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Actualités - OPINION

Pour la Saint-Maroc

En cette fête de la Saint-Maron, il me paraît naturel de faire, au sujet de notre communauté maronite, deux réflexions: l’une politique, l’autre sociale.
Sur le plan politique, nous avons le droit et même le devoir de nous défendre contre ceux qui nous accusent d’on ne sait quel «maronitisme politique». Accusation vague, répétée, qui se propage et qui est devenue familière, alors qu’elle correspond à une véritable perfidie.
Il y a le chiisme politique, le sunnisme politique, le druzisme politique, mais si, en mettant en cause le «maronitisme politique«, on entend supprimer la part de pouvoir reconnue aux chrétiens libanais et en particulier aux maronites dans les affaires de l’Etat, alors il faut crier très haut qu’on risque de faire perdre au Liban tout entier son caractère pluraliste, sa vocation humaniste et sa raison d’être. Et il serait vain de prétendre garantir après cela l’indépendance de l’Etat puisque l’Etat aurait perdu ses seules vraies frontières qui sont les frontières de la liberté.
C’est grâce à la participation chrétienne et maronite au pouvoir que le Liban est le seul pays du Proche et du Moyen-Orient qui n’assigne aucune religion déterminée à l’Etat; le seul dont la Constitution garantisse — jusqu’à présent —, d’une façon absolue, la liberté de conscience; le seul qui ait adopté sans réserve la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Ce qu’on appelle la «prédominance chrétienne» dans l’exercice du pouvoir au Liban se traduit en réalité par le privilège, non des maronites, mais de tous les Libanais, de se placer à l’avant-garde de tous leurs voisins dans le respect de l’homme, de sa vocation spirituelle et temporelle, et d’être, eux-mêmes, les partisans et les artisans du seul «progressisme» qui tende à un authentique et lumineux progrès.

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Mais c’est aux maronites eux-mêmes que je voudrais dédier les réflexions sociales que voici: les effroyables guerres successives que nous avons subies et qui ont fait tant de victimes laissent l’impression d’une monstrueuse loterie où certains, ayant tout perdu, auraient tiré un mauvais numéro, tandis que d’autres auraient eu la chance d’un numéro meilleur. Or, non seulement sur le plan de la justice et de la charité, mais aussi sur celui des lois élémentaires de la vie en commun, le principe d’une certaine égalité des sacrifices est reconnu et appliqué. Il ne s’agit pas d’une simple préoccupation de bienfaisance. Il s’agit de faire de l’ensemble des maronites (et finalement de l’ensemble des citoyens) une unité vivante, capable d’affronter les risques de désunion ou de désagrégation, capable ainsi de saisir les circonstances favorables qui peuvent se présenter à nous dans le Moyen-Orient et dans le monde pour servir notre propre cause.
Je suis loin de réduire la valeur morale et matérielle des initiatives maronites faites pour réduire la détresse des plus malheureux, des manifestations de charité qui vont des dons d’argent au don de soi et au sacrifice même de la vie pour les autres. Mais la question qui se pose cependant est de savoir si un tel mouvement ne doit pas être sans cesse plus étendu, plus structuré, englobant tous les maronites (clercs et laïcs) du Liban et d’outre-mer, pour faire de la maronité une communauté exemplaire, une communion inébranlable, indestructible comme l’Eglise, d’abord persécutée puis triomphante, des premiers temps.
En cette fête de la Saint-Maron, il me paraît naturel de faire, au sujet de notre communauté maronite, deux réflexions: l’une politique, l’autre sociale.Sur le plan politique, nous avons le droit et même le devoir de nous défendre contre ceux qui nous accusent d’on ne sait quel «maronitisme politique». Accusation vague, répétée, qui se propage et qui est devenue...