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Actualités - CHRONOLOGIE

A l'auditorium de l'UL (Sin El Fil) Victor Bunin : cette touche russe... (photo)

Présenté par le Conservatoire national à l’auditorium de l’U.L. (Sin el-Fil), Victor Bunin est un pianiste que de nombreux mélomanes connaissent pour l’avoir entendu sur les scènes beyrouthines. Pas de compositeur russe au programme mais la touche si particulière de l’école russe transparaît comme un éclat de diamant dur dans l’interprétation des œuvres choisies par ce maître du clavier. Au menu de la soirée des partitions pleines de finesse, d’emportement, de nuance, de sentiment, et qui requièrent bien entendu technicité et bravoure: Chopin, Debussy, Ravel.
Chargés de rêveries vaporeuses et mélancoliques, graves et méditatives étaient les deux «Nocturnes» op 55 de Chopin. Avec des moments scintillants et des grappes de notes en cascades rappelant le murmure d’une foulée de feuilles mortes automnale frissonnant devant la menace d’un vent fou... Avec les quatre mouvements de la «sonate op 58» de Chopin, l’atmosphère était toujours à l’angoisse enfiévrée, tempérée toutefois par des moments d’accalmie sereine comme une éclaircie en pleine tempête...
Puissante, longue, tourmentée, habitée d’un souffle romantique échevelé, cette œuvre a des miroitements secrets qui laissent l’auditeur à bout de souffle, surtout quand un excellent pianiste de la trempe de Victor Bunin lui donne toute son ampleur, sa majesté et ses subtiles nuances que lui apporte un compositeur à l’âme d’écorché vif... Après l’entracte, un univers sonore bien différent (mais dans la lignée d’une musique tout aussi riche et inventive) avec une série d’images à la fois somptueuses et regorgeant de vie de Debussy. Images qui contiennent les lumineux «Reflets dans l’eau» et le noble «Hommage à Rameau». Ecrit en 1908, «Gaspard de la nuit» est inspiré des poèmes d’Aloysius Bertrand. Il renferme trois pièces ciselées comme d’authentiques bijoux: la transparente «Ondine», le «Gibet» aux harmonies étranges soutenues par une pédale lancinante et surtout «Scarbo» qui dépeint le nain difforme tel un Quasimodo pirouettant sur un pied! «Scarbo» est sans doute une des partitions pour piano les plus difficiles qui soient, car la virtuosité demeure soumise à la recherche de la couleur et de l’expression.
Le public a réservé une ovation triomphale à Victor Bunin, et ne s’est guère trompé sur l’étendue d’un talent généreusement mis à son service... Pour le rappel, bien malicieusement, Victor Bunin a interprété l’«Ondine» de Debussy comme pour permettre le jeu des comparaisons... Savoureux clin d’œil au public qui a gratifié le pianiste d’un nouveau tonnerre d’applaudissements.

Edgar DAVIDIAN
Présenté par le Conservatoire national à l’auditorium de l’U.L. (Sin el-Fil), Victor Bunin est un pianiste que de nombreux mélomanes connaissent pour l’avoir entendu sur les scènes beyrouthines. Pas de compositeur russe au programme mais la touche si particulière de l’école russe transparaît comme un éclat de diamant dur dans l’interprétation des œuvres choisies...