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Actualités - CHRONOLOGIE

Milosévic cède à la pression de la rue

Le président serbe Slobodan Milosevic a cédé hier, après 77 jours de crise, à la pression de la rue et de la communauté internationale mais l’opposition demeurait mobilisée
Ce revirement est intervenu au lendemain d’une vive condamnation à l’étranger de la Serbie, après deux jours de violences policières dénoncées par Washington mais aussi par Moscou, le plus fidèle allié de Belgrade.
Dans une lettre au premier ministre serbe Mirko Marjanovic, M. Milosevic a demandé que le gouvernement soumette au Parlement «un projet de loi spéciale proclamant définitifs» les résultats des municipales «conformément aux conclusions de la mission de l’OSCE».
Une mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, conduite par l’ancien premier ministre espagnol, Felipe Gonzalez, a constaté le 27 décembre que l’opposition l’avait emporté dans 14 villes serbes, dont Belgrade. Jusqu’à présent, le succès électoral de l’opposition n’a pas été contesté par le pouvoir dans seulement six de ces villes.
M. Milosevic reconnaît dans sa lettre que la crise déclenchée par l’annulation de victoires de l’opposition a causé «un énorme préjudice au pays» et il estime que l’intérêt de l’Etat «dépasse de loin» celui de quelques sièges municipaux pour son parti.
«Il est grand temps de trancher l’affaire dans le cadre des plus hautes institutions de la République, le gouvernement et le Parlement», estime-t-il.
A la suite du non-respect des victoires de l’opposition, le régime serbe a été mis au ban de la communauté internationale et l’aide dont son économie a tant besoin a été gelée.
L’opposition a accueilli avec réserve la décision du président.
«C’est le moment ou jamais de reconnaître les résultats du 17 novembre et d’entamer un dialogue» sur l’accès de l’opposition aux médias et pour établir les responsabilités dans cette crise, a déclaré Vuk Draskovic, le président du Mouvement serbe de renouveau (SPO).

Insuffisant

Outre la reconnaissance de ses victoires, l’opposition réclame une libéralisation des médias, étroitement contrôlés par le pouvoir, dans la perspective des prochaines élections législatives et présidentielle prévues pour la fin de l’année en Serbie.
Un autre dirigeant de la coalition Ensemble, Zoran Djindjic, a été encore plus prudent.
Cette annonce «est un premier pas qui n’est pas suffisant», a-t-il déclaré lors du meeting quotidien de la coalition «Ensemble» dans le centre de Belgrade.
Dans la crainte d’une nouvelle manœuvre de Milosevic, l’opposition a d’ailleurs annoncé que ses manifestations se poursuivaient.
Depuis deux mois et demi, l’opposition serbe mène un mouvement de contestation sans précédent contre le régime qui lui a valu d’être reconnue par les Occidentaux et d’augmenter son audience à l’intérieur du pays gagné par la contestation sociale.
Le président Milosevic s’est retrouvé en revanche chaque jour plus isolé, lâché par bon nombre de ses anciens alliés comme l’influente église orthodoxe qui a longtemps soutenu sa ligne nationaliste.
La crise menaçait également la cohésion de son parti, dont plusieurs membres importants ont été exclus, pour avoir notamment soutenu la reconnaissance des victoires de l’opposition.
Les violences sans précédent exercées par les forces de l’ordre dimanche soir qui ont fait au moins 80 blessés semblent avoir été un tournant dans la crise en galvanisant la lutte de l’opposition, encouragée par la communauté internationale.
L’annonce de M. Milosevic est également intervenue le jour où Belgrade, une ville de deux millions d’habitants, s’est retrouvée théoriquement sans conseil municipal après l’expiration du mandat de ses anciens élus.
Le gouvernement serbe a toutefois estimé que l’actuel exécutif («gouvernement») de la municipalité pouvait encore rester en fonctions pendant un mois.
Le président serbe Slobodan Milosevic a cédé hier, après 77 jours de crise, à la pression de la rue et de la communauté internationale mais l’opposition demeurait mobilisée Ce revirement est intervenu au lendemain d’une vive condamnation à l’étranger de la Serbie, après deux jours de violences policières dénoncées par Washington mais aussi par Moscou, le plus fidèle...