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Actualités - CHRONOLOGIE

Abdalla Bucaram proclame l'état d'urgence, ses deux rivaux l'ignorent et l'armée affiche sa neutralité Confusion politique totale en équateur(photo)

QUITO, 7 Février (AFP, Reuter). — L’Equateur s’est retrouvé vendredi dans une confusion politique totale avec trois présidents — dont l’un, destitué, a proclamé l’état d’urgence — et une armée refusant de s’ingérer dans une crise entrée dans l’impasse, tout dialogue entre les protagonistes paraissant impossible.
«Toutes les garanties constitutionnelles des citoyens ont été suspendues, a annoncé le président Abdalla Bucaram dans une déclaration aux journalistes réunis dans le palais présidentiel. Ces mesures visent à garantir la tranquillité du pays et à sauvegarder la démocratie», a ajouté le général.
Cette décision intervient, notent les observateurs, au milieu d’une série de décrets signés par les deux autres «présidents» équatoriens revendiquant chacun leur «légitimité».
M. Bucaram avait rejeté sa destitution par le Congrès jeudi soir, la qualifiant de «tentative de coup d’Etat».
L’armée avait annoncé, après de longues heures d’incertitude, sa neutralité et avait invité les trois «présidents» à se mettre d’accord.
Les deux autres sont Fabian Alarcon, président du Congrès, élu par l’Assemblée à succéder pour un an à M. Bucaram, et l’autre Rosalia Arteaga, vice-présidente qui s’était autoproclamée présidente.
Le président Bucaram, destitué jeudi par le Congrès, avait invité vendredi les dirigeants des pouvoirs législatif et judiciaire au dialogue, ce qu’a refusé son adversaire, le président du Congrès Fabian Alarcon, qui estime n’avoir «rien à négocier».
La crise politique avait débuté jeudi avec la destitution pour «démence», au deuxième jour d’une grève générale dirigée contre lui, de l’excentrique et controversé président Bucaram, élu en juillet, et qui avait déclaré récemment: «Je suis un fou».
L’opposition, estimant que cela suffisait pour justifier la destitution de M. Bucaram sans avoir à le soumettre à un examen médical, a voté à la majorité simple cette destitution et le remplacement dans la foulée par le président du Congrès, Fabian Alarcon.

La neutralité
des militaires

Furieuse, la vice-présidente équatorienne, Rosalia Arteaga, s’est alors proclamée par décret présidente constitutionnelle du pays et a commencé à prendre d’autres décrets.
Le chef des forces armées, le général Paco Moncayo, a proclamé la neutralité des militaires face à ce «grave» problème et demandé aux trois prétendants de se réunir «au sommet» pour trouver une solution.
Rosalia Arteaga a pour sa part invité elle aussi au dialogue en annonçant une consultation populaire, sans fournir plus de précisions.
Vendredi, les Equatoriens se sont donc réveillés, perplexes, avec trois présidents sur les bras, chacun plus déterminé que l’autre à diriger ce pays de 11,7 millions d’habitants.
A Quito, le calme est revenu, les transports publics fonctionnaient à nouveau, tout comme l’électricité. «Trois présidents?», «Trois présidents pour un fauteuil», titraient les journaux Hoy et El Comercio.
Dix-huit ans après être rentrée dans ses casernes, l’armée — à qui les «présidents» avaient multiplié la nuit dernière des appels pour qu’elle les légitime et prenne position en leur faveur — s’est déclarée neutre et leur a demandé de «régler ça entre eux».

Appel US à la retenue

«Si nous savions avec certitude qui parmi eux représente la Constitution dans toute sa majesté, nous n’hésiterions pas à le soutenir», a déclaré laconique le chef des forces armées, le général Paco Moncayo.
«Nous ne sommes pas un tribunal de la démocratie», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse entouré de son état-major, précisant que «le seul fait de dire notre préférence serait une attitude antidémocratique».
Le ministre de la Défense du cabinet Bucaram, le général Vicor Vayas, a renchéri en déclarant que l’armée était «apolitique» et renouvelé ses encouragements aux trois présidents pour qu’ils se mettent d’accord.
Le président destitué était pour sa part toujours retranché dans le vieux palais présidentiel qu’il a boudé pendant ses six mois à la tête de l’Etat parce qu’il avait peur des «fantômes» qui, selon lui, arpentent les couloirs et salles.
Les Etats-Unis ont de nouveau appelé vendredi «à la retenue». «La Constitution équatorienne doit être respectée», a dit le porte-parole du département d’Etat Nicholas Burns, précisant que Washington soutenait l’initiative du secrétaire général de l’OEA (Organisation des Etats américains) Cesar Gaviria, invité à Quito pour observer la situation.
M. Bucaram, 45 ans, surnommé «El Loco» (le fou) par ses ennemis politiques, est une personnalité haute en couleur, déterminé à gérer l’Equateur d’une main de fer et réputé pour ses extravagances, passions et sautes d’humeur.
Fils d’un commerçant d’origine libanaise et d’une Equatorienne, marié et père de quatre fils, il fut champion équatorien junior du 100 m. et a entamé autrefois une carrière de chanteur.
Dynamique et agressif, il s’est autoproclamé président des pauvres et ennemi des oligarchies, tout en reconnaissant être à la tête d’une fortune de 2 millions de dollars.
QUITO, 7 Février (AFP, Reuter). — L’Equateur s’est retrouvé vendredi dans une confusion politique totale avec trois présidents — dont l’un, destitué, a proclamé l’état d’urgence — et une armée refusant de s’ingérer dans une crise entrée dans l’impasse, tout dialogue entre les protagonistes paraissant impossible.«Toutes les garanties constitutionnelles des...