Pour la musique, Nabil Azan a recours à Zad Moultaka (dont on connaît le talent de pianiste et de... peintre!) qui, comme lui, est installé à Paris. Dans une chorégraphie de Catherine Langlade, décor et costumes de Jacques David. Le lever de rideaux est prévu pour le premier février. De quoi s’agit-il? Nabil Azan présente son tout dernier travail:
«A chaque pleine lune, l’on vient se dire, raconter ce que l’on a vu ou vécu, là par la «route des mille chemins». Aujourd’hui, c’est le tour de Mung et Momo dont la vie et l’histoire se sont croisées dans un camion alors qu’on les emmenait dans un pays sans guerre. Et Mung et Momo de raconter comment leurs parents respectifs, pour les éloigner des dangers de la guerre, ont décidé de les confier à des voyageurs. Comment ces derniers les ont vendus sur le marché des esclaves. Comment ils ont vécu leur esclavage et comment ils ont fui, portés par leur désir l’un de construire un pont de pierres (Momo) et l’autre d’achever l’ouvrage que lui a légué sa grand-mère, la peau d’images (Mung)».
«C’est tout sur le plan de la fable, mais quelle fable! Racontée avec une simplicité biblique, dans une économie verbale extrême et un dénuement total de l’action, on pourrait se demander ce qui fait théâtre dans ce conte tout à la fois poétique, initiatique et tribal à deux voix interrompu par des scansions plus souvent phonétiques que verbales d’un groupe qui n’est pas sans rappeler le chœur antique.
«Et sur cette scène, l’on ne représente plus rien, l’on ne rappelle plus rien, l’on ne fait plus rien. L’on dit que la guerre est l’état naturel du monde, que l’unique combat qui vaille est d’y lutter, et que l’unique arme est l’Amour. Simplement. Et c’est splendide...»
«... Aussi, mettre en scène cette pièce exigeait de moi d’abord une redéfinition de l’acte théâtral. Il me fallait oublier les approches traditionnelles de la création d’un spectacle (recherche d’un théâtre parisien pour une série de 30 à 40 représentations, distribution des 9 «rôles» de la pièce, répétitions sur six à sept semaines, promotion publicitaire...), et c’est tout naturellement que j’ai pensé à la banlieue parisienne, une des cités nouvelles de préférence, pour donner son ancrage à la création de la pièce. C’est là, me semble-t-il, qu’une nouvelle communauté «jeune», pas très éloignée de celle de Mung et de Momo, est en train de se fonder. C’est là, dans le terreau même de «La Haine», que la parole d’amour de Danis peut le mieux résonner. C’est là, dans ces espaces incertains, que se jouerait la scène primitive du troisième millénaire...».
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