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Actualités - CHRONOLOGIE

Chef militaire des séparatistes et architecte des accords de paix Maskhadov élu président d'une Tchétchénie indépendante

La Tchétchénie s’est choisi pour président Aslan Maskhadov, chef militaire des séparatistes et architecte des accords de paix, qui a immédiatement appelé hier la Russie et les autres pays à reconnaître l’indépendance de la République caucasienne .
Aslan Maskhadov a remporté 68,9% des suffrages dès le premier tour de la présidentielle de lundi. Et le chef de la mission à Grozny de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Tim Guldimann, a déclaré que les élections, «équitables et démocratiques», représentaient «le libre choix de la population».
Le scrutin s’est déroulé sans incident notable et sous les yeux d’observateurs internationaux. La Tchétchénie se voit pour la première fois dotée d’un pouvoir légitime fort et incontestable.
La Tchétchénie «est un Etat indépendant et souverain depuis 1991 (date de la déclaration unilatérale d’indépendance). Il reste maintenant à faire en sorte que cette indépendance soit reconnue par tous, y compris la Russie, et ce par la voie diplomatique», a déclaré M. Maskhadov au cours d’une première conférence de presse présidentielle couverte par toute la presse internationale.
La petite république du Caucase a tenu tête pendant deux ans, et au prix de plus de 50.000 morts, à l’armée russe qui voulait remettre au pas la rébellion séparatiste. Elle entend définir rapidement ses relations avec la Russie.
«Le plus vite sera le mieux, cela dépend de la Russie», a déclaré M. Maskhadov. Il s’agit de définir des relations d’Etat à Etat et il n’est pas question d’accepter «moins que l’indépendance».
La Tchétchénie ne doit plus jamais «être victime des expériences permanentes de la Russie, être blanche quand la Russie est blanche, rouge quand elle est rouge», note-t-il dans un livre récemment publié.
Les accords de paix signés en août dernier avec le général Alexandre Lebed — alors secrétaire du Conseil de sécurité russe — laissent un délai de cinq ans pour élaborer les relations entre Moscou et la Tchétchénie.
Moscou fait le gros dos et présente cette clause comme maintenant la Tchétchénie au sein de la Fédération russe, mais les Tchétchènes ont chassé l’occupant et se considèrent de fait comme indépendants.

Un homme
de dialogue

«Certains cercles en Russie souhaitaient autre chose» que l’élection de Maskhadov, considéré comme un homme de dialogue et de paix. «Ils souhaitaient (une raison) pour poursuivre la confrontation», a expliqué le nouveau président. Ils auraient préféré la victoire du chef de guerre Chamyl Bassaïev, considéré comme un terroriste par Moscou, a-t-il laissé entendre.
Chamyl Bassaïev, favori des plus radicaux et des jeunes combattants, arrive second du scrutin mais loin du vainqueur. Maskhadov a laissé la porte ouverte à son ancien frère d’armes. «Nous avons fait la guerre ensemble, Chamyl reste le même pour moi et il peut travailler avec moi».
Chamyl Bassaïev, visiblement très déçu, peaufinait sa stratégie et a refusé de réagir dès mardi. Son chef de campagne, Aslambek Ismaïlov, a indiqué que «Bassaïev n’avait pas encore pris de décision», mais Bassaïev préfèrera sans doute se plier plutôt que d’offrir en cadeau à la Russie la discorde du peuple tchétchène.
«Pour l’instant, nous ne prévoyons pas de participer à un gouvernement. Mais nous ne contesterons pas les résultats. Le peuple ne veut pas de schisme. Il est fatigué et il ne faut pas donner de carte à la Russie», a-t-il déclaré.
Les partisans de Bassaïev espèrent une réconciliation. «Toute notre unité a voté pour Bassaïev. Mais le candidat qui a l’appui du peuple est notre président, il n’y a aucun doute», commente un combattant de 39 ans, Pakka Bantaliev.
De nombreux commandants militaires se sont dits prêts à suivre Maskhadov et se trouvaient derrière lui mardi pendant sa conférence.
Pour la Tchétchénie, Maskhadov représente une réelle chance de stabilisation en dépit de l’ampleur de la tâche qui l’attend. Car si cet ancien colonel de l’armée soviétique a dirigé toutes les opérations militaires des séparatistes et a mis les Russes à genoux en reprenant Grozny en août dernier, il est aussi un fervent défenseur de la paix, et, respecté de tous, est susceptible de réunifier le peuple tchétchène.
«Le plus important est aujourd’hui de rassurer le peuple après ce qu’il a enduré», a-t-il indiqué mardi ajoutant que tout serait «fait pour permettre à la population russe de Tchétchénie de vivre en paix» dans la république.
M. Maskhadov, légitimé par une élection libre et démocratique, va devoir s’atteler rapidement à la reconstruction de la république. Des routes aux usines, toutes les infrastructures ont été largement bombardées, l’industrie pétrolière, richesse nationale, doit être reconstruite.
Il faudra aussi trouver un accord avec la Russie pour assurer la sécurité du transit du pétrole russe venu de la mer Caspienne et fixer le prix de ce transit.


La Tchétchénie s’est choisi pour président Aslan Maskhadov, chef militaire des séparatistes et architecte des accords de paix, qui a immédiatement appelé hier la Russie et les autres pays à reconnaître l’indépendance de la République caucasienne .Aslan Maskhadov a remporté 68,9% des suffrages dès le premier tour de la présidentielle de lundi. Et le chef de la mission...