une agression israélienne, je deviens en même temps le chef du «mouvement» et du «parti» ou même un élément d’Amal et du Hezbollah. Que personne ne mise sur un tel conflit. Tous les postes du monde ne vaudront pas une justice commise à l’encontre de notre peuple».

«Une juste
indemnisation»

Pour lui, il est indispensable que les indemnités envisagées soient «justes». «Les demeures et les établissements de commerce ne sont pas seulement une superficie qu’on mesure», a-t-il déclaré estimant que la région d’Ouzaï «doit être le poumon de la banlieue-sud tout comme Ras-Beyrouth est celui de la capitale». «C’est à partir de ce secteur qu’on avait pu provoquer le départ du bâtiment de guerre «New Jersey» et c’est ce secteur qui a contribué à la réussite du «6 février», a-t-il encore fait valoir avant de lancer: «Ils doivent réaliser que c’est le peuple qui leur a permis d’accéder au pouvoir», dans ce qui semble être une allusion au gouvernement.
Selon des sources proches de la société foncière, il était convenu d’assurer aux ayants-droit des demeures en contrepartie de celles qu’ils possèdent. Mais lorsqu’il a été question d’accélérer les travaux de percement de la nouvelle route de l’AIB qui s’inscrit dans le prolongement du «périphérique», il a été décidé de verser aux habitants des lieux des indemnités équivalentes à la valeur de leurs propriétés.
«Elyssar» avait alors effectué deux estimations de terrains qui ont été toutefois rejetées par les personnes intéressées. Sur base de la deuxième estimation, le m2 d’un appartement ou d’un établissement de commerce devait être payé entre 150 et 300 dollars suivant les caractéristiues de chaque local. M. Ali el-Khalil, député d’«Amal», nous a expliqué en soirée que les parties concernées ont estimé que ces chiffres restent en-deçà de la valeur réelle des terrains et les pourparlers se sont arrêtés à ce niveau. Il y a une vingtaine de jours, a-t-il ajouté, «Elyssar» avait décidé d’évacuer le quartier pour poursuivre son projet d’infrastructure et avait sollicité pour cela l’aide des forces de l’ordre.
Selon M. el-Khalil, qui était le représentant d’«Amal» au sein d’«Elyssar» avant son élection à la Chambre, les habitants de Hay el-Maramel se sont installés depuis une vingtaine d’années dans cette région. Il s’agit, pour la plupart, de déplacés qui ont exploité des terrains vagues pour avoir un pied-à-terre et qui ont fini par former un agglomérat. Mais selon des sources proches de la société foncière, des squatters ont commencé à affluer vers Ouzaï pour se joindre au groupe de protestataires.
Tout comme les habitants des lieux, le dépué a insisté sur la nécessité d’un lotissement des terrains avant qu’ils ne soient estimés.
Il a confirmé que des contacts ont été établis dans la journée entre M. Berry et le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, pour empêcher une mise en application des ordres d’évacuation. De sources proches du chef du Législatif, on apprend que M. Berry était également entré en contact avec le chef du gouvernement à Paris, pour obtenir un nouveau sursis. Décision devait être prise de convoquer une réunion du Conseil central de sécurité qui devra se pencher ce matin sur cette affaire, avant le retour de M. Hariri.
Mais les parties concernées qui ont transmis également leurs doléances au président du Conseil supérieur chiite, cheikh Mohamed Chamseddine, affirment rejeter toute concession. Dans un communiqué qu’ils ont publié samedi, ils ont souligné qu’ils refusent toute «compensation matérielle». «Ce que nous voulons, c’est une maison en contrepartie de la nôtre et un établissement de commerce en contrepartie du nôtre», ont-ils indiqué.
Il semble que le problème qui s’était posé pour Solidere lors de l’évacuation des quartiers du centre-ville (des sommes énormes avaient dû être versées à titre d’indemnités non seulement aux déplacés mais à plusieurs centaines de squatters) se pose aujourd’hui pour «Elyssar», la société foncière en charge du réaménagement de la banlieue-sud de Beyrouth: les...