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Actualités - CHRONOLOGIE

Avertissement de l'armée turque aux islamistes : attention aux dérivés antilaïques

L’armée turque a lancé hier aux islamistes un clair avertissement contre toute dérive antilaïque, en faisant parader des blindés dans une localité dirigée par eux, théâtre vendredi dernier d’une «soirée pour Jérusalem» qui a causé une tempête dans le pays.
Vingt chars, 15 engins blindés et d’autres véhicules militaires, stationnés sur une base militaire proche, ont emprunté la rue principale de Sincan (banlieue d’Ankara), en route vers une autre base de la région pour des manœuvres.
Cette démonstration de force survient alors que la colère des milieux prolaïcs est à son comble à la suite de la «soirée pour Jérusalem», lors de laquelle l’ambassadeur d’Iran en Turquie avait fait des déclarations procharia, sous les portraits de leaders du Hezbollah et du Hamas.
«C’est un clair message de l’armée à l’adresse des extrémistes religieux. L’armée dit: «Nous sommes là», a estimé un analyste politique.
«L’armée turque n’oublie jamais son rôle de gardienne de la République laïque», a déclaré un autre analyste.
L’ambassadeur d’Iran, Mohammad Reza Bagheri, avait déclaré que «la victoire appartiendra à l’islam dans le monde entier». Les partisans de la charia «ne doivent pas avoir peur d’être appelés «fondamentalistes» par d’autres», avait-il ajouté.
M. Bagheri s’est vu remettre une note de protestation lundi soir au ministère des Affaires étrangères.
Mardi, l’ex-premier ministre Bulent Ecevit, chef du Parti de la Gauche démocratique (DSP), qui avait réclamé l’expulsion immédiate de M. Bagheri, a annoncé le dépôt prochain à l’Assemblée d’une motion de censure contre le gouvernement.

Un climat
politique alourdi

La veille, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) avait manifesté en signe de protestation dans les rues de Sincan.
L’incident de Sincan est venu alourdir encore le climat politique en Turquie, où la coalition entre le Parti islamiste de la Prospérité (Refah) du premier ministre Necmettin Erbakan et celui de la Juste Voie (DYP, droite) du ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller est critiquée de toutes parts.
Les milieux prolaïcs sont sur la défensive devant une série d’initiatives jugées «antilaïques», prises depuis le début de l’actuel mois de Ramadan par le Refah.
Ainsi, M. Erbakan a invité à un repas d’iftar (rupture du jeûne pendant le Ramadan), à la résidence officielle du premier ministre, les chefs de plusieurs confréries islamistes, en principe interdites par la loi.
Le Refah a préparé un projet de loi autorisant le port du foulard islamique dans les universités et le secteur public, actuellement interdit selon les principes laïcs édictés par le fondateur de la République, Mustafa Kemal Ataturk.
Le parti de M. Erbakan a également mis à son ordre du jour la construction de mosquées sur la place Taksim d’Istanbul et dans le quartier de Cankaya à Ankara, deux emplacements symbolisant la Turquie moderne.
Les éditorialistes sont en général perplexes quant aux intentions réelles du Refah, qui ressort ainsi certains de ses thèmes électoraux les plus militants, mis en veilleuse au nom du réalisme lors de son accession au pouvoir en juin dernier. Il avait alors signé avec le DYP un protocole de coalition déclarant explicitement qu’il respecterait les principes laïcs.
Certains ont estimé qu’il jouait un jeu dangereux susceptible de mener à un coup d’Etat. La Turquie a connu trois interventions militaires dans son histoire récente, en 1960, 1971 et 1980, toutes justifiées par «la défense de l’Etat menacé de destruction».
L’armée turque a lancé hier aux islamistes un clair avertissement contre toute dérive antilaïque, en faisant parader des blindés dans une localité dirigée par eux, théâtre vendredi dernier d’une «soirée pour Jérusalem» qui a causé une tempête dans le pays.Vingt chars, 15 engins blindés et d’autres véhicules militaires, stationnés sur une base militaire proche,...